Cavalaire sur Mer
eudi 16 juillet 2009/ cap sur Cavalaire.
Nous quittons notre sympathique abri vers 11h au près serré, mer calme,beaucoup de brume qui s'estompe peu à peu. La côte que nous longeons est verdoyante et nous parle d'espace paisible. Voici le Fort de Bregançon (résidence officielle de vacances pour nos Présidents !). C'est une forteresse austère, que l'îlot (sur lequel elle est souveraine) protège de ses remparts. Sauvage et fier. Un bien bel endroit, qui a quelque chose de secret. Nous le contournons avec un peu d'étonnement.Emerveillement aussi.
Le vent tombe d'un coup. Moteur !
Jusqu'au Cap Bénat de jolies petites criques découpent l'épaisse végétation des rivages et ourlent la côte de sable doré. Corniche des Maures, c'est absolument magnifique. J'ai envie de chanter " à la claire fontaine "... Et d'ailleurs je chante, du coup Laurent aussi ! Bonne ambiance à bord !
Le cap Bénat dévoile l'immense baie de Cavalaire quasi déserte. Tout au fond, nous distinguons des taches blanches parfaitement alignées. Un champ de bouées (amarrages organisés) Totale séduction car là nous pouvons attendre le coup de vent annoncé en dormant sur nos six oreilles, (faut pas oublier les longues de Grignot-âge !)
Formule économique, 23,50 euros la nuit, ça nous va tout à fait bien.
Samedi 18 juillet 2009/ Tempête à Cavalaire.
Je ne dirai plus que les prévisions météo dramatisent leurs annonces par principe de précaution. Les vents annoncés 8 affichent 45 nœuds en moyenne et des rafales à 55 nœuds à l'anémomètre. Je voudrais pas vous affoler mais ça nous fait du 100 km/h ça.
Ça déferle sec sur le pont de LDM. À notre arrivée nous étions 3 au mouillage. Aujourd'hui le port affiche complet et dans notre champ de bouées les voiliers côte à côte dansent une drôle de sarabande.
- Dis Laurent, t'es certain que nos amarres vont pas péter ?
J'ai à peine fini ma phrase que notre voisin tribord d'un coup file nez de travers et en marche arrière. Les amarres, qu'il avait maladroitement passées en patte d'oie par l'étrave se sont cisaillées à force de frottements et tiraillements sauvages. Les agents du port qui veillaient au grain, ont vite rattrappé le navire et relogé sur sa bouée. Les équipiers cette fois ont doublé les amarres, deux de chaque côté de l'étrave.
Ce que tout bon marinier devrait faire systématiquement.
Le vent hurle et gronde, LDM donne de violents à-coups sur ses amarres.Par moment il donne l'impression de se cabrer comme un animal rétif.J'aime pas du tout.Nuit bien agitée. Tapage nocturne sans trêve ! Je ne résiste pas à la tentation de me lever juste avant le soleil, convaincue qu'il se passe d'étonnantes visions dans la baie. Faut pas que je rate ça !
Image d'une baie en folie. La mer est grise. L'écume argente les vagues qui se coursent et se bousculent dans l'anarchie la plus totale. Pas une lumière dans la ville. Gris, blanc, gris, tout est gris.
Dimanche 19 juillet 2009.
Changement de décor autour des bouées. La mer est devenue sage. Les plagistes sont ressortis de leurs abris. Les parasols rivalisent de couleurs et les engins de plage sillonnent toute la baie. Estivale mais trop habitée. Quelques courses de frais, fruits et légumes, un peu de viande, jambon.
Cavalaire ville ? Rien à dire sur Cavalaire. C'est une ville nouvelle, bord de mer, plage, bars et restos...C'est juste le paradis des fondus de la plage. C'est pas du tout notre cas.
Vite, cap sur les Lérins. Nous quittons le mouillage à la voile sans un bruit et en douceur. J'adore ça. Comme nous avons trop d'énergie (épatant les panneaux solaires) Laurent décide de passer en mode dessalinisation. Renouvellement de notre stock d'eau douce, vive l'eau de mer recyclée. Nous voilà de nouveau autonomes.
Je ne vous ai pas encore parlé de la manie de Laurent, vous savez celle de mettre sa ligne à trempette. Je ne l'avais pas jugé utile parce que c'est d'un intérêt mineur. La ligne donc se traîne langoureusement comme il se doit dans notre sillage ... Cap Lardier... Cap Taillat... Et vl'a t'y pas qu'au niveau du cap Camarat
alors que nous nous laissons gentiment bercer par une douce allure de largue, le moulinet est pris d'une belle envolée de ligne et d'une longue plainte qui siffle... Pendant pas loin d'une demi-heure, rude combat entre la ligne, un gros thon rouge et Laurent... Nous voilà avec plus de 5 kilos de poisson frais qui remplissent le frigo. J'en mets une bonne partie au sel. (ceux
qui veulent manger des acras de thon ou un aïoli au thon à l'automne,faites vous connaître !) Le reste (8 repas prévus) sera accomodé dans les jours qui viennent. Nous sommes très affairés à bord. Du coup je ne vois pas passer le cap de Saint Tropez. Nous allons bon train.
Le cap Roux finit d'aligner ses crêtes rouges. Nous avons nettoyé toutes les traces de pêche au thon, rempli le frigo et nous traversons la baie de la Napoule avec enthousiasme et en tirant des bords à 7 nœuds.
Salut Cannes, mais nous avons notre dose de vie citadine. Nous irons nous cacher entre les îles. Nous posons notre ancre, vers 19h dans 6m de fonds sable. Entre l'île Sainte Marguerite et l'île Saint Honorat. Une vaste étendue de mer émeraude qui donne envie de s'y plonger tout nu. La vie est belle à bord de LDM.
INTERDMEDE
- Allo, la Noiraude, c'est ton ami Grignot-âge !
- Oui, salut Grignot-âge, toujours en forme, y paraît que ça bastonne
dans ton coin.
- Oui, bof, juste un mauvais moment à passer. En vrai, j'ai d'autres soucis et beaucoup plus graves. Il y va de ma survie. Mes gentils navigateurs côtiers, viennent de se tranformer en brutes sanguinaires.
Ils ont harponné un royal thon aux belles couleurs brillantes, si tu les avais vus. Ils ont un immense couteau tout fin, un vrai carnage à bord. Quelle folie meurtrière les a pris ? Maintenant je suis mort de trouille et je ne sors plus de mon casier à casquettes. Je guette à travers les visières dès que l'un d'eux s'approche et je me fais tout petit. Tu crois que je vais subir le même sort ? Le plus effrayant, c'est qu'ils ne sont guère doués au jeu du couteau. Ils réussiront à m'occire mais après moult ratés de leurs canifs tremblants. AU SECOURS !
- Oh, du calme. Sors plutôt de ton casier. Ils ne sont ni fous, ni cruels. Avec eux, même les araignées sont domestiques. Il peut toutefois leur arriver de vouloir exterminer certaines espèces animales. Cas de légitime défense dirons-nous. Pour neutraliser le vandalisme des rats dans les greniers, pour lutter contre la voracité des fourmis ou des cafards qui dévalisent la nourriture ou pour se protéger des insectes suceurs de sang. Toi, n'as vraiment rien à craindre de tes deux équipiers. C'est dommage pour le beau thon rouge mais c'est un dangereux prédateur. Songe à toutes les petites espèces, sards, sardineaux et
maquereaux ainsi sauvés de la gueule féroce du thon. Tu imagines ce qu'un thon boulotte en une journée ! Tes gentils navigateurs côtiers oeuvrent pour la sauvegarde des petites âmes de la mer.
- Wouha ! Tu m'avais pas dit que j'étais à bord d'un voilier militant. Donc je fais partie d'un mouvement de lutte pour la survie et la promotion des petites espèces animales ou humaines. J'adoooore ! Merci la Noiraude ! J'ai toujours rêvé de militer pour une juste cause.