Avant-départ

Juin  2000

 

Nous voici bien des semaines d'enduits, de grattages, de ponçages, bien des semaines de factures plus tard. Tout de blanc "époxiller",  Notre navire vient de naître.  Il devient "Lune de Miel". 

ldm neuf

Mi-juillet, il intègre son port d'attache à Martigues. C'est le moment où nos potes parlent de vacances, Corse, Sardaigne, Baléares, nos anciens horizons. Ils ont passé leurs fin sde semaines bercées dans les mouillages de la Côte Bleue, dans les calanques ou à Porquerolles. On les voit tous circuler sur les pannes bronzés, détendus, souriants... Laurent et moi, on sue, on ruisselle, on s'épuise. On se noie dans l'accumulation de détails aussi importants qu'urgents à régler. Notre départ est programmé mi-octobre. La main en visière, j'ai beau scruter l'avenir immédiat... Les trois mois qui restent suffiront-ils ? Nous n'en finissons pas avec les installations techniques et les finitions intérieures du bateau. Pour nous assurer un revenu d'appoint nous mettrons notre maison en location. Il faut aussi intégrer quelque part dans notre planning, le déménagement de nos objets personnels et toutes les actions administratives liées à ce départ. Le compte à rebours s'accélère. Les mines fleuries des vacancier nous angoissent. Parce que pendant de temps là, à quoi se prépare-t-on au juste nous autres ? 

**********************************

 - Alors, ce départ, c’est pour bientôt ?

- Oui, dans quatre semaines exactement.

- Mince alors, vous serez prêts ?

- Bien sûr. Une semaine pour installer le dessalinisateur qu'on vient de recevoir.  Une semaine pour installer la capote et le bimini. Une semaine pour déménager nos meubles de la maison et régler les derniers problèmes administratifs. Et la dernière semaine pour les ultimes petits bricolages et l'avitaillement.

 

********************************************

- Alors ce départ, ça se précise ?

- Oui, on largue les amarres dans quinze jours.

- On voit bien que ça prend forme. Votre capote de descente est toute belle et votre bimini aussi. Laurent s'en sort avec le dessalinisateur ?

- Pas de problème, l'installation sera opérationnelle dans deux ou trois jours.

- Vous partez tout seuls ?

- Pas exactement, nos deux fils ont pris une semaine de congé pour nous accompagner jusqu'aux Baléares. C'est chouette non ?

- Oui, vraiment, ils vivent bien votre départ on dirait.

 

*************************************************

- Laurent tu crois que nous serons prêts dans huit jours ?

- Je crains que non. On retardera de quelques jours si  c'est nécessaire. 

- On  ne peut pas faire ça, les garçons n'ont que huit jours de congés.

Laurent passe pour la dixième fois son index le long d'un joint d'arrivée d'eau du dessalinisateur.

- Zut zut zut, j'en ai marre de cette chiotterie, ça goutte toujours !

- Comment on fera avec les garçons si le bateau n'est pas prêt ?

- Tu m'embêtes, je ne sais pas comment on fera. Enfin si je le sais ! On partira en retard et on les déposera quelque part sur la côte ouest au lieu d'aller avec eux aux Baléares !

Ben voyons ! Nos deux fils ont pris une semaine de congés pour prendre le départ avec nous. Parce que voyez-vous, que les parents quittent les enfants, ce n'est pas correct. Ce sont les enfants qui quittent les parents lorsque le moment est venu. Donc, les garçons prendront le départ avec nous. Et après notre petit bout de route commun, ce sont eux qui nous quitteront. C'est ainsi que ça doit se faire et pas autrement. Je ne supporterai pas de les laisser sur le quai de Martigues. J'ai bien du mal à imaginer ce déchirement, s'il faut en plus assumer un abandon... Et puis ce départ terrible qui  nous habite Laurent et moi depuis des années, nous devons le vivre avec eux. S'ils se sont libérés tous les deux pour avoir une semaine de vacances, et nous accompagner jusqu'aux Baléares, ce n'est sûrement pas pour rester trois ou quatre jours sur le quai de Martigues à se prendre les pieds dans nos caisses mal rangées et les outils de Laurent éparpillés dans tout le carré. Faire trois jours de cabotage et prendre  joyeusement le train pour rentrer chez eux, largués vite fait  à la première gare à portée de nos amarres. 

-  Merci les gars, c'était chouette de nous aider à larguer ! 

Je n'insiste pas, mais une chose est sûre, c'est que nous partirons à la date prévue ou que nous ne partirons pas du tout,  juré,  promis...

 

***********************************

- Alors, t'as fait ton avitaillement ?

- Non, c'est pour demain. Je suis effrayée rien que d'y penser. Je suis démoralisée. Laurent avait raison. Y'a trop de choses à finir... Et les garçons qui arrivent après-demain. 

- Ne t'inquiète pas. Quoi que vous fassiez, vous ne serez jamais prêts. Ce qui n'est pas fait vous le finirez en route... ou bien vous ne le finirez pas.   N'attendez pas d'être prêts, vous ne partiriez jamais !

Enfin une parole intelligente ! Merci Sylvie.

volvo

 

************************************

 

Le moteur volvo MD40, tout neuf, lui il est prêt. Efficace coups de mains de José et Olivier. 

oli volvo

 

Propulsé par Drupal