Autour de Popenguine

Premier janvier 2010, c'est l'heure de la sieste pour les uns, l'heure courrier pour d'autres, pour moi l'heure de revivre en images quelques moments de notre bonne et belle vie autour de Popenguine.
D'abord une belle virée en vélo (loué gentiment à Birane, 2 euros par jour, deux vtt flambant neufs, version sénégalo-chinoise, option homme, option dame, plus de vitesses que je ne saurais en compter...) La route goudronnée qui sort de Popenguine, puis une piste qui longe la mer.La piste tantôt parfaitement damée, tantôt de sable fin que le vent a dispersé en vaguelettes très casse-binette... Et raide au pédalage.  Une dizaine de kilomètres de suées fort sympathiques, (même sous le chapeau peul destiné à Olivier, un peu usagé mais authentique...chapeau L'homme qui me l'a vendu assis au bord de la piste, le portait sur la tête. Dures négociations dans un langage approximatif. Je le quitte fort joyeuse, la tête un peu lourde, mais enchantée par ma négociation. A voir le large sourire du berger, aucun doute je me suis fait avoir. Et ça me comble de joie !
La brousse est un vaste espace d'herbes sèches très hautes, d'acacias et de baobabs centenaires. Bientôt les baobabs auront perdu leurs feuilles de lourds fruits oblongs qui pendent  tomberont au sol. Une fois bouclé ce cycle, ils seront prêts pour subir la saison sèche sans dommage.  baobab
Lorsqu'une voiture nous double ou nous croise on traverse un écran de poussière, ne restons pas sous son vent ! Les ânes très élégants avec leur encolure marquée d'une belle ligne sombre, broutent dans la poussière. Nous croisons des carrioles,  des chars à bancs,  tirés par des chevaux,qui ont la taille des ânes. On slalom d'un bord à l'autre de la piste en fonction du relief du sable et les charrettes aussi... Où croiser un véhicule est la question jusqu'au moment où on frôle la charrette. De grands saluts, que de la joyeuseté sur la route.   
Cependant, à l'entrée du village le comité d'accueil me préoccupe : un gros troupeau de zébus blancs qui occupent toute la piste. De loin, ils ont l'air placide... De près je les trouve trop gros... J'en mène guère large et je descends du vélo avant de traverser le groupe. zebus2Pourvu qu'y en ai pas un, en manque d'affectif et qui voudrait m'enlacer avec ses jolies cornes si largement arrondies vers l'avant.

zebus1 Au bout du troupeau alors que je remonte sur le vélo vraiment soulagée, c'était pas si terrible finalement, un coup de guidon intempestif me permet d'échapper au gardien qui fait des moulinets en l'air avec son coupe-coupe. Échapper aux vaches africaines et se faire pourfendre par un Sénégalais maladroit... ou rigolard !
Autre jour, Une virée avec Wulimata à la rencontre des villages de brousse. Qu'il y ait une éolienne pour tirer l'eau au robinet du puits ou que les femmes montent les seaux à la force des bras... C'est d'abord et avant tout du labeur joyeux et plein de couleurs. A proximité du puits un homme étrille son cheval. Qui ne se soucie que du seau dans lequel plongent ses naseaux. A notre approche il relève sa gueule ruisselante, le poil d'un beau brun soyeux... Encore un qui trouve la vie bien belle en cet instant.
L'un des hommes nous explique que l'éolienne c'est pas le Pérou, car s'il n'y a pas de vent, il faut aller chercher l'eau à pieds au village voisin.
Chez les voisins, ils ronchonnent contre l'éolienne qui les nargue, parce que ceux là quand y'a panne de vent, ils viennent prendre leur eau... Du coup, il peut arriver qu'il n'y ait d'eau pour personne car le puits n'est pas en réserve pour deux villages.  Hé oui, à chacun ses parasites. Ici ce n'est pas le pain que l'étranger te prend dans la bouche, c'est l'eau ! Mais eux je les comprends, ils ne vivent pas dans l'opulence !
A la sortie du village sous les baobabs, d'énormes tas de mil ou de sorghos. Laurent s'essaie au battage comme un vrai de la brousse. Aïe mon dos ! C'est plus de son âge. Il est vrai que ce sont de jeunes hommes qui se relaient pour ce travail fastidieux et épuisant. Le long bâton épais qui sert de battoir n'est pas un outil de rêve.  Plus loin, des femmes debout devant un  mortier en bois pilent les graines pour les décortiquer. Elles se relaient au pilon. Dans un autre groupe elles sont assises en rond au sol, leurs bébés collés dans le dos. Elles vannent  avec une grosse calebasse évidée.Des poussières de son volent comme de minuscules mouches et les enrobent de nuages gris.
Il est pas loin de midi, la chaleur est étouffante et ça bosse tranquillement mais sans répit sous la protection des baobabs.
Nous rencontrons des gens souriants, aimables qui ouvrent leurs portes. Nous reviendrons les voir la semaine prochaine, après les fêtes.

mar 1Notre vie sociales prend une belle envolée. Nous voilà invités à un mariage Serère. Je n'ai pas tout compris du rituel d "intronisation" de la mariée avec les femmes, ça prend un temps incroyable, ça mériterait un coucounet pour lui tout seul ce mariage.
mar 2

 

 

 

Ensuite, un peu de tourisme dans l'île magnifique si bien préservée de Fadiouth, l'île aux coquillages. Le tourisme y est magistralement contrôlée.Visite guidée obligatoire. C'est la version africaine de Riquewhir ou les Baux de Provence. C'est magnifique. Une sorte de musée en plein air,  greniers à mil des temps anciens qu'un conservateur entretien et protège sous l'oeil placide des oiseaux de la mangrove.
Nous sommes entrés en début de soirée en pirogue, soleil couchant sur la mangrove. 1 joal

Dans le village harcèlement commercial inévitable. Nous avons perdu Laurent pendant une bonne dizaine de minutes. Il finit par nous rejoindre vraiment très content de lui. Il a troqué un magnifique (?) masque en bois  et se pointe en traîne savates des tongs infâmes, couleur verte, aux pieds... Super Laurent se met au rythme local.
- C'est quoi cette horreur, t'es fou d'avoir acheté ça ?
- Je l'ai troqué
- Troqué ?
- Oui, j'ai filé mes chaussures contre l'objet d'art (?) et les tongs du vendeur. Je voulais pas acheter et mes chaussures lui plaisait tellement... Il les lui fallait absolument pour le 31 décembre. Il était certain qu'elles allaient lui assurer un énorme succès pour la soirée. Y'a pas d'mal à faire plaisir !
En voilà un beau souvenir de vacances ! Avec le lourd chapeau paysan, nos bagages vont s'alourdir considérablement.
Pourvu que  Laurent ne troque pas sa flûte contre un balafon !grenier

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