LE CHAT BOUGON -

(CRÉATION de Dorine-Shana-Guillaume)

Il était une fois un garçon qui s'appelait Arthur. Il avait une petite sœur qui s'appelait Diana. Arthur et Diana étaient très copains et jouaient toujours ensemble dans la campagne autour de leur maison. Un jour qu'ils cueillaient des fleurs dans la prairie, ils ont  aperçu une forme bizarre, toute blanche étalée par terre. Ils se sont approchés. Quelle surprise! C'était un énorme chat blanc avec d'immenses moustaches noires, qui ronflait au lieu de ronronner ;

Diana s'est penchée pour le regarder de plus près et Arthur la tirait en arrière.

- T'approche pas, il est peut- être sauvage et dangereux.
- Pfuit, quel trouillard tu fais, dit Diana en posant la main sur la fourrure du chat.
Elle l'appelait doucement.
- Gros chat, d'où tu viens, qu'est ce que tu fais là ?

Le chat fort mécontent d'être réveillé a fait une grimace de vilain chat en redressant ses moustaches.
- hum, hum, qui me réveille ? 
Voyant les deux enfants, il était très mécontent
- Vous êtes culottés, vous !
Puis il s'est redressé d'un coup, les quatre pattes prêtes à détaler
- Attends, attends, criaient Diana et Arthur.

Le chat s'immobilisa. Bien posé sur son derrière, il se léchait le museau tout en les observant d'un air méfiant. Il ronchonnait maintenant à défaut de ronronner.

- On peut jamais rêver tranquillement.
-  ça alors ! Tu peux parler ? s'étonna Diana
Le c
hat haussa les épaules.
- Ben oui, je parle, et ce n'est guère intéressant. Personne ne prend le temps de m'écouter. Dès qu'ils me voient les paysans me chassent à coups de pieds. Ils me trouvent trop gros et les femmes disent que je laisse des poils partout. 
Puis il se mit sur ses quatre pattes, avança prudemment vers les enfants.
- Vous avez l'air de gentils humains vous, voulez-vous m'aider ?
- Ben, je sais pas, hésitait Arthur,
- Oui, oui, oui, raconte-nous ce qui  t'est arrivé, s'impatientait Diana en lançant une bourrade à son frère.

Ainsi, le gros chat blanc leur raconta ses mésaventures.
- Oh c'est tout simple. J'avais rendez-vous avec Clina, ma fiancée
- Une jolie chatte blanche aussi ?
- Non, non, (quelque peu agacé) ne m'interrompez pas, sinon je vais me perdre dans mon histoire.

- D'abord je ne suis pas un chat, je suis un humain, enfin j'étais un humain. Je m'appelle Couli et j'avais rendez-vous avec Clina au rocher de Château Virant. On aime bien monter en haut pour regarder l'étang de Berre. Les villages et les immenses étendues de rocailles et de rochers, c'est somptueux.

Couli fit une pause, et les enfants muets de surprise, ne le quittaient pas des yeux. Il lissa sa moustache d'un élégant coup de patte, puis il reprit.
- Hélas, un jour notre chemin a croisé celui de Joséfa la sorcière.
Il se perdit encore une fois dans ses souvenirs heureux et ses yeux verts se remplirent de larmes. Il poussa un soupir, et continua son histoire.
- Joséfa s'est approchée de nous avec le sourire et nous ne nous sommes pas méfiés. Elle tournait autour de Clina
- Oh, Les jolis cheveux que voilà !

Clina très flattée laissait la sorcière s'approcher, lui caresser les cheveux, toute en séduction.
- Exactement ce qu'il me faut pour ma perruque. Veux-tu venir dans ma cabane ? Je couperai juste une toute petite mèche et tu pourras rentrer chez toi.
- Oh, là, là, et vous l'avez crue ? s'exclama Diana paniquée
- Ben oui, reprit le chat. Clina avait des cheveux magnifiques et comme elle était gentille, elle était tout à fait d'accord pour en laisser une mèche à la sorcière. Moi, je trouvais ça imprudent d'aller dans cette cabane. Mais avant que j'aie pu réagir, elles avaient toutes les deux enfourché le balai magique et disparu dans le ciel.
Le pauvre Couli poussa un nouveau soupir malheureux, puis il poursuivit.
- Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver la cabane. J'ai vu se lever plusieurs lunes et se lever plusieurs soleils. Mais en suivant le vol des corneilles, je savais que j'arriverais au refuge de la sorcière.
- Oh là là, t'es rudement courageux. T'aurais fait ça toi ?  interrogea Diana en filan un coup de coude à Arthur qui avait les yeux ouverts comme des soucoupes et la bouche ouverte d'étonnement.

- Quand je me suis approché, continuait Couli, un renard qui faisait le gué a alerté joséfa. Elle est arrivée, et je suis resté pétrifié.  Incroyable ! Elle portait la chevelure de ma fiancée mais elle était tellement moche que les beaux cheveux de Clina pendaient lamentablement. Un ratage totale de coiffure. D'une voix éraillée, elle m'a tout de suite agressé.
- Tu es bien imprudent jeune homme de venir troubler la paix de Joséfa.
- Je veux savoir où est Clina. Qu'en avez-vous fait ?
- Ne t’inquiète pas, elle est en sécurité. Je ne lui veux pas de mal, mais je la garde car j'ai décidé de couper ses trop beaux cheveux au fur et à mesure qu'ils poussent pour me faire des coiffures exceptionnelles. Comme celle-ci par exemple ;
La sorcière d'un mouvement d'épaule a rejeté sa chevelure dans son dos et s'est penché pour que j'admire.
- C'est moche, vous n'avez pas la tête qui va avec les cheveux que vous avez volés. Ils sont mal nourris sur votre crâne. Ils tombent en ruine. Vous êtes laide, très laide !

- Oh la la, j'aurais mieux fait de me taire. Il ne faut jamais dire à une sorcière qu'elle est laide, ni qu'elle est méchante.
Elle s'est redressée, ses yeux envoyaient des éclairs. Elle bavait et trépignait en poussant des grognements terribles. Terrorisé, j'ai fait un pas en arrière et j'ai trébuché sur le balai magique. La sorcière s'est jetée sur moi. 
- Ah c'est comme ça, je vais te régler ton compte. Tu ne reverras jamais ta petite fiancée. D'ailleurs, je déteste les amoureux. 
Elle a empoigné son balai. Elle a crié une formule et le balai a fait trois tours au dessus de moi à toute vitesse puis il est retourné dans la main de la sorcière.

- J'ai voulu parler et j'avais une voix bizarre que je ne reconnaissais pas. Et puis j'ai entendu comme un miaulement, mince alors ! C'était moi ! Et puis je me suis rendu compte que j'étais sur quatre courtes pattes, couvertes de poils blancs. Elle m'avait transformé en chat.

Le pauvre chat a baissé les yeux, honteux et malheureux.

- J'ai voulu lui sauter dessus, toutes griffes dehors. Elle a pris son balai et m'a donné des grands coups sur le dos. Je n'avais pas d'autres solutions que de fuir pour lui échapper. J'ai tourné et tourné autour de la cabane, et puis j'ai marché jusqu'ici. Je suis épuisé.  Et maintenant je ne sais plus quoi faire. Que peut faire un chat qui parle contre une sorcière et son balai magique ?

Les deux enfants étaient catastrophés. Diana était au bord des larmes. Elle s'est assise à coté du chat, elle le caressait doucement.

- T'inquiète pas ! Mon frère et moi, on va t'aider. Deux petits humains et un chat pas bête, c'est une amitié solide. Contre ça, joséfa elle peut rien, même avec un balai magique.
- D'accord, mais on fait quoi et comment, répliqua Arthur plus raisonnable.
Alors le chat releva sa tete et s'étira en baillant.
- On retourne tous les trois à la cabane. Il y a un abri à bois pas loin. J'y ai vu des cordages mais moi je ne peux rien en faire avec mes pattes. Vous, avec vos mains, vous pouvez vous débrouiller ! Je dois attirer la sorcière dehors. Mais vous, vous devrez rester cachés. Je lui sauterai dessus par surprise. Faut juste que je neutralise son balai magique. Pendant qu'elle essaiera de se débarrasser de moi, Arthur tu pourras l'immobiliser et l'emballer comme un gros saucisson. Pendant ce temps là, Diana tu rentres dans la cabane et tu libères Clina.
Le chat se lissa les moustaches très content de lui.
- Fastoche à nous trois !
Mais Diana est une enfant inquiète.
- Et si elle attrape son balai magique contre nous, on va tous se retrouver en chats ?
- Ou en crapauds ! ajouta Arthur guère plus confiant.
Couli baissa la tête et la rentra entre ces pattes. Il murmurait dans sa moustache, il était vraiment très triste.
- C'est certain, y'a un risque, et pour moi, c'est foutu, même si je libère Clina elle ne voudra pas d'un chat comme fiancé.
- Elle pourra t'adopter, et t'aura une vie de pa-chat.
Diana se releva et donna une petite tape sur l'arrière train de Couli ;
- Allez, on arrête de se plaindre et on passe à  l'action et puis on verra bien.
- En route ! Nous n'avons pas le choix, déclara Couli en se levant d'un bond souple.

Les deux enfants et Couli arrivèrent près de la cabane. Les enfants se cachèrent près de l'abri à bois. Ils entendaient les sanglots de Clina à travers la fenêtre. Arthur enroula un gros morceau de cordage. Couli resté dehors s'avança en poussant des feulements terribles. La sorcière sortit avec son balai et ricana très méchamment dès qu'elle vit Couli. Elle brandit le balai sous le nez du chat.
- Tu veux e
ncore goûter de mon bâton ?
Alors Couli bondit comme une tornade sur la sorcière. Il lui laboura le crâne avec ses griffes, la perruque tomba. Voilà joséfa toute chauve, ça ne lui a pas plu du tout. Elle gesticulait et donnait des coups de pieds dans le vide. Couli agrippé à son dos lui mordillait le cou.... Le balai magique tomba au sol.
Arthur révolté, d'un coup de poignet formidable, fit un lasso avec le cordage, l’envoya sur la sorcière qui se retrouva ficelée. Diana, courut dans la cabane pour libérer Clina. Elles eurent vite fait d'arriver en bondissant de joie.

Elle avait l'air minable la sorcière affalée par terre et lançant des injures terribles en gigotant, prisonnière du cordage. Couli ne résista pas au plaisir de lui mordiller les mollets. Il s'essuya aussitôt la bouche d'un revers de patte
- Beurk, elle est même pas comestible.

Le chat poussait des feulements bizarres en plissant les yeux. Il fut prit de hoquets, se tordait de rire en secouant sa queue. Arthur lui aussi se marrait bien. Pendant quelques instants ils ne firent plus attention à Joséfa. La sorcière en profita pour atteindre son balai magique en rampant. Mais le chat plus vif bondit sur le balai avant elle. Avec ses dents pointues,  il en fit de la charpie.

Dès que le dernier morceau de balai fut tombé au sol, on entendit un grand fracas. D'un coup, le chat se transforma en beau jeune homme souriant qui recrachait une brindille du balai coincé dans ses dents. Il se pencha vers Clina, l'attira contre lui et déposa un tendre baiser dans ses cheveux si jolis que Josépha avait grandement maltraités.
Et alors une chose incroyable arriva. La vieille sorcière qui se roulait par terre pour essayer de se libérer, d'un coup se calma. Elle poussa un petit cri, se tassa sur elle-même... Et tout doucement, sans un bruit, son visage s'éclaira d'une étrange lumière. Son regard s'adoucit et un délicat sourire apparut sur ses lèvres. Ses vêtements se transformèrent. Le cordage s'agita comme soulevé par un souffle de vent et devint un châle d'or soyeux qui se posa délicatement sur les épaules de Joséfa devenue une charmante vieille dame toute étonnée de se trouver assise par terre.

Médusés, Arthur et Diana ne bougeaient plus. Clina et Couli aidèrent la vieille dame à se relever. Puis ils prirent leurs deux amis par la main et les entraînèrent dans une joyeuse ronde autour des morceaux  du balai.     

 

 

 

Prenons nous par la main,         

Chantons sous les grands pins       

Il n'y a plus de balai magique         

Il n'y a plus de maléfice -

MAI 2015

 




 

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