JARDIN DE FRANCE, C'EST TOURAINE... (Rabelais)
La transition entre Alsace et Touraine, se fera en douceur par le Jura.
Dôle, la capitale est une ville déconcertante posée entre le Doubs et la Loue.
Les flâneries le long des quais nous mènent obligatoirement à la maison natale de Louis Pasteur.
Mais nous ne manquerons pas la magnifique Collégiale Notre Dame (qui date du XVème) qui domine toute la ville. Quel beau pays, et que de bonnes gens. Une pause sensationnelle.
Voici venir les avenantes morvandaises. Imposantes, insouciantes, couleur caramel clair, elles paturent dans d'immenses prés. Les jeunes mères couchées sur le flanc ;
des jeunes veaux qui gambadent ; belles images de maternité apaisée.
Le petit camion se trouve lui aussi des envies de paturages, nous lui offrirons donc cette pause champêtre.
D'un village à l'autre des rubans de route complètement déserts. Prétextes à de jolis tours vélos d'une forêt à une prairie, d'une prairie à une forêt, en pentes douces.
Parfums de fougères humides, de fruits rouges et de sous-bois. C'est le lait qui doit sentir bon.
Balzac a beaucoup écrit sur le jardin de la France. Il clame la douceur du climat et l'art de vivre des Tourangeaux. Il se moque d'eux aussi très gentiment, en reprenant le célèbre dicton , et s'interroge :
" -Tourangeaux veux-tu de la soupe ? -- Oui. -- Apporte ton écuelle ! -- Je n'ai plus faim.
Est-ce la joie du vignoble, est-ce la douceur harmonieuse des plus beaux paysages de la Francce, est-ce la tranquillité d'un pays où jamais ne pénétrèrent les armes de l'étranger qu'est dû le mol abandon de ces faciles et douces moeurs ? À ces questions, nulles réponses. Allez dans cette Turquie de la France, vous y resterez paresseux, oisifs, heureux"
Ainsi va la Touraine...
A Villandry, c'est la force de la nature domestiquée, un peu, beaucoup, passionnément... on ne peut pas louper les jardins de l'amour.
Quatre carrés symboliques :
l'amour tendre (coeurs séparés par des petites flammes,
l'amour passionné (coeurs brisés qui dansent la farandole),
l'amour volage (ailes de papillons en billets doux pour la légèreté des sentiments mais aussi les cornes de l'amour trompé,
l'amour tragique (lames d'épée qui évoquent les duels et fleurs rouges du sang répandu.
Nous y voici donc, Laurent et moi, "paresseux, oisifs et heureux", au milieu de nos amis Tourangeaux.
- Dis Laurent, t'as remarqué que nos amis de Touraine, ils ne changent pas d'un poil...
- Bof, un peu quand même... non ?
- D'accord, quelques rides, quelques affaissements malheureux, quelques poils blancs. Mais ça, ce n'est pas important.
- Ah, bon, alors là, tu me rassures. Mais alors, c'est quoi qui change pas ?
- L'amitié forte, exprimée par la vivacité du regard, le sourire désarmant, et les mains tendues et le partage du temps et de l'espace. Et se retrouver toujours au fil des ans, avec le même enthousiasme. Tout ça quoi, qui fait la force de nos liens avec la Touraine.
La Touraine, c'est aussi une sympathique escale à Chinon, quel bonheur de déambuler encore dans cette ville idéalement aménagée pour le tourisme. Vous vous garez en haut du château et une navette gratuite vous dépose en ville.
Mais Chinon c'est aussi le Domaine de la Dozonnerie, les vallées basses.
Nous y rencontrerons la famille exceptionnelle de Jean François et nathalie DELALAY. Au bord de leur vignoble, ils mettent à notre disposition un bout de pré qui domine la ville de Chinon, espace dédié au camping-car fort bien aménagé. Ce sera une soirée barbecue inespérée. Quelle soirée extraordinaire.
Dans l'après-midi, nous avions goûté le vin de Jean François dans une joyeuse convivialité. Plus tard, il rejoindra le petit camion avec sa compagne, et une bouteille de rouge pour l'apéro... Partager du rire avec des inconnus sympas, ça se fait aussi en Touraine.
Allez rendre visiste à ces vignerons peu ordinaires. Leur vin est excellent et votre cave vous en remerciera.
- Dis Laurent, tu trouves pas qu'on devrait revenir vivre en Touraine ?
- Si, je crois que ça me plairait...
- Wouhaou ! Tu laisserais la petite maison de Velaux ?
- Bof, on peut trouver mieux pour moins cher au bord de l'Indre, du Cher ou de la Loire. Et on aurait plus de place...
- Oui, mais ça sert à rien de voir grand si les enfants et leurs petits sont à des années lumière de chez nous...
- Tu sais, je suis pas sûre que ce soit idéal. Nous avons des souvenirs heureux de Touraine, peut-être que ce serait mieux de pas y toucher.
- Ouhais, ??? ??? ???
Ambiance romantique, ambiance nostalgique, ambiance un peu feutrée à bord du petit camion. Chacun de nous deux rêve dans son quant à soi.... Un peu d'exotisme nous ferait du bien. L'idée de tirer un bord vers le marais poitevin nous séduit tous les deux. Un léger bord vers l'Ouest, cap Magné... Faut pas traîner, le temps devient maussade.
Ce sont les maraîchines aux belles robes fauves qui nous accueillent. Ici elles ne regardent pas passer les trains. Leur monde est aquatique, elles arrivent là, déposées par des barques... vous imaginez le transfert, d'une île à l'autre à travers les méandres des canaux.
L'averse prévue vers 14h, s'est déchaînée à 11h, mais notre enthousiasme reste intact. Et puis nos ponchos tout temps sont épatants. Même l'appareil photo de Laurent s'y lovera. Il est vrai que la faune du marais s'est planquée et se fait fort discrète. Cependant, le marais poitevin pour un tour de deux heures en barque avec batelier pour nous deux, c'est un luxe formidable, surtout sous la pluie. Nous avons adoré.