Éstival 2006 - n° 6 Mardi 29 aout 2006.
Bilan de notre échouage:
Nous déplorons la perte d'une amarre neuve et d'une écoute de spi, qui ont coulé quand les policiers italiens nous ont si sauvagement fait gîter par surprise. Nous laissons derrière nous Syracuse, ses soirées gustatives au resto (car on avait besoin de se refaire un moral) et ses envoûtements.
Nous montons vers le nord de la Sicile. Première étape prévue à Cadena envrions 40 milles avant de se poser 25 milles encore au nord à Taormina pour réfléchir à notre passage de Messine.
En quittant Syracuse, dauphins encore dauphins. Quelle merveille de bestiaux !
Bientôt la silhouette grise de l'Etna déchire les nuages. On trouve un club nautique juste sous le volcan. Cadena, pas question de s'y éterniser. C'est sinistre. Le quartier du port est dégueulasse. La ville se délabre franchement. On ne sait pas pourquoi partout (la vieille ville de Syracuse souffre du même mal) les murs se couvrent de larges auréoles noires comme une maladie de peau incurable qui mangerait le derme. Bien dommage car ce qui résiste des monuments anciens est aussi de très belle architecture. Bien déprimant tout ça. Ici aucun effort de réhabilitation n'est tenté. On zone entre ruine et délabrement. C'est aussi la première ville de Sicile où nous rencontrons des immigrés noirs ou pakistanais pour la plupart...
On est dans les quartiers nords de la Sicile, ça se confirme.
Un jour plus tard, 25 milles plus tard, Taormina ! Une vaste baie, une belle zone estivale avec toujours l'Etna qui domine de sa sombre silhouette. Les roches de lave qui bordent le mouillage ont de drôles d'allures. Ici commence une végétation luxuriante. Tout autre chose et bien plus plaisant.
Notre première idée est de passer le mythique détroit de Messine et s'arrêter juste après pour reprendre nos esprits. Nous avons passé de longs moments de navigation à interpréter les marées, à faire des graphiques, à calculer le "meilleur moment". Mais c'est très flou tout ça pour nous.
En gros, notre route sud/nord est la moins favorable. Et c'est vrai. Quel que soit le moment, nous avons presque toujours un courant contraire. Heureusement ce jour, il est modéré mais nous fait perdre jusqu'à trois noeuds. Heureusement que le vent nous porte. Avant Messine, c'est assez génial car le vent n'a pas encore tourné, la mer est plate et on avance à 6/7 noeuds au bon plein. Le passage en S se devine et je nous vois le passer comme une lettre à la poste. Laurent qui a renoncé à ses lignes de pêche chantonne dans sa barbe "allons à Messi.. neuh... pêcher la sardi.. neuh.. ."
Le vrai danger est au niveau de Messine, une procession de navettes, cargos, tankers... Italie/Sicile qui traversent en permanence et dans les deux sens le redoutable détroit.
Juste après Messine, le vent tourne et on doit passer en tirant des bords. On n'en finit plus de se rapprocher de cette porte étroite. Le goulet, Thyrénée/Ionienne, fait à peine un mille de large. C'est assez étonnant. On avance petitement, vitesse spido 8 noeuds, vitesse réelle 5 noeuds, moteur à 1500 tours.. On a trois heures de marée avantageuse. Il faut absolument passer pendant ce moment.
Il est 15 heures quand enfin on est de l'autre côté du miroir.
Le stromboli apparaît comme un gros gâteau au chocolat sorti encore fumant du four. Les îles éoliennes nous font de bonnes promesses, surtout que le vent redevient favorable et qu'on devrait vite échapper au courant qui nous contrarie de ce côté là. Basta pour Vulcano moins connu donc plus calme à priori... Les îles éoliennes pour nous sont peu fréquentées mais les Italiens, ils adorent. Le tourisme local y est déchaîné.
Le mouillage de Vulcano est magnifique au pied du volcan. Mais les navettes font la queue pour s'y amarrer et on est secoué comme des pruniers par tous ces va-et-vient. L'une d'elles nous épate. Elle est posée sur ses pattes comme une énorme araignée d'eau ... Elle glisse à une vitesse folle. Quand elle ralentit, les pattes s'enfoncent dans l'eau et le bateau avance normalement. Moins rigolo, les émanations de souffre. C'est insoutenable.
Samedi 2 septembre 2006
Laurent a pêché un ENORME thon germont avant d'arriver à Vulcano.
Orgie de poisson pour quelques jours. J'en mets plein au sel, aïoli prévu à Velaux dans quelques semaines. Chiche les enfants !
On quitte Vulcano avec un mal de crâne atroce, est-ce l'abus de rosé pour accompagner le thon ou le souffre du volcan qui nous monte à la tête.
C'est malsain ici, cap sur Lipari. Génial Lipari. Une grande ville très coquette. Archi-touristique mais moins bousculée que Vulcano. Il y a beaucoup plus de places. Je vais essayer de vous envoyer ces deux messages d'ici.
Prochaine étape Capri. Dès que la météo nous sera favorable.
Bisous à toutes et à tous.
Janou B