Un printemps idéal nous est promis !
Maison bouclée, alarme en veille active, voisins en veille passive, et le Petit Camion paré au démarrage… Ce coup-ci, on a une idée de destination, enfin je crois...
- Au fait Laurent, notre cap c’est bien le Lot et Garonne ?
- Tu préfères un autre cap ?
Voilà, Laurent, cher trésor, toujours prêt à virer de bord… Mais bon, j’aurais aimé qu’il me réponde par oui ou par non. Je formule donc une nouvelle fois, et la réponse est remarquable de précision.
- Moi, tu sais, je vais où tu veux…
Silence dans la cabine, à quoi pense donc notre ami Laurent,
- Villeneuve sur Lot, plus de 500 km sans étape, ça te dit ?
Panique sur le siège passager. Mes accoudoirs en ont la tremblante ;
- T’es fou, 500 km en une fois, mais c’est l’option bagne au programme ?
Il m’envoie son sourire taquin, narquois, réjoui, goguenard et malicieux, si, si tout ça, dans un seul regard en biais, puis il se reconcentre sur la route.
- Bon, je te propose une première étape surprise, que tu vas adorer, d’accord…
Moi, si je sais pas où je vais, c’est forcément la route du paradis, alors oui, oui, oui… encore que…
- C’est pas trop loin au moins.
- Penses-tu Nénette, on y sera avant la nuit.
- Hop là, d’accord !
En piste pour le nord-ouest. Dès l’entrée à Alès, on se «décape» pour longer le Gardon tout pimpant et s’orienter vers Florac. Magnifique départementale tendue du rideau blanc des fleurs d’acacias qui dégringolent sur la route. Des papillons qui volent autour du petit camion, s’y posent avec délicatesse et se laisse soulever par le vent pour tapisser plus loin. Le pare-brise n’a jamais été aussi beau.
Lorsque nous prenons la direction d’Ispagnac, la route sinue à travers des creux de vallées. Des champs de boutons d’or, des vergers en terrasses que domine le vert profond des sapins. Il paraît qu’au XIXème, les Ispagniens étaient renommés comme mangeurs de fruits… De saines personnes en ce temps-là. Réputation qui a faibli et qui se remet lentement au goût du jour. Les producteurs locaux devenant très mode. Aujourd’hui on les dit « buveurs d’eau ». J’ai cru discerner un rien de péjoratif dans l’intention, mais ce n’est qu’une interprétation…
Nous ferons une pause enchantée sous un seringat. Oh là, là, quel enivrante senteur !
Nous frôlons désormais des sommets à plus de 1000 mètres, de longues bandes de plateaux verts, que les plaques de primevères illuminent. Nous redescendons à 724 mètres et mon coeur fait de grands bonds. Je viens de comprendre que c’est à St Gal que nous allons nous poser. Faut que j’vous dise. St Gal, c’est notre coup de coeur de 2020. Un tout petit village, quelques maisons qui se tiennent chaud, une grand ferme, domaine de la famille Velay… Le Petit Camion tout ému, des fourmis plein les pneus, se pose comme chez lui, dans le pré destiné à l’accueil camping-car. Comme la dernière fois, nous sommes les seuls usagers de ce magnifique coin de verdure à l’abri d’énormes rochers arrondis.
A peine posés, quelques pas jusqu’à la laiterie. Dès l’entrée, c’est l’odeur puissante du lait fermenté qui nous accueille. Quel bonheur ! Nadine nous reçoit avec sa bonne humeur et son bon sourire. Cette ferme familiale est une merveille. Le beau lait frais directement cueilli au pis de la vache nous est versé dans une bouteille d’eau minérale. Le beurre moulé du jour, fera le délice de quelques petits déjeuners. Les douze yaourths crémeux sont commandés pour demain en même temps que le beau temps. Des tommes (des tonnes de fromage) à déguster sans modération. De bien subtiles senteurs ici aussi.
Le ton est ainsi donné pour un périple qui s’annonce riche en rencontres, riche en images, riche en sensations.