EN PASSANT PAR LA BELGIQUE

Mercredi 15 mai 2024

Retour en pays flamand. Nous reprenons l’autoroute dès notre entrée en territoire Belge. Les prairies changent d’allure. Les alignements d’éoliennes ont disparu, les fermes sont moins opulentes, les troupeaux plus modestes, mais la grisaille reste fidèle.

- Dis Laurent, pourquoi y’a des boîtes aux lettres grises sur l’autoroute ?

- C’est pas des boîtes aux lettres, c’est des radars !

Pas de doute, nous avons quitté Nederland.

GAND

À Gand (Gent), nous trouvons à nous garer le long du jardin des BeauxArts, à quelques pas de l’ accès au centre ville. C’est un bel endroit. La cité s’étale entre la Lisse et l’Escaut. Le centre historique a des allures de musée à ciel ouvert avec sa riche architecture flamande du XVIIè. Nous nous perdons dans de chouettes ruelles pavées comme partout dans ces villes du nord.

GAND

GAND

Nous cédons le passage à une horde d’étudiants en vélos, qui braillent des slogans et les brandissent en faveur de la paix. Nous les retrouvons un peu plus tard rassemblés autour du Centre Universitaire. Par petits groupes animés, une estrade encombrée. Des allures de mai 1968. C’est troublant.

A Gand, on remet les pendules à l'heure.

GAND

 

Cap sur BRUGES

A 30 km de la ville, nous trouvons un endroit de rêve pour la nuit. À l’intérieur d’un parc complètement ouvert sur une grande forêt. Dans une clairière une maison de retraite, dont la brasserie nous séduit. On s'isole dans ce paradis avec enthousiasme.

Sauf qu’on se fait déloger à 22h30. Paraît que c’est pas un parking autorisé… que Laurent avait pourtant  repéré sur son application comme ouvert au public.  On change donc de mouillage, en pleine nuit, sous une pluie diluvienne… Quand je vous parle de mouillage ! Le suivant est un peu hasardeux, au bord d’une ferme, le long d’un parc, d’une petite route discrète. Ça nous rappelle de bons souvenirs de navigation, ça nous rend euphoriques.

Le lendemain nous trouverons une place pour une nuit dans la périphérie de Bruges. Le soleil réapparaît. C’est le printemps de Bruges. On adore. Si Bruges est une ville riche en architecture, c’est aussi une ville très touristique. Nous déambulerons pendant des heures parce que c’est magnifique et qu'on ne s’en lasse pas. Cependant rien à voir avec les venelles intimes de Venise, l’animation des petits canaux enchevêtrés et des ponts dédiés aux amoureux.

BRUGES

A 50 km de Dunkerque, nous retrouvons l’ambiance familière de nos autoroutes. Multiplication des radars, encombrements aux échangeurs, resquilleurs dans les files… C’est la France quoi !

Pause à Esquelbecq une aire municipale dédiée, au bord de l’Yser, le long d’un club de tir à l’arc… en plein tournoi départemental. Donc environnés de gens paisibles en pleine compétition. Plein cadre sur leur "jardin d'Arc", notre vue du petit camion est imprenable.  Les archers et les archères, disposent de deux pylônes (perche) auto-portés d'environ 30 mètres de hauteur. Ils se pivotent vers la bas, pour permettre l'installation des cibles sur 7 niveaux au sommet de la perche.  Les cibles, appelées "oiseaux" sont de jolis bouquets de plumes à dégommer.  Le crieur (animateur de la manifestation) appellent les concurrents, veille au bon déroulement du tournoi et bien entendu annonce les scores et les prix en fin de journée. Le champion sera la roy. Pour son baptême de roy, ils sera assis avec le second, face à ses "sujets". Quatre archers tiennent au dessus de leurs têtes un torchons tirés par les quatre bouts. Le crieur verse alors délicatement une bouteille de champagne sur le torchon qui s'égoutte sur le roi et son second pendant que l'ensemble des équipes entonnent de bon coeur, l'hymne flamand. Un hymne sympathique qui invite à la paix et à la fraternité. Discrètement plusieurs équipes arrivent par l'arrière avec de grandes bassines d'eau et inondent les deux héros du jour... Hurlements de rires, agitations loufoques et fuite éperdue des victimes hilares et dégoulinantes qui se précipitent dans les vestiaires.

Ce sont les moments forts et inespérés que nos voyages nous réservent souvent. La France est un pays extraordinaire.


tir arc

tireur

 

Esquelbecq toujours. Quelle ville exceptionnelle. Un château féodal, à moitié écroulé, reconstruit partiellement au XVIème… Lieu de villégiature de Lamartine du temps qu’il se mêlait de politique dans les années 1860… Ce qui est remarquable dans ce lieu en pleine restauration, c’est que les anciens du village en parle comme de leur propre bien. Ils racontent qu’ils ont vécu là, qu’ils y ont joué, que leurs parents y ont travaillé. Ils racontent que lors des mariages, des fêtes locales le château s’ouvrait pour accueillir les festivités. Les temps ont changé mais continuent d’évoluer. Il se peut que dans un avenir pas trop lointain, les néo-châtelains, rendent aux habitants, leur droit d’usage.

chateau

Le parc est original, organisé à la flamande c’est à dire, à compartiments, perspectives courtes, mode renaissance pour chaque type de culture . Peut-être que ces quelques images seront parlantes pour nos amis Dan-Dom.

jardin

Dans cette ville aussi, je suis entrée par inadvertance chez Charles, un curieux bibliophile qui ouvre boutique sur la grande place. Vitrine époustouflante, éditions sous clé, (elles se négocient entre 500 et 2000 euros pièce) qu’il m’a ouverte au bout d’une heure d’échanges passionnés. Il m’en a beaucoup appris sur l’art de repérer un livre rare. Tant de critères sont à prendre en compte, rareté de l’édition, ancienneté, état du livre, c’est évident. Mais aussi type de couverture (peau-basane, les plus ordinaires mais aussi veau ou chèvre-maroquin- ou carton- ou demi-peau. Type de papier, papier d’Arches, velin, bible, bouffant. Type et état de la reliure, broché ou cousu et selon le type de fil. Gouttière, dorée ou pas,

Mille autres aspects que je n’ai plus en tête.

Devenue pote avec Charles, j’y suis retournée bien entendu, aimantée par ce lieu, pendant que Laurent allait s’essayer au tir à l’arc… Il a raté la cible mais la flèche ne lui est par retombée sur la tête ! C’est quand je lui ai raconté mes coups de foudre pour la librairie et mes deux achats qu’il est tombé sur la tête. Rassurez-vous, il s’en est remis depuis.

marion

Dans cette ville remarquable, nous avons passé deux bonnes heures dans un musée extraordinaire, Les Gigottos. Propriété de Bruno, encore un passionné un peu fada qui sillonne la France et les pays du nord avec ses marionnettes. Ses drôles de personnes ont séduit Stéphane Bern que vous verrez bientôt à la télé si vous les ratez pas. Bruno fabrique avec du fil, du carton, des ressors, des cintres, toute récup qu’il recycle avec génie. C’est prodigieux. Ces marionnettes à taille humaine nous ressemblent et se moquent joyeusement de nous. Nous avons passé avec elles et Bruno un moment enchanté.

gigottos

 

Les friteries s’installent midi et soir comme les camions-pizzas dans le sud. Ici l’art majeur, c’est celui de la patate. La patate a d’ailleurs son festival en août. Donc nous usons et abusons des frites. Non, ce n’est pas raisonnable mais c’est tellement bon.

frites

Les Esquelbécquois, Esquelbécquoises,  sont d'excellente compagnie.  Il est arrivé bien souvent que nous nous trouvions assis ou à faire la queue au milieu d’un groupe local. Un familier arrive qui salue et embrasse ses amis (ou famille) se tourne vers nous et nous embrasse dans la foulée… et nous mêle à la conversation. Nous voilà introduit dans le cercle intime. Je reste éboustrouffée à chaque fois.

Nous sommes vraiment heureux dans ce pays flamand. Conseillés par notre ami Pascal (F6GUZ) nous partons demain pour Cassel, une distance comme je les aime 13 km…. Nous y passerons une nuit. Ensuite cap vers la côte d’Opale.

 

La météo s’arrange, soleil et 17 ° aujourd’hui à 15h. Bientôt la canicule... !

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