Croisière cabotage le long de nos côtes en Méditerranée
Samedi 9 octobre 2021, aux aurores, donc pas tout à fait midi. Top départ, cap enfin défini… sud est, La Sainte Baume.
Nous quitterons les falaises rouges de la Sainte Victoire pour la vallée de l’Huveaune et sainte Zacharie. Jusque là pas de soucis, mais c’est sans compter sur les facéties du GPS. Il est spécial ce gps. Nous sommes certains de passer où qu’il nous guide. Nous ne risquons pas de tunnel inférieur à trois mètres. Nous ne risquons pas de faire écrouler un pont sous notre poids. Nous ne risquons pas de rester coincés dans un virage trop sec. Le seul risque, c’est son esprit d’aventurier. A partir de Sainte Zacharie, il nous embarque sur une route départementale à une voie de toute beauté, interdite au plus de 3T5. Les flans du petit camion décoiffent les herbes folâtres, bousculent les pétales des fleurs sauvages, frôlent presque les caillasses… Alllure escargot. Nous avons battu un record. Plus d’une heure trente pour 25 km. J’ai adoré ce parcours… Laurent certainement beaucoup moins.
Plan d’Aups parking immense, lieu dit : l’Hôtellerie… Fichtre, pour du parking, c’est du parking, des centaines de voitures sont alignées…Une concentration de véhicules sur des kilomètres. Découragés, on se réfugie dans le village, au bord des tennis vue imprenable sur la Sainte Baume.
Début de soirée, ambiance sympa autour du camion-pizza à une trentaine de mètres de nous. D’accord on n’avait pas prévu de la compagnie, mais ça va pas durer toute la nuit… Et puis c’est ça aussi l’esprit des vacances. Plus tard dans la soirée un martèlement de basses envahit l’espace sonore. On se décide à sortir du petit camion… Pas de pot, le « cercle » des jeunes est en pleine fièvre du samedi soir… A 22h on se doute que ça va se prolonger tardivement et c’est trop lourd pour nos oreilles. On retourne donc vers l’Hôtellerie. Bonne idée. Les parkings sont quasi déserts et nous offrent un choix de places inespéré. Nous nous cacherons le plus loin possible, en bordure de forêt. La route est juste là, mais y’a quasi personne qui circule la nuit. Ouf !
7 h le matin. Un autre ramdam nous sort de notre nuit. Des sortes de combis manoeuvrent à portée d’oreilles. Une horde d’humains semble se rassembler pas très loin. Très vite, ça rigole, ça chahute, ça piaille… Mais qu’est-ce qu’ils viennent faire là aussi tôt. Et puis des airs sont hurlés qui ressemblent à des chants religieux. Des centaines de voix, graves et aiguës, sans aucun souci d’ajustage. C’est phénoménal.
- Dis Laurent c’est quoi ce lieu ?
- Il paraît que c’est un lieu de pèlerinage, y’a une grotte un peu plus haut.
- Oh zut, C’est une secte qui s’échauffe pour son office du dimanche, si ça s’trouve.
- Attends, je jette un œil…
- Alors ?
- On dirait une corporation d’étudiants ou des scouts peut-être. Ils portent tous le même uniforme. Ils sont plus d’une centaine.
D’un coup, le silence nous tombe dessus.
- P'tit déj au calme, ils sont partis.
Hé non, une voix de baryton percutante entonne une chanson paillarde, que toute la clique (tête à claques) reprend à gorges déployées. Une horreur. Rapidement on entend que les hurlements s’estompent et que cette étonnante armée s’éloigne. Mais qu’est-ce qu’ils sont venus faire là ?
Histore de respirer un air plus vivifiant, et puis aussi parce que le Pic de Bertagne nous inspire. Faut qu'on repère les équipements du relais que nous avons si souvent cherché sur les ondes. Donc on change de campement. Nous trouvons un espace formidable pour nous garer à deux pas de la montée vers le sommet. D’un coup l’air nous paraît plus sain. Ho là, là, que c'est bon la forêt, les sentiers, les cailloux, et la solitude. Grolles et bâtons en avant, on se lance sur le plus sympa des sentiers. A quelques pas de là, on se heurte une fois de plus à une jeunesse exaltée, mais d'un autre gerne. Ici c'est l'heure ravitaillement du trail annuel de Cuges les Pins. Moyenne d’âge 40 ans, donc des gars et des filles, des hommes et des femmes, pleins d’ardeur. Une ambiance chaleureuse et vraiment sympa. Nous les laissons à leur ressourcement et nous attaquons la montée. Et ça c’est quelque chose.
Caillasses et rochers à escalader, sentiers instables, aucune sécurité, au bord de dégringolade de roches quelquefois. Nous ne tardons pas à tremper nos maillots… Nous avançons petitement avec grandes précautions. Les premiers « trails » nous foncent dessus. On se range pour les laisser passer. On fait quelques sauts de puce et un autre groupe s'annonce. Notre grimpée devient un jeu très rigolo car nous faisons de multiples pauses pour laisser passer des pelotons de coureurs, que notre ascension laborieuse gênerait ; Il flotte dans l'air un petit air de « diagonale du fou » qui nous plaît beaucoup. Ils sont tous très joyeux et très courtois. J’ai l’impression d’être une vache qui regarderait passer un train et lèverait le nez de son carré de cailloux à chaque wagon. Certains prennent le temps et nous taquinent alors j’en profite pour m’informer. Le trail fait deux circuits, 25 km ou 45 km, en tout plus de 1000 participants sont en course. Ce qui explique nos multiples stations.
- Au fait c’est quoi un trail ?
- Des grimpées, des descentes, les plus hasardeuses possible, et une tranche de saucisson, me répond l’un d’eux en rigolant, et croquant à belle dent sa rondelle en passant vite.
Il se fait dépasser par une magnifique jeune fille, toute en muscles et en finesse. Oh là, là qu’elle est belle.
Et ils foncent à travers rochers et caillasses, plus réjouis que jamais.
J’ai fait moissons de bonjours souriants et heureux pendant cette rando inattendue. J'ai engrangé toutes les sortes de saluts
Le bonjour pressé, à peine audible du mec hyper concentré sur lui-même, « bjour ! » ou plus laconique encore, « Mdame »… Et il passe. Il m’a pas vu. Lui, pas de doute, il fait la course.
Le bonjour courtois, « Bonjour, merci » mais toujours pressé, il me jette un regard rapide. Pas que ça à faire.
Le bonjour affable, « Bonne journée, merci Madame » il prend le temps de me voir. Ça peut aller jusqu’à un échange de regards. Il fait la course mais en dilettante.
Le bonjour qui est le dessus du panier, vous savez ce bonjour qui s’attarde sur vous, qui s’accompagne d’un large sourire, et qui vous répond avec chaleur : « bonjour Madame, belle journée pour crapahuter ! » Il fait la circuit mais pas la course.
Et puis, nous touchons le sommet, qui domine les montagnes et permet au loin d'apercevoir Marseille ou la mer... Fantastique.
Une grimpée ardue qui nous a bien plu et que nous referons avec plaisir.
Quant au retour, ouillle ouille ouille. Le GPS, (toujours facétieux) nous propose une descente sur route d'accès aux antennes. On se réjouit de ce confort inattendu car on en a plein les pattes et les genoux qui grincent. Manque de pot, cette sympathique descente en zone militaire est interdite au public... Bon ça nous aura juste permis un grand détour pour une rando d'une sizaine d'heures...
Dimanche, petit déjeuner de rêve dans la douceur d'un soleil généreux. Trop bon. Nous décidons d'aller à la découverte du sanctuaire de Sainte Madeleine. Une vraie promenade pour un dimanche. Le sentier est matérialisé par de larges marches. Allée des roys qui nous mène à douce allure à la voie Royale. La forêt est fouilli-feuillue, comme je les aime, totale anarchie, comme si l'homme n'avait pas réussi à la domestiquer. Oh là, là, que c'est bon tout ça. .
La Sainte Baume, j'adore ! vraiment !
Esprit vacance es-tu là ?
Vacance = état d'une charge, d'une place non occupée.
Ou bien , Vacances = période de congé des travailleurs...
29 juin 2009
Ces deux visions du mot vacance me plaisent bien. Sauf que si nous avons l'esprit, nous n'avons pas la matière. Le dos de Laurent ne se remet pas d'aplomb. Il s'est levé comme ça un matin tout de travers après quelques acrobaties nocturnes (à priori solitaire ?) et depuis il donne dangereusement de la gîte à babord. Notre départ n'en finit pas de se compromettre depuis bientôt deux semaines. Cependant, Velaux, lundi 29 juin 2009, au saut du lit. Laurent a des fourmis dans les gambettes. Il fait quelques pliages d'assouplissement. Et ça ne se passe pas si mal. Il est 8h du matin, j'émerge à peine. Laurent s'étire. Ma parole, le voilà parfaitement vertical.
- Saute du lit, si t'es d'accord, on quitte Velaux. !
Pensez si je suis d'accord. D'autant plus, qu'on a encore plein de trucs à bord qu'il faut finir avant de partir. Et qu'on a laissé en plan. Mais Laurent balaie tout ça d'une pichenette. Il faut impérativement passer nos bosses de ris dans le lazzy bag. C'est la seule chose qui importe dit-il. Peu de chose en somme. Et oui, il a dit, il pourra le faire... On est presque parti. Youpi ! Notre ami Claude nous dépose à Martigues dans l'après-midi. Ami Claude, que serions-nous sans toi ?
Nous resterons un jour au port de Martigues, histoire de tester la mobilité de Laurent à bord, et de nous mettre bien à fond dans l'esprit vacance. Nous nous attelons ensemble à l'installation des prises de ris. Quoi d'autre encore ? Il me semblait qu'il y avait une foultitude de bricoles à finir, et voilà que d'un coup, le navire est tout à fait opérationnel. Peut-être suffit-il de décider que nous sommes prêts !
Mercredi 1er juillet 2009 .
J'ai oublié de vous dire que la première innovation révolutionnaire de cette année, c'est une escale à Marseille Vieux Port. Car LDM, (Lune de Miel), n'a jamais posé sa quille dans la Vieux Port, inconcevable non ! Pour l'heure, l'ouverture du pont de Martigues est annoncée imminente. Je balance mon seau de rinçage en même temps que les amarres. Pour une fois notre quille ne piétinera pas de longues minutes impatientes à l'entrée du canal. J'adore ce départ bousculé, il imprègne notre départ d'une poussée dont nous avons grand besoin. L'air est doux dans le canal. A l'ombre du bimini, les quais défilent joyeusement. Salut Petite Venise Provençale !
C'est quoi ce joli sillage parfaitement symétrique de part et d'autre du safran ? Juste un p'tit oubli de nos anodes qui surfent gentiment sur le dos... Allez mes jolies, retour dans votre casier. Baguenauder dans l'eau, c'est pas le moment. On a de la route à faire. Le vent est au SW, passé le cap couronne, on attaque la côte bleue hardiment. Vitesse moyenne 4,5 nds. La mer est plate, juste un peu frisée avec jeux de lumière et d'ombre, LDM (Lune de Miel ) un rien joueur donne l'impression de sauter d'un carré de lumière à une tache d'ombre. Mais c'est de marelle qu'il s'agit ici, pas de saute mautons. Nous sommes quasiment seuls à naviguer. Si seuls et si proches des côtes dont les mouvenemts lointains, reflets de pare-brise, éblouissements de vitres, couleurs de vêtements, silhouettes animées nous permettent d'imaginer toute ces vies qui se bousculent à terre. Les pôvres ! Ce ne sont pas des images sans paroles. Entendez le pchouit, pchouit, pchouit si familier, si doux, si délicieux de la coque et le froissement de l'écume sur la mer. Panne de vent en début d'après-midi. Le cap Méjean n'en finit pas de s'arrondir, il y a longtemps que le Frioul esquisse ses côtes dans la brume d'été. Mais il ne se rapproche guère. D'un coup Marseille apparaît au fond d'une baie immense et la brise revient très soutenue. Nous fonçons entre l'Estaque et le Frioul à plus de 7 nœuds. A l'ombre il fait trop frais alors que je me love au soleil.
Entrée du Vieux port, bordé par les remparts roses du Fort Saint Jean à babord, par les jardins verdoyants du Pharo à tribord, dominé par les scintillements de Notre Dame la garde en hauteur. Grandiose. Le quai d'accueil est fort encombré. Entre les navettes touristiques, les canots et embarcations qui croisent et dépassent n'importe comment, le ferry-boat qui lambine au milieu, où se caser? Réponse immédiate. Un zodiac de la Société Nautique de Marseille (SNM) vient à notre rencontre pour nous guider en lieu sûr. Bien commode tout ça et inespéré. Amis navigateurs, le Vieux Port de Marseille, c'est la totale sécurité. J'ai beau êre une habituée piétonne des quais, me voilà encore toute esbaudie par la majesté du lieu. Voilà, je le dis tout net, c'est un des plus bel endroit qu'il m'ai été donné d'aborder. Le club est très luxueux, les plaisanciers sages. Notre place à l'écart de la circulation nous permettra une nuit très calme. Pour 26,50 euros la nuit (navire de plus de 12,20m) c'est un tarif très attractif. Il a tout pour séduire ce Vieux Port.
Nous passons la soirée chez Karine, Jo et Shana. On ne se prive de rien cette année !
Jeudi 2 juillet 2009
Mouvement social à Météo France, pas de météo marine. Nous sommes sous régime de brise (si ça n'a pas changé depuis hier) nous décidons d'une petite escale en calanque de Sormiou. Nous tirons des bords sympathiques entre le château d'If (que je n'ai jamais vu de si près) et le le Frioul. Avant le platau des Chèvres le vent bascule et nous avançons petitement les voiles en cisaux. Ce qui nous laisse le loisir de détailler les roches.
Nous jouons avec la silhouette changeante de Rioux selon l'angle par lequel on l'admire. Imposante et rassurante, elle protège son troupeau d'îles : Tiboulen qui se confond avec Maïre, Jaron, Jaïre,. On repère des nuées d'oiseaux qui y nichent. Jusqu'à l'ïle Plane, une brume épaisse estompe les formes dès qu'on s'éloigne un peu. Dans les falaises verticales où se nichent les calanques nous mettons un point d'honneur à repérer l'entrée de Sormiou sans le GPS. Fastoche ! LDM pioche son ancre dans le sable avec un joyeuse pensée à vous autres, anciens compagnons de croisière qui avez profité avec nous de cette calanque sauvage et calme en d'autres temps. L'année dernière Dorine y a inauguré son gilet de sauvetage. Et comme l'année dernière, les rafales de vent y sont régulières et fortes. La météo aurait-elle évolué à notre insu.
Vendredi 3 juillet.
Toujours mouvement social à Météo France, on se la coule douce à bord. Soirée sereine et rêveuse. Dans la nuit quelques rafales nous bousculent. Mais rien ne laisse prévoir le violent coup de canon qui ébranle tout le mouillage à 5 h du matin. Aussitôt quelques gouttes frappent notre toit. Pas un pet d'air. Des grondements lointains se rapprochent à grands galops. Nous voilà en vigilance orange, parés, mais à quoi au juste ? Nous passons la tête dehors pour voir un peu ce qui se passe. Une déchirure illumine les nuages, en quelques instants elle s'étire jusqu'au sommet de la paroi qui nous fait face. Une rude secousse ébranle toute la calanque. La foudre a frappé fort. Un craquement de ciel après l'autre. Le bombardement s'intensifie. C'est effrayant et terrible. En même temps, je ne suis pas inquiète. C'est bien la première fois. Il manque à ce spectacle la brutalité du vent qui accompagne en général les orages. Sans le vent, c'est un orage qui ne se prend pas au sérieux. C'est pour du beurre dirons-nous. Et c'est un bien joli spectacle que je quitte à contrecoeur pour m'abriter des trombes d'eau. A travers les hublots les éclairs illuminent le carré de leur lueur blafarde. C'est une nuit idéale pour les sorcières. Tenons-nous tranquille.
Samedi 4 juillet 2009
Départ début de matinée, cap sur l'Ile verte. Nous aurions pu y être abrité du NW mais nous avons choisi des fonds de sable à 10 mètres de profondeur et nous sommes trop près du passage du Bec de l'aigle, donc pas mal agités par des courants et remous divers. Vers 11h du soir, le plus fastueux des feux d'artifice nous est offert sur la Ciotat. Notre loge est la meilleure et nous en profitons un max. Plus tard, je reste longtemps dehors, fascinée par les petites barques de pêche qui tournent et virent au pied du Bec de l'Aigle. Feu rouge, feu vert, en alternance dansent dans le chenal, un coup babord, un coup tribord, je ne m'en lasse pas. Imaginez ces images de nuit dans le silence de la mer.
Dimanche 5 juillet 2009
Fatigués par les courants qui nous arrivent du cap, nous décidons de tenter l'un des mouillages en bord de plage de la Ciotat. Nous choisissons celui des Capucins. Et là nous sommes vraiment bien installés. Est-ce d'avoir été un peu secoués la nuit précédente ? Est-ce d'avoir fait trop d'extentions ou de contorsions en pliant la grand voile ? Voilà que Laurent recommence à se tenir de traviole et grimace au moindre mouvement. Il tente un bain dans l'après-midi, quelques mouvements sur le dos, porté par l'eau de mer... Nouvelle série d'anti-inflammatoire...
Une bonne nouvelle, la météo marine est revenue. Elle aurait mieux fait de continuer sa grève. Revenir pour nous annoncer un long coup de vent sur toute la zone, incluant Côte d'Azur... Zut alors, on était bien là. Force 4 à 6 annoncée, nous décidons de rester là jusqu'à lundi.
Port de la Citotat
Lundi 6 juillet 2009.
Laurent n'est vraiment pas en forme. Les rafales secouent le bateau. Nous décidons de profiter du mauvais temps annoncé pour passer en phase repos. Nous avons la chance de trouver une place au nouveau port de la Ciotat. C'est moins chouette que Marseille mais nous sommes parés pour voir passer les mauvais coups du vent. Plus tard, dans quelques jours nous aviserons. La seule chose que nous connaissons de la Ciotat c'est ce port où nous avions fait une courte escale avec Sybille et sa famille en 2003 et la base de planche à voile, du temps que Laurent et Jo s'y offraient de grands frissons sportifs... Tourisme à la Citotat donc. Si le temsp est trop pourri, on ira au cinéma. Quand je vous dit qu'on part pour des supers vacances !
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- Alloo, je voudrais parler à la Noiraude s'il vous plaît.
- Ne quittez pas, je suis son fils...
- Merci Monsieur, dites lui que c'est de la part de son ami Grignot'âge. - ... ... ...
- Allo, - Allo, c'est toi la Noiraude ?
- Oui, salut Grignot'âge, alors t'es où ?
- Sur Lune de Miel, j'ai tout fait comme tu m'as dit.
- Tout va bien alors ?
- Oui, enfin, je ne sais pas... Je voudrais ton avis. Toi, tu as beaucoup navigué avec ces personnages à petites oreilles, tu les connais bien. Crois-tu que je peux quitter ma cachette et me montrer ?
- Bien sûr, pourquoi ne pourrais-tu pas ?
- Parce que j'ai mauvaise réputation moi. Je ne suis pas comme toi, une bête à cornes, nonchalante, gentille et maternelle. A force de t'entendre parler de tes nav, je voulais vivre ça au moins une fois dans ma vie avant de finir en estoufade dans une cocotte en fonte. Mais je n'ai pas prévu de naviguer coincé sous le plancher d'un voilier. Mariné dans les eaux saumâtres des fonds, avant de finir mariné au vin rouge, c'est pas comme ça que je voyais ma vie. Et si j'en sors pour qu'on me précipite par dessus bord pour conjurer la malédiction de la bestiole à longues oreilles, quelle horreur. J'ai pas appris à nager dans mon champ de luzerne...
- Tiens, tu me fais rire. Ne crains rien, ils sont braves les deux longues pattes et petites oreilles. Tu n'as qu'à apparaître le matin au p'tit déj avec ton plus beau sourire et en frétillant de tes longues oreilles, ils vont t'adorer.
- Avec une carotte entre les dents peut-être ?
PS : pour les fondus de Coucou.net, ceux qui sont peu habitués aux finesses psychologiques du monde marin. Il faut savoir que le personnage à longues oreilles est complètement tabou et porte une poisse colossale aux navigateurs. Il est absolument interdit de séjour à bord, que ce soit sous forme de terrine ou de peluche. Afin de ne permettre aucune prise à la malédiction sur les embarcations amies qui me lisent, je ne le cite que par des métaphores. Je ne voudrais pas qu'il se manifeste chez eux à travers leurs systèmes informatiques. C'est donc de ma part un clin d'oeil taquin à nos amis en partance pour l'atlantique. Vos aventures seront plus palpitantes que les miennes et j'attends de vos nouvelles avec impatience. Bonne nav ! JanouB
Vendredi 10 juillet 2009 -Bassin Bérouard- la Ciotat
4ème jour de tourisme à la Ciotat. Nous sommes amarrés en avant et c'est pas terrible car le quai est particulièrement bas. Assez facile pour descendre, après un grand écart, il suffit de se laisser tomber par terre, mais pour monter c'est nettement plus acrobatique, voire quelque peu hasardeux. Tensions, extensions, poussées, tirages, élongations. Nos vieilles douleurs se réveillent. Passons sur ces désagréments secondaires.
Au coeur de la ville, découverte d'un marché fort agréable mardi matin. Flânerie sur les quais du Vieux port qui se transforme en foire artisanale et touristique en soirée. Babioles et trouvailles en tous genres, parfaitement inutiles pour la plupart donc indispensables aux vacanciers. Laurent a falli acheter une toile peinte à la bombe... Ouf, après réflexion, y'a pas de place sur nos murs. La maison de Velaux l'a échappé belle.
Nous avons visité le musée des Frères Lumières. Retour aux origines du cinéma qui était en ce temps là de l'ordre de la science plus que de l'art cinématographique. Nous avons été captivés tous les deux avec un rien de nostalgie aussi. La chapelle des Pénitents Bleus propose une expo peinture sur le thème de la " musique " un vrai régal. L'ambiance à la Ciotat est très festive et très agréable. C'est une ville sage en même temps. Ambiance très familiale. J'aime bien. A bord le vent hurle dans les haubans, ça cliquette et ça grince dans tout le voisinage. Nous sommes contents d'échapper aux aléas du mouillage avec des pointes de vent qui s'affichent à plus de 35 noeuds. On se lève le matin avec 15° dans le carré, les petites laines sortent des placards. Nous profitons de notre désoeuvrement pour travailler sur le court métrage de " Mon Village ". Le deuxième jour, j'ai la sotte idée de vouloir prendre une douche chaude au port. Les sanitaires sont de vraies étuves et j'ai vraiment froid en remontant à bord. Pas de pot. Après ce coup de chaud et froid, j'éternue cent fois et dans la nuit je couve une bonne fièvre sous la couette. Saint Paracétamol intercédez pour moi.
Samedi 11 juillet 2009. Accalmie météo. La queue de mistral résiduelle annoncée force 3 ...4 nous séduit. Filons vers l'Est. Dans la matinée, nous traversons la baie de la Ciotat, belle allure de largue, vitesse 5/6 noeuds. Je me love au soleil. Ma toux prend du recul. Au niveau de la Baie d'Alon juste avant Bandol, les creux sont plus profonds, pas loin de 1 mètre, le vent passe arrière. LDM est poussé sous les fesses. Il adore ça ce bateau farceur. On fait des bonds en avant. Pas forcément confortable mais on fuse sur l'écume. Du coup on ne s'arrêtera pas à Bandol. Joyeuses pensées Amis Bour ! Vous savez bien, en méditerranée, il faut toujours profiter de ces momnets bénis.
Nous avons bien fait de pas traîner, à 15h, notre vitesse tombe en dessous de 2 noeuds, le génois se ramollit... Moteur ! Au niveau du Cap de Carceirane, une accélération soudaine nous permet de renvoyer le génois seul. La mer est beaucoup plus calme ici, et notre balade devient fort agréable avec une vitesse constante de 5 noeuds 1/2. Pas de doutes le cap Cepet est une frontière météo très précise. Nous traversons la petite passe des îles d'Hyères lumineuses sous le soleil. Nous les laissons à tribord. Nous décidons d'aller nous abriter à l'Est de la pointe de l'Estérel, Presqu'île de Giens que nous savons agréable. C'est immense et nous posons notre ancre par 8 mètres de fonds avec 40 mètres de chaîne. Il y a quelques herbes superficielles mais l'ancre les traverse sans problème. Vu la longueur qu'on aligne, totale sécurité. C'est ça qui est chouette dans les vastes mouillages, on s'étale, on s'étale... Un voilier qui lui, ne s'est pas assez étalé dérape pendant que les propriétaires visitent la côte. On le voit partir sous une rafale force 6, et dériver lentement; ça vous rappelle quelque chose de nos aventures ? Laurent souffle à fond dans sa corne de brume pour prévenir les plus proches voisins. Concentrés sur leur pastis, ils ne voient rien venir. Finalement ils réagissent magistralement au moment où le fuyard va les percuter par l'arrière. Ils arrivent à le retenir. Ils le mettent à couple et attendent jusqu'à 21 heures que les chanceux propritaires récupèrent leur bien. (pas bileux pour deus sous, ils ont joyeusement festoyé à terre en prenant leur temps. Décidément ça me rappelle quelque chose !) Nous voilà pour de bon dans le monde de la plaisance et de ces petites surprises !
Dimanche 12 juillet 2009
Les vents sont annoncés de flux d'Est, La protection ici devient douteuse. Il va falloir déménager. La mer est à 17° les baigneurs sont rares et l'immense plage très clairsemée. Mais où sont donc cachés les estivants ? Nous décidons de traverser la passe et rejoindre Porquerolles juste en face de nous. Nous quittons le mouillage à 17h15, alors qu'un rideau de brume tombe sur la mer. Nous avons observé qu'il y a deux moments favorables pour s'installer dans un nouveau mouillage. C'est en matinée vers 10h, quand ceux du matin sont partis ou en instance de départ et que les suivants ne sont pas encore arrivés. Ou alors entre 19h et 20h, quand les locaux quittent tardivement les lieux pour rentrer au port. Ils sont légions à laisser d'immenses trous dans le mouillage après un dernier apéro à bord. Lorsque nous traversons la passe par vent arrière avec juste le génois, on croirait croiser un boulevard. Les embarcations de toutes les sortes et de toutes les tailles pétaradent ou fusent de tous les côtés. Des voiliers tirent des bords dans tous les sens. Ca ronfle, ça vrombit, ça chuchote.... Bruyant et agité. Nous ne risquons pas de nous endormir mais faut pas rêver non plus.
Lorsque nous sommes au milieu de la passe, la presqu'île de Gien et toute la baie de Hyères sont noyées dans le brouillard. Devant nous, des collines grises et des forêts de mats... Il semble qu'il y ait un monde fou à Porquerolles. A tel point que j'ai un doute, c'est des mas ou les troncs des arbres ?
- Dis Laurent, tu crois que c'est une bonne idée d'aller se fourvoyer par là?
- Mais oui, t'inquiète pas, on a besoin juste d'une petite place pour LDM.
Il a raison. Il doit bien y avoir une centaine de bateaux au mouillage mais cette baie d'Alicastre, à l'Est de Porquerolles est immense. Fonds de sable, nous mouillons dans un vaste espace par 6 mètres de fonds. Je dormirai tranquille.
Lorsque la nuit tombe, le vent aussi. Le mouillage devient étrangement calme. Les bandes de brumes se répandent tout le long de la côte.
A 22h, nous savourons cette nuit magnifique à l'abri du cockpit, enveloppés dans nos petites laines. Depuis que j'ai pris froid à La Ciotat, je n'arrive plus à me réchauffer. Oublions ça, la soirée est si belle. Le brouillard a absorbé nos voisins. Les feux de mouillage jettent leurs éclats dans la grisaille. Leurs reflets scintillent dans l'eau sombre comme de grosses étoiles tombées du ciel. Il pleut de la lumière dans le silence de la baie d'Alicastre. Nous sommes seuls au monde. Porquerolles est un lagon magnifique.
******************************************************************INTERMÈDE********************************************************************* - Allo, bonjour, je voudrais parler à La Noiraude.
- Ah, c'est toi, bonjour Grignot'age. Quoi de neuf ?
- C'est beau, c'est magnifique. C'est tout comme tu racontais. La mer, l'écume, le vent, la navigation. J'adore. Et j'ai même pas le mal de mer. - Alors tout va bien !
- Oui, enfin non, pas vraiment c'est pour ça que je t'appelle.
- T' es sorti de ta planque quand même ?
- Oui, bien sûr. Ils sont trop gentils à bord. Ils m'ont installé un abri dans le casier à casquettes. Un vrai nid de douceur. En plus je suis parfaitement calé. Super, vraiment ! Ils ont rigolé quand ils m'ont frôlé avec leurs pieds nus sous la table du petit déjeuner. Ils m'ont tout de suite adopté. Nous nous amusons, et nous baignons dans la tendresse, faute de profiter de l'eau de mer. A part la fraîcheur de l'air et de l'eau, c'est super.
- Alors où est le problème ?
- Le problème c'est que depuis que je suis là, il leur est arrivé quelques misères. Lui, il se déboîte le dos en permanence en plus il s'est brutalisé un orteil en courant à l'avant du bateau. Il marchait à peu près droit maitenant il boite. La femme tousse, tousse. Elle frissonne, elle a tout le temps froid. Tu crois que c'est de ma faute, que je leur porte la poisse ? Je n'ose plus les regarder, je culpabilise à mort.
- T'es vraiment cloche toi. Tu n'es pas responsable de tous les maux qui tombent sur les humains, qu'ils soient à bord ou à terre. Ils sont assez grrands pour faire leurs misères tout seuls. Probablement qu'à bord tu vas devenir leur mascotte. Quand un humain croise un truc à poils, à queue et à quatre pattes, il en fait toujours sa mascotte. j'ose dire que tu leur es indispensable.
- T'as peut-être raison car ils sont toujours aussi aimables avec moi. Pas un seul regard douteux, pas une seule allusion désobligeante. Ils ont renouvelé ma provision de carottes bio et avec les fanes, s'il vous plaît. Il me dispensent joyeusement leurs caresses. J'aurais jamais cru que ça me plairait d'être traité aux petits oignons. Tiens, j'ai bien fait de t'appeler. Tu m'as redonné confiance en moi. Merci !
- Pas de quoi. Celui qui n'a pas de doute n'a pas de conscience.
- Hélas, chère Noiraude et le poids des traditions pèse lourd sur la conscience !
Mardi 14 juillet 2009. Baie d'Alicastre Porquerolles.
Réveil secoué à 8h. Coup de vent NE annoncé notre abri promet de devenir inconfortable. Décision quasi immédiate de filer vers le nord du bassin, Miramar la Londe par exemple. Même pas le temps de boire un café. Le vent forcit à vue d'oreilles. Nous filons au prés très serré avec deux ris dans la grand voile et un bout de génois. On bondit sur l'écume, vitesse plus de 6 noeuds. Forcément un peu brutale comme navigation. Mais jouissif en même temps.
Au milieu de la passe on croirait chahuter dans les remous du canal de la Dominique. L'écume déferle à l'avant. Le pont sera briqué de neuf par la mer. Il n'y a plus grand monde qui navigue. Seul entre la côte et les îles, LDM chahute avec les vagues et s'en donne à coeur joie. Pour Laurent et moi, malgré la capote, quelques giclées d'embruns qui décrassent la figure... Nous restons stoïques comme toujours.
On se rapproche de la côte. Progressivement la mer se tasse. Notre allure devient franchement agréable. Les embruns ne frappent plus la capote pour inonder le cockpit. Ouf nous pouvons respirer librement !
Bravo, il est là le site de rêve. Derrière la pointe de Léoube à l'abri d'un magnifique rocher envahi de pins d'alep. Un vrai trou à cyclone. Je vise une trouée de sable entre les algues par 6,50m de fonds. Visons juste pour aligner nos 30 mètres de chaîne !
Il est dix heures du matin. On a toute la journée pour surveiller notre mouillage. Comble de bonheur c'est le désert.
C'est fort intéressant, une fois que nous y sommes, d'autres voiliers viennent tenter cet abri. Beaucoup dérapent. Et le vent commence à nous fatiguer les oreilles. La météo du soir annonce du calme dès cette nuiT. Ouf !
Blottis derrière la capote nous guettons le coucher du soleil sur la presqu'ile de Giens. C'est vraiment chouette.
C'est très étrange la vie de plaisancier. Nous sommes scotchés à bord à cause de la précarité de la météo. Nous menons une vie très contemplative, entre observation des oiseaux qui tirent des bords pour rejoindre la plage, spectacle des autres voiliers et de leurs mouillages plus ou moins hasardeux, lecture intensément, travail informatique sur le court métrage pour Laurent, concertation pour les choix de coupe, de sons... Pause repas, café, vaisselle... Eventuellement toilette très sommaire !
Concert de flûte traversière tous les soirs, Laurent fait au vent une concurrence déloyale.
J'adore !
Mercredi 15 juillet 2009
Le temps s'est bien radouci. A 4h du matin, je me suis levée stressée par des poussées violentes de NE. Je suis restée 1h sous le cockpit à veiller dans la nuit claire. Les nuages s'effilochaient autour de la lune. Les îles du Levant au sud faisaient de grandes taches grises à l'horizon. Des éclairs intempestifs, silencieux, loin vers l'Est annonçaient de l'orage. Une fois sortie de la couchette, j'étais prête au pire, apaisée. Le vent est tombé d'un coup. Les éclairs ont disparu du ciel. A 5h, je me suis allongée toute habillée dans le carré avec une couverture, prête à réagir si le temps se dégradait. Mais j'ai dormi comme un loir jusqu'à 9h du matin.
La météo promet des brises estivales. Le régime idéal est annoncé pour demain. Ce matin la temprérature de l'eau affiche 24°, nous sommes en marche vers les vacances.
En fin d'après-midi un voilier s'installe à babord, distance très respectable. Une fine et joyeuse équipe s'y agite. Ils nous intriguent car ils jettent une première ancre à l'arrière. Ils y ajoutent une deuxième ancre et long de chaîne. Diantre, qu'est-ce que ça signifie et puis, est-ce bien raisonnable ? Un bon moment plus tard, tout le monde passe à l'avant du bateau. Ils se rassemblent en poussant de grands cris autour d'une voile colorée qui pourrait être un spi. Nous ne comprenons pas ce qu'ils mijotent. Peu après, quatre d'entre eux sautent à l'eau. Les autres envoient le spi (au mouillage ?). Une écoute flotte jusque
dans l'eau, que l'un des nageurs maintient. L'autre écoute est nouée aux deux points d'amure du spi qui se gonfle joliment comme une baudruche. En voilà une étonnante balançoire. Ça braille à bord et ça braille dans l'eau.
- Lâche la drisse.
- Lâche pas l'écoute.
- Cramponne toi
- Qu'est-ce tu fous, retiens la drisse...
Un des nageurs se cramponne à la " balançoire ". Le vent est léger, une quinzaine de noeuds mais il secoue l'écoute. ll'acrobate est vivement traîné, soulevé au ras de l'eau, replongé. Il en fait de l'écume celui-là.
- Oh zut, oh la là, ouille ouille ouille
D'un coup en même temps que la balançoire s'élève dans le ciel, le garçon comme une araignée au bout de son fil gigote en l'air.
- Youpi, ça marche, je vole, je vole....
Il s'assied sur son cordage, il se met debout, il se bascule en " cochon pendu ", suspendu par le spi et balancé vaillammant par les courants d'air. Un bien joli spectacle et des sensations terribles que ces jeunes garçons et filles se disputent.
Plus tard nous pourrons parler à l'un d'eux qui s'est approché de LDM à la nage. Il viendra récupérer sur une clé USB les photos faites par Laurent. Quelle agréable compagnie au moment de l'apéro ce jeune garçon de 16 ans. Il navigue en famille et cousinage depuis qu'il est né... L'eau, la mer, la voile sont vraiment ses éléments. Il est plein d'enthousiasme. Un bien beau monde. Oui, mais,
jeudi matin, météo du matin, chagrin. Et vlan, la dépression s'était comblée sur l'Algérie. Une autre se forme juste sur nous. Y'en a marre. Nouveau coup de vent annoncé force 7/8 vendredi soir, samedi toute la journée, la nuit et journée de dimanche. (Force7/8 pour ceux qui n'ont pas l'échelle beaufort en tête, ça représente une moyenne de 35 noeuds soient 70km/h). Ne parlons pas des rafales et de leurs vagues traîtresses. Mais alors ce sera quand l'été ? Pour l'heure, tout le monde aux abris. Vous feriez quoi vous ? Chiche on rentre ? Ras le bol de ces coups de vent. Un coup de l'Ouest, un coup de l'Est, mer
chahuteuse et vent capricieux. Vous croyez que c'est de la plaisance ça ! En même temps, aujourd'hui régime de brises, on pourrait en profiter pour continuer vers l'Est. On ne fera pas grande distance sous brise, Une quinzaine de milles à la voile, ça paraît jouable. Cap sur Cavalaire peut-être !
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- Allo, bonjour, je voudrais parler à la Noiraude s'il vous plaît.
- Oui, c'est moi bonjour. C'est toi Grignot-age ? Encore quelque chose qui cloche ?
- Hélàs, je suis très inquiet, je voudrais savoir comment réagir ! C'est bien embêtant ça.
- Bon de quoi s'agit-il ?
- Tout allait bien et d'un coup, voilà l'ambiance à bord devenue très morose. Je ne comprends pas. Leur mal de dos recule, leur toux s'éclaircit, ils ont retrouvé tous les deux leur verticalité. Ils ont l'air plutôt en forme. Mais ils ronchonnent et tous les deux en plus, et je ne sais pas comment leur remonter le moral. J'ai même pas intérêt à me trouver dans leurs jambes.
- Oh, je connais ça, c'est inévitable, ça fait partie des vacances en mer. Ils rouspètent parce que le vent est trop violent, jamais dans le bon sens. Ils rouspètent parce qu'ils ont froid. Ils rouspètent parce qu'ils se croient prisonniers de leur mouillage. Ils rouspètent parce que les voisins font du bruit, parce que quelqu'un dérape sur leur chaîne. Ils rouspètent parce que l'eau est trop froide, le vent leur casse les oreilles et la houle leur donne mal au coeur. Ils rouspètent parce les moteurs voisins puent. Ils rouspètent parce que la vaisselle tinte dans les équipets et que les bouteilles de vins chantent dans leur casier. Ils rouspètent parce que leur vie est précaire. Ils rouspètent parce qu'ils ont envie de rouspéter. Rien à faire contre ça !
- Je ne comprends pas. Si c'est si chiant la voile, pourquoi ils naviguent et surtout pourquoi ils appellent ça de la plaisance alors là, je comprends vraiment pas.
- Parce que tout ça est passager. Dès que la météo s'arrange, ils boivent un pastis ou un whisky pour évacuer le mal au coeur et l'alcool leur ouvre de beaux horizons. Bientôt ils seront émerveillés, souriants et tendres. Après l'esprit bongon, y'a l'esprit bourbon... Et vive la plaisance !
- Et je fais quoi en attendant l'esprit bourbon ?
- Planque-toi dans ta couchette et dors !
eudi 16 juillet 2009/ cap sur Cavalaire.
Nous quittons notre sympathique abri vers 11h au près serré, mer calme,beaucoup de brume qui s'estompe peu à peu. La côte que nous longeons est verdoyante et nous parle d'espace paisible. Voici le Fort de Bregançon (résidence officielle de vacances pour nos Présidents !). C'est une forteresse austère, que l'îlot (sur lequel elle est souveraine) protège de ses remparts. Sauvage et fier. Un bien bel endroit, qui a quelque chose de secret. Nous le contournons avec un peu d'étonnement.Emerveillement aussi.
Le vent tombe d'un coup. Moteur !
Jusqu'au Cap Bénat de jolies petites criques découpent l'épaisse végétation des rivages et ourlent la côte de sable doré. Corniche des Maures, c'est absolument magnifique. J'ai envie de chanter " à la claire fontaine "... Et d'ailleurs je chante, du coup Laurent aussi ! Bonne ambiance à bord !
Le cap Bénat dévoile l'immense baie de Cavalaire quasi déserte. Tout au fond, nous distinguons des taches blanches parfaitement alignées. Un champ de bouées (amarrages organisés) Totale séduction car là nous pouvons attendre le coup de vent annoncé en dormant sur nos six oreilles, (faut pas oublier les longues de Grignot-âge !)
Formule économique, 23,50 euros la nuit, ça nous va tout à fait bien.
Samedi 18 juillet 2009/ Tempête à Cavalaire.
Je ne dirai plus que les prévisions météo dramatisent leurs annonces par principe de précaution. Les vents annoncés 8 affichent 45 nœuds en moyenne et des rafales à 55 nœuds à l'anémomètre. Je voudrais pas vous affoler mais ça nous fait du 100 km/h ça.
Ça déferle sec sur le pont de LDM. À notre arrivée nous étions 3 au mouillage. Aujourd'hui le port affiche complet et dans notre champ de bouées les voiliers côte à côte dansent une drôle de sarabande.
- Dis Laurent, t'es certain que nos amarres vont pas péter ?
J'ai à peine fini ma phrase que notre voisin tribord d'un coup file nez de travers et en marche arrière. Les amarres, qu'il avait maladroitement passées en patte d'oie par l'étrave se sont cisaillées à force de frottements et tiraillements sauvages. Les agents du port qui veillaient au grain, ont vite rattrappé le navire et relogé sur sa bouée. Les équipiers cette fois ont doublé les amarres, deux de chaque côté de l'étrave.
Ce que tout bon marinier devrait faire systématiquement.
Le vent hurle et gronde, LDM donne de violents à-coups sur ses amarres.Par moment il donne l'impression de se cabrer comme un animal rétif.J'aime pas du tout.Nuit bien agitée. Tapage nocturne sans trêve ! Je ne résiste pas à la tentation de me lever juste avant le soleil, convaincue qu'il se passe d'étonnantes visions dans la baie. Faut pas que je rate ça !
Image d'une baie en folie. La mer est grise. L'écume argente les vagues qui se coursent et se bousculent dans l'anarchie la plus totale. Pas une lumière dans la ville. Gris, blanc, gris, tout est gris.
Dimanche 19 juillet 2009.
Changement de décor autour des bouées. La mer est devenue sage. Les plagistes sont ressortis de leurs abris. Les parasols rivalisent de couleurs et les engins de plage sillonnent toute la baie. Estivale mais trop habitée. Quelques courses de frais, fruits et légumes, un peu de viande, jambon.
Cavalaire ville ? Rien à dire sur Cavalaire. C'est une ville nouvelle, bord de mer, plage, bars et restos...C'est juste le paradis des fondus de la plage. C'est pas du tout notre cas.
Vite, cap sur les Lérins. Nous quittons le mouillage à la voile sans un bruit et en douceur. J'adore ça. Comme nous avons trop d'énergie (épatant les panneaux solaires) Laurent décide de passer en mode dessalinisation. Renouvellement de notre stock d'eau douce, vive l'eau de mer recyclée. Nous voilà de nouveau autonomes.
Je ne vous ai pas encore parlé de la manie de Laurent, vous savez celle de mettre sa ligne à trempette. Je ne l'avais pas jugé utile parce que c'est d'un intérêt mineur. La ligne donc se traîne langoureusement comme il se doit dans notre sillage ... Cap Lardier... Cap Taillat... Et vl'a t'y pas qu'au niveau du cap Camarat
alors que nous nous laissons gentiment bercer par une douce allure de largue, le moulinet est pris d'une belle envolée de ligne et d'une longue plainte qui siffle... Pendant pas loin d'une demi-heure, rude combat entre la ligne, un gros thon rouge et Laurent... Nous voilà avec plus de 5 kilos de poisson frais qui remplissent le frigo. J'en mets une bonne partie au sel. (ceux
qui veulent manger des acras de thon ou un aïoli au thon à l'automne,faites vous connaître !) Le reste (8 repas prévus) sera accomodé dans les jours qui viennent. Nous sommes très affairés à bord. Du coup je ne vois pas passer le cap de Saint Tropez. Nous allons bon train.
Le cap Roux finit d'aligner ses crêtes rouges. Nous avons nettoyé toutes les traces de pêche au thon, rempli le frigo et nous traversons la baie de la Napoule avec enthousiasme et en tirant des bords à 7 nœuds.
Salut Cannes, mais nous avons notre dose de vie citadine. Nous irons nous cacher entre les îles. Nous posons notre ancre, vers 19h dans 6m de fonds sable. Entre l'île Sainte Marguerite et l'île Saint Honorat. Une vaste étendue de mer émeraude qui donne envie de s'y plonger tout nu. La vie est belle à bord de LDM.
INTERDMEDE
- Allo, la Noiraude, c'est ton ami Grignot-âge !
- Oui, salut Grignot-âge, toujours en forme, y paraît que ça bastonne
dans ton coin.
- Oui, bof, juste un mauvais moment à passer. En vrai, j'ai d'autres soucis et beaucoup plus graves. Il y va de ma survie. Mes gentils navigateurs côtiers, viennent de se tranformer en brutes sanguinaires.
Ils ont harponné un royal thon aux belles couleurs brillantes, si tu les avais vus. Ils ont un immense couteau tout fin, un vrai carnage à bord. Quelle folie meurtrière les a pris ? Maintenant je suis mort de trouille et je ne sors plus de mon casier à casquettes. Je guette à travers les visières dès que l'un d'eux s'approche et je me fais tout petit. Tu crois que je vais subir le même sort ? Le plus effrayant, c'est qu'ils ne sont guère doués au jeu du couteau. Ils réussiront à m'occire mais après moult ratés de leurs canifs tremblants. AU SECOURS !
- Oh, du calme. Sors plutôt de ton casier. Ils ne sont ni fous, ni cruels. Avec eux, même les araignées sont domestiques. Il peut toutefois leur arriver de vouloir exterminer certaines espèces animales. Cas de légitime défense dirons-nous. Pour neutraliser le vandalisme des rats dans les greniers, pour lutter contre la voracité des fourmis ou des cafards qui dévalisent la nourriture ou pour se protéger des insectes suceurs de sang. Toi, n'as vraiment rien à craindre de tes deux équipiers. C'est dommage pour le beau thon rouge mais c'est un dangereux prédateur. Songe à toutes les petites espèces, sards, sardineaux et
maquereaux ainsi sauvés de la gueule féroce du thon. Tu imagines ce qu'un thon boulotte en une journée ! Tes gentils navigateurs côtiers oeuvrent pour la sauvegarde des petites âmes de la mer.
- Wouha ! Tu m'avais pas dit que j'étais à bord d'un voilier militant. Donc je fais partie d'un mouvement de lutte pour la survie et la promotion des petites espèces animales ou humaines. J'adoooore ! Merci la Noiraude ! J'ai toujours rêvé de militer pour une juste cause.
Jeudi, 23 juillet 2009
Trois journées de rêve aux Lérins, entre terre, mer et... ciel. Nous sommes entourés de petites embarcations qui viennent là pour la journée. Pour échapper à ces envahissements, nous explorons les deux îles. Dès 5 heures le soir, le mouillage se vide. Retour à bord de LDM. C'est tout à fait fantastique de se sentir aussi seuls et abandonnés. L'ambiance paisible du Monastère de St Honorat nous séduit et Laurent prend date pour octobre.
Nouveau projet dans l'air. Laurent n'est jamais en panne d'idée. Il me fascine.
Le vent nous joue de mauvais tours. La houle nous frappe assez durement et nous nous levons à 5h du matin fatigués par des calages hasardeux dans notre couchette.
Forte houle annoncée pour demain, encore un mauvais coup qui nous vient de l'Ouest ? Nous n'avons pas été touchés par la grâce de St Honorat. Allez on s'casse de ce paradis. Oui mais où ?
Laurent après cette période de retraite spirituelle a des idées de grandeur. Allons y pour un changement radical, cap sur
Golfe Juan.
L'intérieur du Golfe de la Napoule est une rude affaire. Les fonds sont approximatifs, entre 3 et 7 mètres. Au milieu de la passe le sondeur descend à toute allure. Laurent rivé aux cartes marines me pilote depuis le carré.
- C'est bon, avance en gardant ton cap... bien.... 20° tribord... super
continue tout droit... Attention, ralentis, je viens faire une photo...
- Oh, y'a pas 3 mètres de fonds là.
- Oui mais c'est plat, continue...
J'en conviens volontiers, la baie de la Napoule, Cannes au fond et l'Esterel qui domine c'est très photogénique. Mais est-ce bien raisonnable de s'attarder ? Il semble que oui. Après la photo qui m'aura coûté bien des suées, nous sortons de la passe.
Golfe Juan, un port pour les grosses unités à moteur. Y'a donc pas de voileux ici ? Ah tiens, un p'tit d'à peine 18 mètres au milieu du quai 22. Allons nous y frotter. Nous voilà dans la cour des grands. Nous ne resterons que deux nuits, on nous autorise le tarif " public " moitié prix. Si trois nuits on passe au tarif passager, on double la mise. A savoir, le bloc marine annonce 35 euros la nuit et c'est vrai. Mais la facture ajoute un forfait pour l'eau, un forfait pour l'électricité (dont nous n'avons pas besoins 3 euros par jour-mais c'est un forfait) et 60centimes pour la météo). Ce qui monte la facture nuit à 43 euros, tarif public.
Finalement c'est pas terrible ce port, la ville est quelconque et je m'y ennuierais bien vite. Les égoûts se déversent à cent mètres de la plage.La foule s'y vautre sans préjugés. Les résidents des puissants yachts qui nous côtoient vivent luxueusement à bord. J'imagine mal, Madame avec sa petite trousse de toilette qui se pointerait aux sanitaires juchées sur ses escarpins.. Donc pas de sanitaires. Ne faites pas de détour par là si vous n'êtes pas obligés.
Samedi 26 juillet 2009
Puisque nous expérimentons le monde des gros bourgeois repus, allons-y pour un autre test. Cap sur Saint Tropez. Environ 22 milles à prévoir dans d'excellentes conditions. Une belle et bonne navigation. Profitons un max. Cap Dramont, nous revoilà. Vers 15 heures nous nous rapprochons de la côte. Une bande de brume s'est levée au ras de la mer comme un écran. Qu'allons nous trouver de l'autre côté du miroir. Mais c'est étrange quand nous nous rapprochons de cet écran, il donne l'impression de reculer. Sur la carte marine, Laurent a repéré dans le Golfe de Saint Tropez l'anse des Canebiers. Un site magnifique très peu fréquenté depuis que La Madrague, propriété de Brigitte Bardot ne fait plus recette. Tant mieux ! Nous entrons dans un mouillage clair et lumineux. Où est passée la brume ? Plage déserte, magnifique forêt de pins parasols, forteresse de St trop qui nous protège... Nous mouillons par 10 mètres de fonds, dans la vase, et ça LDM il adore, ça lui rappelle l'Etang de Berre, comme chez lui... Et puis, une petite cure de boue, ce sera excellent pour sa vieille quille. Par contre dans la passe ça circule fort. Dommage, tous ces remous qui agitent notre si belle anse. St Trop c'est trop.
Dimanche 27 juillet 2009
Les yachts rentrent tôt au port. Il faut avoir le temps de se pavaner sur les quais. Du coup la soirée et la nuit nous appartiennent. Délicieusement calme ! Mais dès 10 heures du matin les incessantes navettes reprennent.. Et puis la vie des riches, finalement ne nous paraît pas si terrible que ça. Et puis les fichiers météo annoncent un nouveau coup de vent en fin de semaine. Et puis nous sommes attendus chez la maman de Laurent. Les engagements avec la famille, ça rigole pas, hein les enfants ?
Pour le moment, vent annoncé variable 2/3, on fera avec, cap sur le retour. Quelle histoire pour sortir de St Trop. Le vent est très sympa, pas de houle annoncée. Nous tirons des bords pour dépasser la bouée de danger Basse Rabiou, puis pour rejoindre celle de la Moutte. Ce serait super,on avancerait à 5/6 nœuds. Sauf que les bolides qui nous croisent et nous dépassent lèvent une houle épouvantable dans des ronflements de moteurs d'avion. LDM amortit les secousses mais c'est pas la peine de se risquer dans le carré. Casse-figure garanti. Nous mettons une heure pour quitter cette zone outrageusement motorisée.
Des fois un hélicoptère en prend un comme ligne de mire, il tourne autour et desssus pendant un bon quart d'heure, puis choisit une autre cible. Nous sommes bien contents
qu'il ignore les petites gens que nous sommes. Bien du tumulte tout ça !
Une multitude de yachts à trois ou quatre ponts, telle une colonie de cloportes en fuite éperdue s'enfonce dans la brume. Une foutue bande de pollueurs qui font à peine l'effort de nous éviter. Puanteur, agitation et vacarme. Rendez-vous mondain en baie de Pampelonne ? Je comprends ici, ce que le terme de "plaisancier " a de péjoratif.
Revenons à notre monde humain si modéré. Déjà le cap Camarat. La mer nous est favorable et on déroule les milles sous notre quille à plus de 7 nœuds. Cap Taillat, Cap Lardier, direct au sud vers L'île du Levant qui se dessine dans la brume. Au sud du Cap Bénat, LDM s'essouffle, le spido annonce moins de cinq nœuds. Une aubaine pour Laurent. Vitesse idéale pour la ligne de pêche. Envoi immédiat. Un quart d'heure plus tard , il a piégé un cernier commun du plus bel effet. Une belle grillade de poisson à chair blanche et raffinée nous est promise pour ce soir.
J'avais rêvé de me poser magistralement dans l'anse de la Reine Jeanne pour la nuit. Mais elle est interdite, domaine de Brégançon, lieu protégé de haute sécurité, privilège des Présidents français. Dommage un abri qui porte mon nom façon royale ça me parlait bien. Laurent a trouvé mieux. Au sud de Port Cros, une petite anse isolée et sauvage, juste pour moi... Anse Janet (il est fort hein avec ses cartes !) Donc cap au sud.
Nous dépassons l'entrée de Port Cros archi comble, mais entre Bagaud et Port Cros, nous voilà deux voiliers qui se font de loin des risettes depuis leur ancre. J'ai trouvé un carré de sable au milieu des algues. Totale sécurité.
Que la vie est bonne à bord de LDM.
Pour fêter notre retour au beau monde on s'offre l'apéro suivi d' un rosé gris pour le délicieux poisson frais. Ambiance euphorique à bord sur le soleil qui se couche dans le silence de Bagaud. Au dessus de l'île une nappe orange offre ses dégradés de lumière. Plus tard lorsque le soleil a été avalé par le haut de l'île, le ciel s'irrise de rouge...que l'eau reflète. Nuit idéale.
Au matin ,à peine les yeux ouverts, les narines dilatées par une chouette odeur de café frais, je sors du carré émerveillée par cette petite crique sauvage, sable fin que protège une large pinède. A l'avant de l'étrave, je vois arriver à la nage un homme tout nu, complètement tout nu , de A à Z (surtout le Z... !) comme un qui naîtrait de la mer.
Un échappé du jardin d'Eden ? Il se rapproche avec élégance en nage indienne. A quelques brassées de moi, il se bascule sur le ventre. Il lève la tête. Un regard clair que je connais si bien, illumine son visage ruisselant. Laurent ?
INTERMEDE
- Allo, la Noiraude, c'est Grignot'âge, bonjour !
- Salut Grignot-âge, alors t'es sur le retour.
- Ouhais, ça me plaît cette promenade en mer. Je cohabite super bien avec mes équipiers. Nous passons de longs moments intimes. Je me blottis entre eux deux. Je voudrais pas avoir l'air de me vanter mais je crois qu'ils adorent mes longues oreilles. Moi qui en avais honte. Ils m'ont appris qu'elles sont soyeuses et douces et que c'est un pur bonheur à caresser. Mais c'est surtout leur taille qui fait rêver. Ils les tripotent dans tous les sens. Ils les veulent directives, en tourne-bouchon, en polarisation verticale, en polarisation horizontale... Ils s'interrogent sur les qualités réceptive et
acoustiques de mes beaux organes d'audition. Mais y'a pas que ça. Ils m'ont aussi débarrassé de mes préjugés et de mes complexes. C'est une vaie cure de jouvance cette croisière. Et j'ai vu tant de beaux endroits, mon carré de luzerne aura changé de dimension.
- Oui, bon s'agit pas de prendre la grosse tête non plus !
- Rien à craindre. Je voudrais en profiter pour t'inviter avec notre ami Ouin-Ouin le Canard, tu sais le 10 août,
c'est la saint LAURENT, Tu viendras dis ?