Carthagena

Octobre 2011 suite,

La météo s'annonce sympa, vent dans le dos. Pas de gasoil non plus à Ibiza. Pas grave puisqu'il y a du vent annoncé pour plus de douze heures, après on avisera. Le vent est  au nord force quatre, cinq,  ça nous va. On part vent arrière avec le foc tangonné. Impeccable.

mer sur babord

De  belles gerbes d'eau frisent la coque, beau spectacle. Il fait doux, c'est là qu'on est vraiment heureux de naviguer.

La pétole tombe avec la nuit et le moteur reprend son ronronnement. A minuit je décide de me coucher. J'ai à peine enlevé mes chaussettes que Laurent m'appelle. Panique à bord, il a repéré les scintillements des bouées de filet... Sont ce des filets dérivants ? Ces maudits filets ne sont pas rares en Méditerranée. Si on a la malchance de les rencontrer, ils faut les longer pendant  plusieurs milles. Ils vous déroutent, vous font perdre votre temps et sont dangereux. Malheur à celui qui s'empêtre dans ce piège. Soit il plonge dans l'eau glacée pour taillader rageusement le filet et libérer son navire, et se barre à toute vitesse comme un voleur. Soit il plonge dans l'eau glacée pour taillader rageusement le filet et le pêcheur lui tombe dessus pour exiger le remboursement de son outil de pêche dévasté. Ce n'est jamais bon pour le plaisancier. Vous connaissez ce jeu de ballon prisonnier. Une partie de errance recommence le long des bouées. Dur de pas se faire piéger. La déroute est d'au moins cinq milles. On n'en finit plus de longer des feux qui scintillent au ras de l'eau. Le ciel est couvert et la nuit très sombre. Les bouées qui flottent se cachent quelquefois dans les vagues. Bientôt on ne sait plus où donner du regard. De quelle sorte de filets s'agit-il ? Se peut-il que ce soit seulement des casiers et qu'il y en ait une telle multitude ? Les lueurs nous cernent. Aucun navire de pêche en vue.

coucher soleil mer

Faudra-t-il se résoudre à les traverser ? Nous n'avons même plus le choix. Il faut passer à travers, au moteur hélas et en serrant les fesses. Le voilier n'a pas bronché. Il n'a pas pilé brutalement. Nous ne saurons jamais à quoi correspondaient ces semailles lumineuses. 

Avant le jour, Le vent s'est levé. Il n'est plus du tout favorable. Notre allure s'est modifiée. Allons y pour un bord de prés très serré. Le pilote automatique n'a pas aimé les ruptures de cap. Les vagues emportaient l'étrave et le pilote craquait, nous aussi. Les soucis de filets nous ayant tenus réveillés une partie de la nuit, nous avons les nerfs en pelote. En début d'après midi, le vent est devenu force six, la houle violente nous a ballottés salement... Heureusement que la plante d'Alex avait été adoptée à terre. Elle n'aurait pas survécu à cette journée là. Le vent et la houle de face ont fini par nous arrêter. Il est cinq heures du soir.

- Laurent t'as pas l'impression qu'on recule ?

Moteur ! Et puis on  alterne voile et moteur. Dans les deux cas, nous tirons des bords de folie. Il peine le pauvre moteur, il peine, peine trop. Ce n'est pas humain de souffrir ainsi. Il cale. Un moteur tout neuf !  C'est pas du jeu... C'était pas prévu ça...  

volvo

Le techno du bord, fronce les sourcils. Que se passe-t-il dans la "salle des machines". Faut y aller voir. Il touche à tout et à rien. Il tente quelques remises en route qui avortent instantanément ou presque... Je m'accroche à la barre pour me donner une contenance et lui il se gratte les cheveux.  Nous sommes redoutablement efficaces à ce moment là. Il est sept  heures du soir. Il fait nuit, on est à vingt cinq milles de Carthagène, l'abri le plus proche. Silence total sur la mer. Après concertation et différents diagnostics, Laurent retient le plus plausible, qui est la panne de carburant. Soit il n'y a plus de carburant, soit il n'arrive pas. La jauge nous annonce encore une cinquantaine de litres, sauf que moi je ne fait absolument pas confiance à la jauge ; on verse une dizaine de litres de réserve, histoire de voir. Mais le moteur fait seulement semblant de repartir. Donc ce n'est pas la panne sèche. Le tuyau serait-il bouché ? Ami Laurent, joueur de clarinette, flûte ou harmonica à ses

heures va souffler un air, flute lau

pas plus efficace qu'un pet de coucou.  On dérive gentiment à un nœud comme veut  la houle.  Faut-il nous résoudre à attendre le matin et le retour du vent ou de la tempête annoncée à la dernière météo ? Les symptômes de panique, vous connaissez ?  Des sueurs, des pensées confuses, des frissons, des tremblements. Bon, c'est tout ça, alors c'est sûr, je panique en silence et c'est affreux. Je ne bronche pas. Si Laurent s'en rend compte, il ne va pas aimer, et ça ne l'aidera pas à trouver une solution. Je me dis que nous sommes fatigués, que la couchette arrière serait géniale, la couette est si moelleuse. Où serons-nous à minuit ? Où dormirons-nous et quand dormirons-nous ? Je me caille comme c'est pas possible. Et la nuit est fantomatique avec les ombres gigantesques de la côte qui se rapproche. Stop, stop, réfléchissons positif. 

- Dis Laurent, on a bien une pompe pour le vélo. Peut-être que ce serait plus percutant comme souffle ?

- Où c'est qu'elle est cette pompe à ......... pied ?

Laurent disparaît à l'arrière du bateau et revient avec la pompe ; quel génie cet homme. Il maintient l'embout sur le tuyau du réservoir et moi je pompe.

Un coup, deux coups, cinq coups, ça marche pas du tout. On insiste. Y'a des dérapages, des petits souffles qui se perdent dans la coursive. Désespérant.

- Essaie de pas bouger le tuyau quand tu appuies !

On se concentre chacun à son poste. Encore un coup, puis un autre. Voilà, le miracle s'est produit, et le gasoil finit par passer. Instantanément le doux ronronnement du moteur caresse nos oreilles et nos nerfs dans le sens du poil. Ouf ! On avance doucement, économiquement. Nous ne sommes pas certains de notre réserve de carburant.

Carthagène est en vue. Il est minuit. Nous n'avons que la carte PC comme info locale. C'est très sommaire. Y a-t-il un accueil plaisancier ? Pas sûr du tout. Il y a une zone portuaire commerciale et industrielle importante et une marine militaire. Avec la tempête annoncée, ils nous feront bien une place les copains marins. D'ailleurs en pleine nuit, on compte bien se la faire tout seuls la place. Si ça déplaît, on avisera demain matin.

Comme on fait gentiment route vers le port, Laurent retourne surveiller son moteur. Tout va bien, il tourne parfaitement rond. Je descends à mon tour. Il est minuit. On dit dans les romans que c'est l'heure du crime. Quel est ce bruit ? On dirait qu'une rivière dégringole à l'arrière. 

- Laurent, viens voir, y'a un bruit bizarre dans le coffre arrière.

Il penche la tête vers le carré.

- T'es vraiment traumatisée toi. Je viens d'écouter, il marche super bien ce moteur.

- Mais c'est un bruit d'eau. Comme une cascade qui ruisselle.

Il descend donc. Il soulève une latte du plancher, juste devant l'évier. Inexplicable et fort inquiétant, les fonds sont inondés. Il se rue à l'arrière. Je l'entends rouspéter très fort. Hors Laurent ne crie jamais. Aïe aïe aië. Serait-il écrit que nous ne devons pas arriver à Carthagène ?

- Y'a un problème avec le joint de l'arbre d'hélice; Il s'est desserré. Je vais essayer de remédier à ça. Ne t'inquiète pas tout va bien. La pompe de cale va évacuer l'inondation. 

En attendant, l'arbre d'hélice il se transforme en véritable chute d'eau. Maintenant, ça gicle allègrement dans l'arrière du navire. On n'avait pas entendu la pompe de cale à cause du  bruit du moteur. Enfin on suppose. Pendant que Laurent sort sa trousse d'urgence, l'eau continue d'entrer à toute allure. Elle clapote à bâbord, au ras du plancher, grâce à la gîte. Stoïque comme toujours, Laurent repique la tête dans la cale moteur pour resserrer le joint qui transforme l'eau de mer en fleuve. Et moi j'écope pendant une bonne heure. Juste pour que le niveau d'eau disparaisse sous le plancher. Une drôle d'odeur indéfinissable, comme une odeur de marqueur, m'étouffe. Je suis écœurée. Je monte sur le pont; qu'au moins je surveille la route utilement au lieu de me ronger les sangs. Il en met du temps, Laurent. Dans ces cas là, j'ai une idée précise de ce que c'est la notion d'éternité. Je m'arrache douloureusement quelques cuticules avec les dents. Ça me fait mal mais ça m'occupe. Voilà que Laurent réapparaît dans le carré, à portée de voix. Et pour une nouvelle inquiétude.

- Qu'est ce que ça sent ?

- Je ne sais pas ! ça fait bien dix minutes. J'ai pensé que c'était peut-être les fonds, ou le puisard...

Il redescend dans le carré. Pourquoi, se donne-t-il tant de mal pour soulever le plancher. On patauge dans la flotte, c'est visible qu'il y a de l'eau partout. Je croyais avoir tout écopé.

Il pousse un cri

- Merde, la pompe, elle est en rade. C'est pour ça, qu'on a tant d'eau dans le carré. Pourvu que mon joint soit étanche maintenant.

C'est la joie totale à bord. Nous sommes tous les deux dégoûtés de la vie. On voudrait juste pouvoir dormir et il faut recommencer à écoper. Dieu merci, l'eau n'entre plus.

Il est deux heures du matin, Carthagène pue. On entre dans une baie fort peu accueillante. De sinistres carrières avec des gueules grandes ouvertes sur la mer, des grues qui se penchent de tous les côtés ; une zone vraiment moche dans les ombres de la nuit. Plus loin c'est la zone militaire, guère plus réjouissante. On aperçoit toutes sortes de lumières, jaunes, rouges, vertes. Où va-t-on se caser ? Où est la ville  ? On entre plus profond dans le bassin. On croit apercevoir des mats derrière une gigantesque digue en béton. Laurent pense que c'est un port à sec. On s'approche sur la pointe de la quille. Tiens, des bouées de chenal qui ouvrent un chemin le long d'une digue. Allons y ! Tout juste derrière la jetée, il y a  des quais avec plein, tout plein de places. Et le bonheur total c'est une torche qui nous fait des signes et une ombre d'homme qui fait des gestes. Alors on oublie l'odeur infâme des usines, les silhouettes effrayantes des chantiers, car il y a là le plus sympathique des marineros, qui nous amarre à quai avec des gestes très professionnels.

On se couche sans réfléchir complètement gelés et épuisés mais tranquilles. mousse carthagene

 

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Tard le lendemain, le port nous paraît vraiment sympa. C'est peut-être la lumière du jour qui veut ça. On fait un gros petit déjeuner. L'après-midi, je nettoie  les fonds. Rinçage total à l'eau douce. Je sors les bouteilles calées sous le plancher. Leur bain les a drôlement vieillies. Elle ont un petit air de derrière les fagots. Dommage pour les étiquettes. Je rince tout ce beau monde, j'essuie soigneusement. Laurent change la pompe de cale qui n'a pas survécu. On remet tout en place sauf un Chateauneuf du Pape 95 oublié sur la table. Tant pis si on nous prend pour des pochtrons. Délice des délices, cet apéro est l'un des meilleurs de toute ma vie.

Dans la soirée, Laurent a faim mais il est dégoûté du pain de mie. Je décide de faire du pain perdu. J'ai aussi trouvé en ville des beignets de poisson. C'est un repas déconcertant, mais le pain perdu enrichi de nutella, alors ça franchement ça vaut bien une nuit d'insomnie en mer....

Nous avons besoin d'une journée de détente. C'est un samedi très sage à Carthagène. La tempête fait rage et on est secoué jusque dans le port. La météo annonce force onze dans le golfe du lion. 

Le coup de vent se déplace vers les Baléares. Mais d'abord, il va nous décoiffer. Les bateaux affluent dans le port. Il y a beaucoup de pavillons français ici. Je traîne sur les quais entre deux averses et le vent qui me bouscule. J'aime bien intercepter des petits bouts de conversation. Ils viennent de n'importe où tous ces équipages. Il y a un mec en face dont la femme vient de se casser . 

Il interroge tout le monde.

 "D'où tu viens ? comment c'est là-bas ; Où tu vas ? Quand ? t'as des infos à me filer... Tu sais comment c'est Gibraltar !"

Nous sommes tous ici pleins d'incertitudes, mais lui, il est fascinant parce qu'il les affiche. Les autres, tous les autres qui font semblant de pas en avoir des incertitudes, ils ont toujours quelque chose à lui dire. Il rassure cet homme. Si on peut lui répondre, c'est qu'on est mieux armé que lui face à la mer et à ses pièges. A bien les écouter ces plaisanciers, on s'aperçoit qu'ils disent aussi n'importe quoi. Prudence, prudence, il va falloir faire un tri sélectif des infos captées au hasard des rencontres. Et finalement éviter les questions. Quand on parle de la mer, il n'y a pas de question juste. Elle est si changeante. Que voulez vous espérer des réponses dans ce cas ? 

Il me fait de la peine aussi cet homme. Je me rends compte à quel point la notion d'amour peut être une fumisterie totale. La navigation serait-elle le test "qualité" de la relation amoureuse ?

Si votre femme vous quitte ça signifie qu'elle tient plus à sa peau qu'à la vôtre ? 

Laurent sort du carré. Il émerge le regard un peu flou de son monde informatique.

Nous profitons d'une éclaircie pour aller traîner un peu en ville. S'offrir une sortie bar, pourquoi pas ? Rencontrer des gens, baragouiner entre l'anglais et l'espagnol, comme deux vaches de la nationalité que vous voudrez. C'est très rigolo de pas savoir quelle sorte de vache on est. 

Carthagène nous déconcerte. C'est une ville sympathique mais dévastée. L'ancêtre Carthaginois qui a créé la ville nous fait rêver. Hastrubal... As trou de balle... C'est notre première impression. C'est d'abord un site de fouilles perpétuelles. Dans la vieille ville éventrée, les murs explosés côtoient des maisons précaires. D'une rue à l'autre on passe d'un monde propre et aseptisé à un monde dévasté. On ne sait jamais où on va poser les pieds. On suit de belles artères bien vivantes, bordées de palmiers, puis on croise des venelles rustiques et odorantes. Quelques pas plus loin on débouche sur un chantier archéologique plus ou moins abandonné qui a des allures de décharge publique. La foule est dense et colorée. Je pense à l'Opéra des Rats de Léo Ferré. C'est vraiment une ville très étrange. Peut-être qu'un jour Lune de Miel s'y mettra en hibernation.

La tempête fait rage. Mais c'est dimanche et on s'en fout. A huit heures du matin le clairon de la caserne voisine nous réveille. Les autres jours on était tellement crevé qu'on ne l'avait pas encore repéré. Il pleut,  il fait un temps de chien, 10 ° au réveil. Laurent se lève le premier. Il installe le petit radiateur électrique, cadeau  de notre fils, Jo,  pour tempérer le carré et se recouche. Rudement sympa ce petit radiateur. Sous la couette, le clairon nous a rendu joyeux. On fredonne le coeur des gamins pour se croire dans Carmen ; ça nous fait rire.

Matinée lecture, tranquille. Laurent est captivé par son ordi et les cartes PC qu'il apprend à maîtriser. Cet atlas mondial est fort secourable. Laurent vient de découvrir dans le secret des fenêtres informatiques les indications de marées par zone. Inestimable ce trésor. Je mitonne des petits repas avec les vivres frais du marché. On a eu des nouvelles des deux garçons par SMS (message texto - économique et rassurant - vive la technologie). Je me sens bien. C'est chouette la tempête vu d'un  bon abri.

 

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Les avis de coups de vent, s'enchaînent les uns aux autres. On attend tous une  météo plus favorable. Des plaisanciers, pas si plaisants que ça, ceux qui restent là pour l'hiver, nous disent qu'on est parti trop tard pour la traversée vers les Canaries. Ils nous disent aussi que le plus chiant reste à faire jusqu'à Gibraltar et la météo radote. L'heure est à la déprime.  Le vent ne faiblit guère ; il est passé à l'ouest. Autrement dit en pleine face avec une houle de trois à quatre mètres. Tout le monde reste à quai. Puisque c'est comme ça, je vais prendre une douche chaude au réal club de Carthagène.

Il a fallu attendre jusqu'à mardi pour revoir le soleil. J'ai l'esprit de plus en plus vif en espagnol. Je baragouine un langage infâme, mais je me fais comprendre. En ville, une dame m'a dit que nous subissons la température qu'il fait en janvier. La tempête s'est bien décalée vers l'Est et la météo s'annonce plus clémente même si les avis de coups de vent sont toujours émis. Nous avons hésité à partir ce matin, c'est le vent à l'ouest et la houle qui  nous ont finalement retenus ici. Nous sommes toujours prisonniers de la tourmente. Pour nous remonter le moral, nous nous offrirons un repas en ville. Laurent quand il ne prospecte pas les ouvertures radio prospecte la ville en  vélo.

lau feh

A propos de la radio, il a contacté "le réseau du capitaine, sur 14118 Mhz à 12 h TU". Ce sont des radio amateurs Canadiens qui transmettent des bulletins météo très sûrs et très précis ; Nous communiquons ainsi très facilement avec des navigateurs sur toutes zones et ça marche super bien.  Mais il faut impérativement être titulaire de la licence radioamateur décamétrique. Nous avons plongé ensemble dans le monde radioamateur dans notre jeunesse, quelle riche idée nous avons eue à ce moment-là. Jamais nous n'aurions imaginé que nous l'exploiterions pour traverser l'atlantique. En ce temps là, nous habitions en Touraine, l'aventure se dessinait derrière les vignobles... et la mer était un rêve inaccessible.

Laurent est en grande discussion radio avec un mec bigrement informé. Sa modulation est un vrai régal. C'est depuis Carthagène que nous faisons connaissance avec un nouvel ami radioamateur, Michel, F5DV.

Il pleut des cordes. C'est jeudi matin. Il fait 6° au réveil joyeux du clairon ... Je guette l'arôme délicat du café de Laurent avant de me "déhotter". (comme on dit dans mon doux pays des Vosges). Concertation à trois autour des tartines beurrées : Laurent, la météo et moi. On se contraint à rester là encore aujourd'hui. Aucune nécessité d'affronter un vent de face plus ou moins sûr,  et de la pluie en masse. Il faut garder à l'esprit qu'on n'est pas là pour se prendre la tête. Vous pouvez compter sur moi pour vous le rappeler. 

J'espère que Laurent ne sera pas souvent d'humeur grise parce que dans ces cas-là son traitement radical, c'est un resto sympa. Gare à nos finances si c'est fréquent. On se harnache donc de cirés et parapluies et on repart à l'assaut de la ville. Ça ne me dérange pas trop. Je suis comme tous les gens un peu "flous" dans leur tête, j'adore marcher sous la pluie. Je compte bien sur le chauffage de Jo pour me sécher au retour. Laurent nous a repéré un resto de pêcheurs fréquenté essentiellement par le voisinage du port. Ambiance pause déjeuner des gens qui travaillent. On se sent vraiment bien. C'est un bonheur intégral ce gastro besogneux. Petits calamars à la plancha et fritures variés, espadon grillé. Des délicatesses inattendues aux saveurs de friandises. Nous sortons de là complètement repus, parfaitement armés pour une virée à travers la ville humide. On aura arpenté Carthagène dans tous les sens. Je garderai l'image d'une ville dans la grisaille et la tourmente. Une ombre planquée derrière un mur en ruine se pique au milieu des détritus, à deux pas d'une magnifique rue marchande aux trottoirs dallés de mosaïques. Salut Carthagène, que les Espagnols écrivent Cartagena.

 

 

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