Il nous suffit de passer le pont... de Martigues.
Mercredi 22 août 2007 - Mahon Minorque
Bien encombrés les abords de Mahon quand la météo se dégrade. Nous testons deux nuits un mouillage à l'entrée de la calla Longa. J'aime beaucoup cet endroit, une vision élargie de la ville, les cloches qui sonnent le dimanche matin. Des couchers de soleil magnifiques dans le ciel torturé.
Accès relativement rapide dans la cité par la cala Corb. On y trouve un abri pour notre scooter de location. A pieds, c'est une petite demi-heure du port à travers le maquis... Laurent trouve l'endroit trop agité par les navettes commerciales et autres qui vont et viennent entre le port et le large. Le Maître a dit, donc nous retournons à la case départ, mouillage de Teulera derrière l'isla del Lazareto. Nous nous y savons en sécurité en attendant des jours meilleurs. Les péripéties de mouillages sont ici fort distrayantes. Entre deux coups de tonnerre, nous échangeons avec enthousiasme les commentaires qui s'imposent. Y'en a des, y sont vraiment pas doués. Un peu tout le monde, mais pas tous en même temps. C'est ça, qui est marrant.
La dépression annoncée est sur nous, à fond depuis hier. Nous nous réfugions dans le carré. Les haubans sifflent. Le ciel est couleur de crépuscule. Et les nuages noirs qui arrivent du nord laissent présager une journée bien arrosée. Le vent quelquefois recule, il gronde de beaucoup plus loin. Puis le grondement enfle, le pavillon claque, les drisses se caressent, ça gémit, ça grinçouille. Maintenant la rafale est sur nous. Lune de Miel ondule. Il roule un peu. Wouhou, Wouhou, Wouhou... Les mouvements sont lents, mais on ne tient pas en place. Et la pluie recommence à grêler sur le toit. Laurent sur notre PC trie les photos. Dans le carré, l'ambiance est calfeutrée. La pluie peut toujours danser sur le pont, ici c'est chaud, intime.
Hier, Laurent toujours réactif a profité de ces conditions, idéales pour la lessive. Premier trempage sérieux du linge à plat sur le pont. Un peu coincé par les cordages pour pas qu'il s'envole. Savonnage sur la table du cockpit, en ciré, malgré l'abri du taud plastique. Nouveau rinçage sous la pluie. Opération séchage à l'arrière ou le long des filières dès la prochaine éclaircie. L'eau de lessive m'a permis aussi de faire un sérieux nettoyage à l'intérieur. C'est fou tout ce qu'on peut faire avec un seau d'eau douce.
Tourisme à terre. Deux lourds pingouins attifés bermudas, k-way et bol passoire sur la tête qui écrasent une pauvre motocyclette de leur double densité. Elle ne réagit pas trop mal la mobylette. Sur le plat, elle fonce, pouet-pouet-pouet... Mais le Monte Torro (358 mètres d'altitude) est une dure épreuve pour elle. La montée est laborieuse, moins de deux noeuds. Montera, montera pas ? C'est l'aventure !
On patine pour aider dans les virages, mais on ne recule pas. La descente, c'est délirant, au moins trente noeuds dans les oreilles. (si je vous le dis en kilomètres, je rate tous mes effets...) Trente noeuds, c'est au moins force sept (avis de grand frais, je vous signale que dans ce cas on annule les sorties sur l'étang de Berre. C'est vous dire, notre goût du risque et comme on fuse sur notre pétrolette) En sortant des virages, on pique de l'avant. Ça peut enfourner une mobylette ? Heureusement qu'à l'arrière j'assure comme contrepoids. On a dévoré le bitume dans tous les sens. De sympathiques transversales champêtres, des villages blancs aux volets verts. Ce sont les deux couleurs incontournables de Minorque. D'immenses propriétés agricoles ceinturées de murs rectilignes. Les parcelles aussi sont séparées par ces murs de pierres taillées, parfaitement ajustées. C'est grandiose. Les champs ont été récoltés. Ils sont maintenant désertiques. La terre rouge et désolée crache des hectares de caillasses. Les bosquets de chênes verts ça et là, dévoilent à peine Les ruines de Talayots ou de Taulas, héritages de la préhistoire. Et piquent notre curiosité. Une pause historique s'impose.
Nous sommes bien chanceux. Nous passons entre les gouttes, de long en large et en travers de l'île. Alayor, Mercadal (par le Monte Toro) Ferreries. Ici et là, quelques vaches paisibles lèchent les cailloux. Rien à voir avec la vie estivale côtière. Une vision extraordinaire depuis le cap Cavalleria, dont les parois verticales brisent les vagues très profond, tout en bas... Délicieux vertige. Par le sud une longue virée à Ciudadella, et les secrets de son centre historique. Trois excellents jours par monts et par veaux (dirait la Noiraude). Une terre sauvage et séductrice.
Demain nous nous rapprocherons de Mahon pour récupérer Hadrien et Peter. Pas de place au port. Un mouillage sur bouée est possible. On s'en contentera. La météo est toujours irascible. Mais un vent de jeunesse va investir le bord...
INTERMÈDE - Allô, C'est la Noiraude. Je voudrais parler au vétérinaire.
|