Espagne 1- depart CC par Cap Creus
Jeudi 17/10/19
Quelques reports de dates dus à l'organisation de la vente de l'appart Barri-Velaux, mais voilà, nous y sommes. La vente de l’appart attendra.... Le petit camion est prêt à démarrer, toutes les issues de la maison sont bloquées et protégées… pas de klaxon intempestif. Le pilote est au volant. J’ai encore les clés de la maison dans la main. Départ immédiat.
- T'as bien fermé partout Laurent, je peux ranger les clés ?
- Oui, je crois.
- Tu crois ou t'es sûr ?
Laurent se gratte le front de la main gauche, la droite sur la clé de contact. Il réfléchit. Patientons. Je vois passer dans ses yeux les innombrables issues de notre minuscule maison. Il ouvre sa portière, se tourne vers moi avec un sourire confondant.
- Chère passagère, un retard imprévu de quelques minutes est annoncé sur votre ligne de départ...
- Oh non, j’y crois pas !
- T’inquiète pas. Je crois que j'ai oublié la grille arrière du hangar… Juste le temps de vérifier.
Je lui tends les clés de la maison avec un soupir.
- Vaut mieux t'en assurer, y'a tout le matos jardinage et bricolage. Et puis, imagine qu’on te vole l'établi de grand papa… ou les incroyables boites rouillées ou se morfondent tes milliers de vis, boulons et autres écrous...
Il me laisse pas le temps de déblatérer davantage. Il est déjà dans le jardin.
Je réfléchis à ce que je peux avoir oublié moi aussi, puisque j'ai quelques secondes de répit…
Des coups sourds, lents mais puissants, me tirent de mes réflexions.
- Mais qu'est-ce qu'il fait ?
Je me précipite à l'arrière du hangar. Vous savez, là où il a installé son abri à bois tout en verre et dont nous sommes si fiers… Il semble d'ailleurs que nous soyons les seuls à trouver cette installation esthétique… Laurent a monté une jolie pile de buches le long du mur, contre lequel doit passer la grille pour se fermer… Mais le mur n'est pas aussi rectiligne que nous le voyons, et la grille bute dans l'un et l'autre des bois qui dépasse et Laurent à grands coups de buche enfonce les obstacles… C'est sans fin, y'a toujours un bout de bois qui « proémine »…
Comme d’hab, nous sommes presque partis.
1ère nuitée : N 43.72458 E.4.42057 Oliveraie JeanJean à Saint Gilles.
Accueil sympathique au coeur de la Camargue. Par la N113 on longe des km de marais pas un seul oiseau à l'horizon, ni dans la boue. Nous entrons dans l'Oliveraie qui sera notre aire pour la nuit. L'impressionnant portail digne d'un château, ferme à 18h pour rouvrir à 9h le lendemain. Nous voici consignés à résidence. Une promenade tardive à travers les oliviers dans l'immenses propriété nous donne un singulier sentiment de liberté. Une nuit peuplée de sons étranges, piétinements autour du petite camion, ronflements, grondements. Un sanglier prisonnier des oliviers, passera la nuit dans notre voisinage.
Au matin, nous ferons provisions d'une huile bio exceptionnelle en saveur. (23€ le litre, info pour Danièle T)
Vendredi 18/10/19 L'Ille sur Têt.
Pause improvisée dans le jardin sauvage et magnifique de notre amie Marie Hélène. Je m'émerveillerai toujours de ces retrouvailles que les hasard de la route nous offrent. Des années que nous n'avions quasi pas communiqué toutes les deux. Mais le contact se rétablit instantanément au premier regard. Telles sont nos amitiés. Le temps n'a pas de prise sur nous… La soirée avec les enfants et petits enfants nous plongent dans un univers familial que nous adorons. Merci Marie-Hélène.
Samedi 19/10/19 Port Vendre.
Faut que j'vous dise. Je tenais beaucoup à cette pause. Port vendre, qui fut quelquefois notre abri rassurant et merveilleux lors de nos traversées Baléares avec Abaca. Je retrouve cette belle petite ville estivale fidèle à mon souvenir. Les quais sont quasi déserts et les boutiques vides de clients. Rien à voir avec la folie touristique du plein été. Un yacht en panne se fait remorquer le long des quais mais le vent par bourrasques irrégulières le rabat sur un bateau de pêche amarré. Empêtrement de coques et de cordages, agitation sur le yacht du pilote seul à bord qui ne sait où donner du cordage. Cris dans le remorqueur SNCM. Défenses qui valdinguent sur le pont, y'a pas moyen que le vent les laisse se coincer entre les bords des deux navires amarrés.
- Finalement, c'est plus relaxe à terre tu crois pas ?
- Si sûrement, mais c'est plus monotone…
- Peut-être que ça ne nous plaît pas tant que ça, l'aventure en mer.
C'est donc décidé officiellement, nous tirons un trait -définitif- sur l'idée de navigation autonome.
Le museau au ras du bitume, le petit camion a trouvé où se poser, juste au dessus du port; une aire de camping formidable, quasi déserte avec de beaux emplacements au départ du sentier qui mène au cap Béart. Petite rando qui nous enchantera. Ce cap a été pour nous un passage redoutable avant celui du cap Creus du temps de notre virée vers l'Atlantique avec Lune de Miel.
Pique nique à l'abri des rochers, sous l'oeil fort intéressé des oiseaux côtiers.
Depuis quelques minutes Laurent s'agite, gesticule, émet des sons étranges, la bouche en cul de poule (si j'ose dire)
- Tu vois, je communique avec les goelands maintenant ?
- Vraiment ?
- Regarde, j'ouvre les bras, celui-là devant, il va ouvrir les ailes.
Laurent toujours assis, le sandwiche dans sa main, le tend joyeusement vers le ciel en couinant… ce qui devrait être un appel à un ami ailé.
- Et ça marche, mieux que prévu... vraiment je me marre !
Trois oiseaux fondent sur sa main. Il a le réflexe de balancer aussi sec quelques miettes loin devant lui. Ce qui déroute les prédateurs de sandwiches. Ouf !
Je me dis que Laurent semble avoir un compte à régler avec les oiseaux de mer. Pas vous ?
Un gros nuage noir fonce dans le ciel, le vent forcit en passant à l'ouest. Une pluie fine brouille le paysage. Le temps de nous dépêtrer de nos légers ponchos de poche, et hop, descente vertigineuse sur les pointes de nos grolles. et moi je rigole toujours, mais pas autant que la pluie torrentielle sur notre sentier.
Du 21 au 24 octobre 2019-Banuyls
Tempête générale annoncée et particulièrement redoutable dans notre secteur. Nous décidons de nous installer au camping municipal de Banuyls (16,00 € la nuit TTC) particulièrement protégé. Nous choisissons une terrasse en hauteur, histoire de voir passer les torrents de pluie sans être inondés. Trois jours de lecture et farniente, musique et mots croisés. Le filet d'eau que Laurent s'est amusé à creuser à l'arrière du petit camion se tranforme rapidement en torrent… mais devant la porte, on a les pieds au sec quand on pointe le nez sous l'averse. La nuit ça tembourine sur le toit. Une dégringolade de grêle fond sur notre petite habitation. Des sons plus sourds que sur la coque alu de Lune de Miel, mais comparables cependant. D'autant plus que par moment des rafales de vent nous balancent par le travers. J'adore. Ça te rappelle quelque chose Dorine ?
Vendredi 25/10/19
Nous souhaitons faire une pause à Cadaques. L'idée de retrouver des souvenirs de mouillage heureux, encore du temps d'Abaca. En particuliers avec notre ami Roger. Lorsqu'on arrive par la mer, on n'imagine pas que la terre est à ce point fermée. Pas un seul espace pour y ranger le petit camion. Ne venez surtout pas vous perdre dans des sens interdits et des interdicitons de stationnements pour CC qui nous contrarient grandement. Mais l'enthousiame revient à bord lorsque nous traversons le parc natuel magnifique de Cap Cerbères. Des pins maritimes, des chênes verts, toute végétation qui nous est familière. Ici elle est opulente et d'un vert profond qui me fascine. Nous sommes entourés de hauts sommets qui plongent vers la mer. C'est vertigineux. Qelle route sympathique.
Nous ferons une pause à Figueres avec l'idée de visiter le musée Dali. Mais la foule qui se presse à l'entrée nous décourage et puis la ville nous déçoit. Hors le centre touristique du musée, petite placette accueillante et chicos, nous passons un tas de rues transversales plutôt miteuses, qui ne donnent absolument pas envie de s'attarder. Et puis la peinture, c'est pas notre Dada comme pourrait penser l'illustre Salvador.
Nous voici de plein pied en Catalogne espagnole. Les revendications autonomistes fleurissent sur le moindre mur. Pas de doute, ici on s'active et on affiche ses tendances politiques, mais en douceur. Partout les catalans vaquent tranquillement à leurs occupations, boutiquiers, paysans, artisans. Pas d'agitation dans les rues, pas de blocages dans les carrefours, ni sur nos petites départementales. Nous traversons des villages paisibles et magnifiques. Les banderolles et affiches aux couleurs du pays catalan donnent à la moindre campagne un air festif très réussi. La Catalogne a dressé son grand pavois.
Mon seul problème c'est pour communiquer. Des mots en xr, xt, xn... et des i-grecs à tire larigot. Je n'y retrouve pas mon latin. En plus Je m'exprime fort maladroitement en espagnol. Je sens bien que mes interlocuteurs font un effort pour me comprendre, et répètent après moi des expressions approximatives de ce que je voulais dire... On finit toujours par se comprendre.
La ville de Peradala nous offrira de chouettes déambulations dans un monde médiéval presque authentique.
Mais c'est à Besalu que nous décidons de nous installer pour du tourisme plus profond. Le village est vraiment chouette et nous aimons nous perdre dans ces ruelles aux murs de roches sombres. La manière de réhabiliter ces vieux murs peut paraître discutable…. Mais nous, on aime bien.
Samedi 26 /dimanche 27 novembre.
La vallée du Ter, nous retiendra pour cette fin de semaine. Encore un bel abri, plein soleil, au pied du pond médiéval… Mais là faut que j'vous laisse, Laurent vient de sortir les vélos du coffre et piétine avec impatience.