La Ciotat

Esprit vacance es-tu là ?
Vacance = état d'une charge, d'une place non occupée.
Ou bien , Vacances = période de congé des travailleurs...

29 juin 2009

Ces deux visions du mot vacance me plaisent bien. Sauf que si nous avons l'esprit, nous n'avons pas la matière. Le dos de Laurent ne se remet pas d'aplomb. Il s'est levé comme ça un matin tout de travers après quelques acrobaties nocturnes (à priori solitaire ?) et depuis il donne dangereusement de la gîte à babord. Notre départ n'en finit pas de se compromettre depuis bientôt deux semaines. Cependant, Velaux, lundi 29 juin 2009, au saut du lit. Laurent a des fourmis dans les gambettes. Il fait quelques pliages d'assouplissement. Et ça ne se passe pas si mal. Il est 8h du matin, j'émerge à peine. Laurent s'étire. Ma parole, le voilà parfaitement vertical.

- Saute du lit, si t'es d'accord, on quitte Velaux. !

Pensez si je suis d'accord. D'autant plus, qu'on a encore plein de trucs à bord qu'il faut finir avant de partir. Et qu'on a laissé en plan. Mais Laurent balaie tout ça d'une pichenette. Il faut impérativement passer nos bosses de ris dans le lazzy bag. C'est la seule chose qui importe dit-il. Peu de chose en somme. Et oui, il a dit, il pourra le faire... On est presque parti. Youpi ! Notre ami Claude nous dépose à Martigues dans l'après-midi. Ami Claude, que serions-nous sans toi ?

Nous resterons un jour au port de Martigues, histoire de tester la mobilité de Laurent à bord, et de nous mettre bien à fond dans l'esprit vacance. Nous nous attelons ensemble à l'installation des prises de ris. Quoi d'autre encore ? Il me semblait qu'il y avait une foultitude de bricoles à finir, et voilà que d'un coup, le navire est tout à fait opérationnel. Peut-être suffit-il de décider que nous sommes prêts !

Mercredi 1er juillet 2009 .
J'ai oublié de vous dire que la première innovation révolutionnaire de cette année, c'est une escale à Marseille Vieux Port. Car LDM, (Lune de Miel), n'a jamais posé sa quille dans la Vieux Port, inconcevable non ! Pour l'heure, l'ouverture du pont de Martigues est annoncée imminente. Je balance mon seau de rinçage en même temps que les amarres. Pour une fois notre quille ne piétinera pas de longues minutes impatientes à l'entrée du canal. J'adore ce départ bousculé, il imprègne notre départ d'une poussée dont nous avons grand besoin. L'air est doux dans le canal. A l'ombre du bimini, les quais défilent joyeusement. Salut Petite Venise Provençale !

C'est quoi ce joli sillage parfaitement symétrique de part et d'autre du safran ? Juste un p'tit oubli de nos anodes qui surfent gentiment sur le dos... Allez mes jolies, retour dans votre casier. Baguenauder dans l'eau, c'est pas le moment. On a de la route à faire. Le vent est au SW, passé le cap couronne, on attaque la côte bleue hardiment. Vitesse moyenne 4,5 nds. La mer est plate, juste un peu frisée avec jeux de lumière et d'ombre, LDM (Lune de Miel ) un rien joueur donne l'impression de sauter d'un carré de lumière à une tache d'ombre. Mais c'est de marelle qu'il s'agit ici, pas de saute mautons. Nous sommes quasiment seuls à naviguer. Si seuls et si proches des côtes dont les mouvenemts lointains, reflets de pare-brise, éblouissements de vitres, couleurs de vêtements, silhouettes animées nous permettent d'imaginer toute ces vies qui se bousculent à terre. Les pôvres ! Ce ne sont pas des images sans paroles. Entendez le pchouit, pchouit, pchouit si familier, si doux, si délicieux de la coque et le froissement de l'écume sur la mer. Panne de vent en début d'après-midi. Le cap Méjean n'en finit pas de s'arrondir, il y a longtemps que le Frioul esquisse ses côtes dans la brume d'été. Mais il ne se rapproche guère. D'un coup Marseille apparaît au fond d'une baie immense et la brise revient très soutenue. Nous fonçons entre l'Estaque et le Frioul à plus de 7 nœuds. A l'ombre il fait trop frais alors que je me love au soleil.

vieux portEntrée du Vieux port, bordé par les remparts roses du Fort Saint Jean à babord, par les jardins verdoyants du Pharo à tribord, dominé par les scintillements de Notre Dame la garde en hauteur. Grandiose. Le quai d'accueil est fort encombré. Entre les navettes touristiques, les canots et embarcations qui croisent et dépassent n'importe comment, le ferry-boat qui lambine au milieu, où se caser? Réponse immédiate. Un zodiac de la Société Nautique de Marseille (SNM) vient à notre rencontre pour nous guider en lieu sûr. Bien commode tout ça et inespéré. Amis navigateurs, le Vieux Port de Marseille, c'est la totale sécurité. J'ai beau êre une habituée piétonne des quais, me voilà encore toute esbaudie par la majesté du lieu. Voilà, je le dis tout net, c'est un des plus bel endroit qu'il m'ai été donné d'aborder. Le club est très luxueux, les plaisanciers sages. Notre place à l'écart de la circulation nous permettra une nuit très calme. Pour 26,50 euros la nuit (navire de plus de 12,20m) c'est un tarif très attractif. Il a tout pour séduire ce Vieux Port. vieux port

Nous passons la soirée chez Karine, Jo et Shana. On ne se prive de rien cette année !

Jeudi 2 juillet 2009
Mouvement social à Météo France, pas de météo marine. Nous sommes sous régime de brise (si ça n'a pas changé depuis hier) nous décidons d'une petite escale en calanque de Sormiou. Nous tirons des bords sympathiques entre le château d'If (que je n'ai jamais vu de si près) et le le Frioul. Avant le platau des Chèvres le vent bascule et nous avançons petitement les voiles en cisaux. Ce qui nous laisse le loisir de détailler les roches. 

jaïre planeNous jouons avec la silhouette changeante de Rioux selon l'angle par lequel on l'admire. Imposante et rassurante, elle protège son troupeau d'îles : Tiboulen qui se confond avec Maïre, Jaron, Jaïre,. On repère des nuées d'oiseaux qui y nichent. Jusqu'à l'ïle Plane, une brume épaisse estompe les formes dès qu'on s'éloigne un peu. Dans les falaises verticales où se nichent les calanques nous mettons un point d'honneur à repérer l'entrée de Sormiou sans le GPS. Fastoche ! LDM pioche son ancre dans le sable avec un joyeuse pensée à vous autres, anciens compagnons de croisière qui avez profité avec nous de cette calanque sauvage et calme en d'autres temps. L'année dernière Dorine y a inauguré son gilet de sauvetage. Et comme l'année dernière, les rafales de vent y sont régulières et fortes. La météo aurait-elle évolué à notre insu.

sormiou

Vendredi 3 juillet.
Toujours mouvement social à Météo France, on se la coule douce à bord. Soirée sereine et rêveuse. Dans la nuit quelques rafales nous bousculent. Mais rien ne laisse prévoir le violent coup de canon qui ébranle tout le mouillage à 5 h du matin. Aussitôt quelques gouttes frappent notre toit. Pas un pet d'air. Des grondements lointains se rapprochent à grands galops. Nous voilà en vigilance orange, parés, mais à quoi au juste ? Nous passons la tête dehors pour voir un peu ce qui se passe. Une déchirure illumine les nuages, en quelques instants elle s'étire jusqu'au sommet de la paroi qui nous fait face. Une rude secousse ébranle toute la calanque. La foudre a frappé fort. Un craquement de ciel après l'autre. Le bombardement s'intensifie. C'est effrayant et terrible. En même temps, je ne suis pas inquiète. C'est bien la première fois. Il manque à ce spectacle la brutalité du vent qui accompagne en général les orages. Sans le vent, c'est un orage qui ne se prend pas au sérieux. C'est pour du beurre dirons-nous. Et c'est un bien joli spectacle que je quitte à contrecoeur pour m'abriter des trombes d'eau. A travers les hublots les éclairs illuminent le carré de leur lueur blafarde. C'est une nuit idéale pour les sorcières. Tenons-nous tranquille.

Samedi 4 juillet 2009
Départ début de matinée, cap sur l'Ile verte. Nous aurions pu y être abrité du NW mais nous avons choisi des fonds de sable à 10 mètres de profondeur et nous sommes trop près du passage du Bec de l'aigle, donc pas mal agités par des courants et remous divers. Vers 11h du soir, le plus fastueux des feux d'artifice nous est offert sur la Ciotat. Notre loge est la meilleure et nous en profitons un max. Plus tard, je reste longtemps dehors, fascinée par les petites barques de pêche qui tournent et virent au pied du Bec de l'Aigle. Feu rouge, feu vert, en alternance dansent dans le chenal, un coup babord, un coup tribord, je ne m'en lasse pas. Imaginez ces images de nuit dans le silence de la mer.

Dimanche 5 juillet 2009
Fatigués par les courants qui nous arrivent du cap, nous décidons de tenter l'un des mouillages en bord de plage de la Ciotat. Nous choisissons celui des Capucins. Et là nous sommes vraiment bien installés. Est-ce d'avoir été un peu secoués la nuit précédente ? Est-ce d'avoir fait trop d'extentions ou de contorsions en pliant la grand voile ? Voilà que Laurent recommence à se tenir de traviole et grimace au moindre mouvement. Il tente un bain dans l'après-midi, quelques mouvements sur le dos, porté par l'eau de mer... Nouvelle série d'anti-inflammatoire...

Une bonne nouvelle, la météo marine est revenue. Elle aurait mieux fait de continuer sa grève. Revenir pour nous annoncer un long coup de vent sur toute la zone, incluant Côte d'Azur... Zut alors, on était bien là. Force 4 à 6 annoncée, nous décidons de rester là jusqu'à lundi.

la ciotat 1la ciotat 2

 

 

 

 

 

 

Port de la Citotat

 

 

 

 

 

 

Lundi 6 juillet 2009.
Laurent n'est vraiment pas en forme. Les rafales secouent le bateau. Nous décidons de profiter du mauvais temps annoncé pour passer en phase repos. Nous avons la chance de trouver une place au nouveau port de la Ciotat. C'est moins chouette que Marseille mais nous sommes parés pour voir passer les mauvais coups du vent. Plus tard, dans quelques jours nous aviserons. La seule chose que nous connaissons de la Ciotat c'est ce port où nous avions fait une courte escale avec Sybille et sa famille en 2003 et la base de planche à voile, du temps que Laurent et Jo s'y offraient de grands frissons sportifs... Tourisme à la Citotat donc. Si le temsp est trop pourri, on ira au cinéma. Quand je vous dit qu'on part pour des supers vacances !

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- Alloo, je voudrais parler à la Noiraude s'il vous plaît.
- Ne quittez pas, je suis son fils...
- Merci Monsieur, dites lui que c'est de la part de son ami Grignot'âge. - ... ... ...
- Allo, - Allo, c'est toi la Noiraude ?
- Oui, salut Grignot'âge, alors t'es où ?
- Sur Lune de Miel, j'ai tout fait comme tu m'as dit.
- Tout va bien alors ?
- Oui, enfin, je ne sais pas... Je voudrais ton avis. Toi, tu as beaucoup navigué avec ces personnages à petites oreilles, tu les connais bien. Crois-tu que je peux quitter ma cachette et me montrer ?
- Bien sûr, pourquoi ne pourrais-tu pas ?
- Parce que j'ai mauvaise réputation moi. Je ne suis pas comme toi, une bête à cornes, nonchalante, gentille et maternelle. A force de t'entendre parler de tes nav, je voulais vivre ça au moins une fois dans ma vie avant de finir en estoufade dans une cocotte en fonte. Mais je n'ai pas prévu de naviguer coincé sous le plancher d'un voilier. Mariné dans les eaux saumâtres des fonds, avant de finir mariné au vin rouge, c'est pas comme ça que je voyais ma vie. Et si j'en sors pour qu'on me précipite par dessus bord pour conjurer la malédiction de la bestiole à longues oreilles, quelle horreur. J'ai pas appris à nager dans mon champ de luzerne...
- Tiens, tu me fais rire. Ne crains rien, ils sont braves les deux longues pattes et petites oreilles. Tu n'as qu'à apparaître le matin au p'tit déj avec ton plus beau sourire et en frétillant de tes longues oreilles, ils vont t'adorer.
- Avec une carotte entre les dents peut-être ?

PS : pour les fondus de Coucou.net, ceux qui sont peu habitués aux finesses psychologiques du monde marin. Il faut savoir que le personnage à longues oreilles est complètement tabou et porte une poisse colossale aux navigateurs. Il est absolument interdit de séjour à bord, que ce soit sous forme de terrine ou de peluche. Afin de ne permettre aucune prise à la malédiction sur les embarcations amies qui me lisent, je ne le cite que par des métaphores. Je ne voudrais pas qu'il se manifeste chez eux à travers leurs systèmes informatiques. C'est donc de ma part un clin d'oeil taquin à nos amis en partance pour l'atlantique. Vos aventures seront plus palpitantes que les miennes et j'attends de vos nouvelles avec impatience. Bonne nav ! JanouB

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