2012-PETITS ENFANTS-GRANDS MOMENTS

AVEC GUILLAUME 2012

Lundi 6 août 2012

maison

Premier séjour prolongé de Guillaume à Velaux. Nous ne sommes pas certains qu'il voudra rester tout seul avec nous. Il nous connaît si peu. Nous pensons que si un enfant a du mal à quitter son doux cocon, nous aurons plus de facilités à distraire son chagrin dans la dynamique d'un départ en vacances... Donc nous allons, comme c'est convenu, chercher Guillaume chez ses parents à Maubec dans l'après-midi.

Bonne surprise. Guillaume nous attend avec impatience. Du haut de ses quatre ans, il assume ce départ. Les parents ont bien assuré le transfert. Il parade avec son sac, qu'il a bien du mal à soulever, mais c'est pas si peu de chose qui va déranger son enthousiasme. On calme un peu son ardeur, juste le temps de boire un café. On jase... Le gamin s'impatiente, s'approprie Laurent qui le suit dans sa chambre, puis revient avec nous. Nouvelle charge du petit. C'est sa maman qui réagit.
- Guillaume, on parle entre adultes, Papilo tu l'auras pour toi tout seul quand tu seras à Velaux....
Discours lucide mais qui ne convient pas au p'tit homme. il se planque dans une chambre pour bouder, mais nous ne nous en rendons compte qu'une bonne demi-heure plus tard. Au moment du départ, Guillaume reste invisible.
Bien entendu, il n'a pas dit son dernier mot. Il est fâché contre Papilo qui ne voulait plus l'entendre, donc il n'ira pas à Velaux, na...
En voilà une représaille qu'elle est bonne. Je suis toujours estomaquée par la facilité des petits à nous déstabiliser, à mettre en vrac nos plans si bien menés... je laisse les parents négocier, discutailler, permettre au gamin de s'enliser dans son refus... Finalement, il me semble que ce petit jeu a assez duré. Guillaume est mécontent, il l'a exprimé, nous l'avons entendu. Tout va bien. Passons aux choses sérieuses. J'interviens sur un ton joyeux, (je ne sais pas si c'est la bonne manière, il veut peut-être qu'on le prenne au sérieux, lui ?)
- Bon Guillaume, c'est pas compliqué. On voulait t'emmener à Velaux, mais y'a rien d'obligé. Maintenant Laurent et moi on s'en va. Puisque tu ne veux pas venir, on part avec Dorine comme ça on ne sera pas venu pour rien. Youpi !
Dorine, saute de joie en criant depuis la cuisine "Oh oui, super ! "
Il n'en faut pas plus pour que Guillaume bondisse de son refuge en braillant
- C'est moi, c'est moi qui pars en vacances...
Embarquement immédiat, dans la joie et la bonne humeur. S'il a bien une qualité remarquable ce petit Guillaume, c'est qu'il n'est pas rancunier pour deux sous. Ouf, on a échappé au premier conflit ouvert. Je dois bien l'avouer sous mes dehors confiants depuis trois jours, j'ai bien des inquiétudes... 
Il faut savoir que Guillaume on le connaît vraiment peu. Tout comme Shana d'ailleurs. Nous ne les fréquentons qu'à travers leurs parents. Lorsque les petits sont mêlés à nos comportements d'adultes, les parents laissent filer pas mal de choses, normal on est en famille, on s'lâche, relâche, quelque peu. Ce qui signifie que la bride étant souple les petits loustics qui sentent ce "mou", tire dessus... Du coup, ils sont très exigeants quand nous sommes rassemblés, voire carrément chiants quand ils s'en donnent la peine. Les rapports sont complètement faussés par notre présence. Nous ne savons pas comment se vivent les relations des parents seuls avec leurs enfants. Nous ne connaissons pas vraiment leurs enfants aussi longtemps que nous ne les fréquentons pas tout seuls. Nous allons donc apprendre Guillaume.

guill 1

 

 

Dans la voiture il chantonne. Un soudain silence, une question amenée tout en douceur. Elle doit être importante.
- Maminou, c'est quand que je serai grand ?
Fichtre, en voilà une question. Je mouline à cent à l'heure, (tant pis pour les radars intellectuels)
- Heu, je crois que t'es déjà un peu grand non ?
Silence à l'arrière. J'insiste.
- Mais quand tu seras dans la section des grands à l'école tu seras un peu plus grand. Quand tu apprendras à lire, à écrire, que tu seras à la grande école, tu seras encore un peu plus grand. Chaque jour tu deviens un peu plus grand...
- Oui, mais ce sera quel jour ?
Zut alors, y'a sept jours dans la semaine.
- Ben, si tu te mesures un lundi, le lundi d'après tu verras que tu as grandi. Oui, un lundi ça me paraît bien !
Je ne trouve pas mieux dans l'instant. Faudrait qu'on parle d'autre chose, sinon je vais lui demander pourquoi il veut grandir. Parce que voyez-vous, je suis surprise, c'est encore un peu un bébé par bien des aspects ce petit, alors sa préoccupation de "quand" il va être grand. Est-ce vraiment un souci de bébé ça ?
Oups, diversion !                                                                                            
- Guillaume tu sais ce que c'est les radars sur la route ?
- Oui, j'en ai un, en jouet.
Je n'y pensais plus, il me l'a même montré, miniature mais il fait des vrais flashes. Si ça se trouve quand il sera en âge d'avoir son permis "y'en aura plus" ou "y'en n'aura plus",  des radars (toute la finesse grammaticale de la langue française, dans cette incertitude).  Pour le moment,on joue à celui qui détectera le prochain radar (au niveau de Cheval-blanc avant les gorges du Régalon sur la D32 pour ceux qui passent par là) Je repère le panneau qui l'annonce, mais c'est lui qui voit la boîte grise.
- Super on n'aura pas d'amende.
Étonnement de Guillaume.
- Dommage, moi j'aime bien les amandes, t'aimes pas toi, Papilo ?
La discussion dérive sur l'utilisation des amandes, sucrées, salées et nos préférences réciproques... jusque dans le couscous ou la truite... Mais, si on met des amandes, on enlève les arêtes ? On ne parle pas de l'amende que nous avons évitée.
À  la maison, il s'installe dans la chambre, nous vidons ensemble son sac sur une des étagères du placard et la peluche trône au milieu des maillots et des shorts... Quelques cabrioles sur le lit, histoire de faire connaissance. Ensuite lecture de Bambi, c'est Laurent qui lit, c'est moi qui mime... Je grelotte sous le doudou l'hiver. Je fais de l'oeil à bambi façon Féline. Je tape du pied quand Panpan est mécontent et je boxe Renaud ce petit freluquet prétentieux. Non, mais, qui c'est le super bambi dans cette maison ? Je débloque à fond et perturbe quelque peu la lecture de Laurent qui me fait les gros yeux.
Il faut voir s'illuminer Guillaume pour mesurer l'ampleur du bonheur que nous partageons en ces instants là.
Après le repas, je propose un p'tit tour dans la colline. Question d'enfant ?
- En voiture ou à pied ?
- A pied mais c'est toi le pilotes. D'accord ?
Il rigole, il n'a pas compris ce que je voulais dire.
Il trouve le temps long pendant que je range la vaisselle et la table. Ouf enfin, on sort. Il prend soin de fermer le portail, (bien plus soigneusement que nous)
- Allez Guillaume on va là où tu nous dis d'aller, à gauche, à droite où tout droit. C'est toi qui décides. 

Il passe devant et se tourne vers nous. Il a déjà le choix de la direction. Question.
- Au fait, tu sais où c'est le côté gauche ou le côté droit ?
Pas de réponse mais aussi sec, il tend le bras à gauche. J'insiste,
- donc à droite ou à gauche.
C'est un peu perfide mais intéressant, et puis ça fait partie du jeu. D'ailleurs Guillaume a accepté les règles.
- À gauche, qu'il répond, et ça le fait rire.
Nous voilà lancés derrière notre guide. Le long de la route, il marche scrupuleusement sur le trottoir et me corrige si je frôle le rebord. Puis il choisit le premier chemin de traverse qui se présente. Et nous voilà sinuant en file indienne derrière Guillaume, qui s'arrête et réfléchit longuement avant de virer.

guill 2

Il se concentre, se gratte les cheveux, exactement comme Laurent, j'adore. Il joue à être indécis.
"à gauche ... par là...  non attendez, plutôt par là." Et son regard brille d'une sympathique étincelle. Des fois, il hésite entre les mots, gauche ou droite... C'est pas facile à gagner cette nuance là. Quand il n'est pas sûr il montre avec le doigt. Et Papilo lui dit le mot juste.
On fait bien des tours avec lui, à travers des espaces d'arbres, dans les allées entre les maisons.

Il nous fait crapahuter à travers des pentes de caillasses ou d'aiguilles de pins... Une côte un peu raidasse, il se rétame dans les cailloux et descend malgré lui sur le derrière. Il est très vexé et se relève tout rouge et le sourcil mauvais. Laurent l'appelle, surtout pas lui laisser le temps d'être de mauvaise humeur.
- Au secours, Guillaume, si je fais comme toi, je vais déchirer mon pantalon, faut qu'tu m'aides.
Guillaume si facile à solliciter, se précipite vers le Papilo en perdition.

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Il vient ensuite vers moi, j'avoue que j'hésite à descendre avec mes tongs plutôt casse-binette. Je lui confie l'appareil photos. Je descends avec mille précautions. Guillaume me montre où poser mes pieds. Au moment où je vais sauter, il me tend courtoisement la main. Que serions-nous devenus sans lui ? Merci jeune homme.
Il semble que Guillaume n'aime pas les rues faciles, droites et sans mystère. Il choisit toujours les plus petites allées, les plus sombres, les moins évidentes. C'est un gamin, curieux et courageux. Mais on papote et lui, il avance. Je crois qu'il se fatigue. Plus d'une demi-heure qu'on crapahute sans pause. Il choisit un chemin qui remonte.
- Pourquoi tu remontes.
- Parce que je veux rentrer à la maison.
Il a donc repéré qu'il était descendu et qu'il fallait remonter pour rentrer. Et moi, je trouve que pour un p'tit bonhomme de quatre ans, il a bien de la suite dans les idées. Par des traverses différentes, il nous ramène chez nous. C'est vraiment un excellent marcheur. On a crapahuté plus d'une heure d'une traverse à l'autre, en descentes et en montées.
Il s'est juste trompé quand nous étions en dessous de la maison. Nous lui avons montré le portail sur sa gauche. Oh le joli sourire que je garderai toute ma vie en tête quand je penserai à lui, et sa manière de se couvrir la bouche pour cacher sa confusion.
- Ah que je suis bête, j'avais pas vu !
Du coup, le soir, il paraît exténué. Brossage de dents accéléré et il se glisse tout content dans ses draps avec Doudou... Minute intime, puis la lumière s'éteint sur son joli sourire plein de confiance. Il est 21h 30

Mardi 7 août.
Réveil de Guillaume à neuf heures. Il est bien reposé, la journée l'intrigue. On lui a parlé hier de Bambi 2, qu'il pourrait regarder après la sieste, pendant qu'il fait encore bien chaud dehors. Pour le moment, c'est le matin. On reprécise tout ça. Pas de problème. Le comité des fêtes de Velaux, organise des jeux sur la place. On va aller voir. Mais nous sommes déçus. Il s'agit de ces châteaux forts gonflables à la mode, où des hordes de gamins se bousculent et se piétinent, les entrées sont limitées à 8 mais les grands sont trop violents... Enfin je crains. Et je crains juste. Guillaume qui avait grimpé avec joie, s'est vite pris un coup de chaussette dans les dents, et ça l'a dégoûté. En plus il a mal à la bouche. Il ne pleure pas, mais je le sens désolé. J'ai de la peine pour lui.
- A la maison, j'ai une crème magique pour les coups sur la bouche, je t'en mettrai en arrivant. Tu me feras penser.
- Oui,
un peu crispé, mais c'est tout de même oui. Pour le consoler on décide de  faire une pause jus d'orange au bar... En même temps faire une pause au bar pour consoler un bambin, je ne suis pas certaine que ce soit bien judicieux. Sauf qu'on a vraiment soif tous les trois. Mais le coeur n'y est plus. Pas terrible les jeux pour les enfants. On n'ira plus.
Au retour, je lui récupère la vieille collection de voitures des enfants, les légos... (entre 35 et 40 ans d'âge). Il y a aussi une foultitude d'animaux de ferme... De quoi créer ce qui fera plaisir. Aussi sec notre monde se transforme. Selon ses conseils, je découpe du papier alu pour faire une mare aux canards.  Il le colle sur un fond de boîte fromage avec les bouts de scotch que je lui passe. Ah elle a de l'allure notre mare aux canards. On y trempe même nos orteils pour rigoler, et Guillaume m'éclabousse. 
Il joue une bonne heure tout seul en chantonnant. La joie de vivre en personne notre Guillaume. Il chante tout le temps.
Une bonne sieste spontanée et un goûter gastronomique qui l'enchante, cône glacé (nougatine-vanille), j'y ai pensé à cause de de la discussion d'hier à propos des amandes.

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- Dis Maminou, je pourrai voir Bambi 2.
Hé oui, chose promise !  Et justement c'est une belle histoire sur Bambi qui devient grand. Ça tombe bien je trouve. Peut-être qu'il trouvera de l'écho à ses questions sur son propre grandissement. Je reste un peu avec lui. Il me jette régulièrement des regards enchantés, sollicite mon approbation quand ça se corse et que Bambi est félicité par son père, quand Bambi se fait disputer, Guillaume me regarde avec un petit sourire soulagé, ouf, Bambi aussi, il se fait disputer.

Ensuite séance arrosage avec Laurent. qui se prolonge jusqu'à l'heure du repas. Guillaume a trouvé le petit arrosoir. Il remplit le grand avec le tuyau réglé au minimum de débit, et il transvase le grand dans le petit. La manip me paraît bien compliquée mais elle est menée avec beaucoup de soin et de passion. Tant pis pour les nu-pieds, ils sont prévus pour ça. Dans la foulée il arrose les dalles, ça va probablement leur faire un bien fou.
Dix-huit heures. Pendant que repas du soir mijote, je tente un jeu intellectuel sur le thème de Nelly et César. Il s'y colle vite et on joue de bon coeur. Il faut dire le mot représenté et la couleur si on a la bonne carte avant de la poser. Ce jeu est difficile, car il n'est pas au point phonétiquement parlant notre petit, mais ça s'arrange. Il est de bonne volonté, et il a tant de choses à exprimer. Bien entendu il gagne, et chantonne aux animaux de la ferme sur tous les modes, "j'ai gagné, j'ai gagné"...pendant que je finis de préparer le repas qui est franchement bien gai.
21h 30, Nous avons décidé d'accompagner Laurent qui doit filmer un lâcher de ballon pour les enfants du village. On se mêle à la foule qui s'est rassemblée au stade pour partager cette opération grandiose. Chacun son ballon. Sage précaution, car dans un mouvement malheureux Guillaume fait péter le sien. C'est rigolo sa petite moue de déconfiture. Je lui confie mon ballon. On s'assied par terre, marre d'attendre. Faut dire que c'est trop long. Les ballons ont envie de s'échapper, y'en a pas mal qui explosent. Et puis le haut parleur lance le décompte. Tous en choeur on décompte jusqu'à l'instant fou. 

ballons

Tous les ballons s'envolent dans le clair-obscur. C'est vraiment chouette, celui de Guillaume est absorbé par la masse colorée qui monte, qui monte, se rassemble dans une même mouvance multicolore, parole , ils volent vers Maubec...
Les lumières du stade s'éteignent et le feu d'artifices est envoyé avec grand fracas.
Nous nous reculons à l'arrière du stade, nous sommes dans un vaste espace quasi vide. On s'assied par terre, les enceintes sont plus loin et nous cassent moins les tympans. Mais le bruit des feux qui pétaradent est impressionnant. Guillaume est captivé, les lumières nous tombent dessus de tous les côtés. On est vraiment au milieu de cette débauche de lumière et de mouvements. C'est magnifique. Je me rends compte que Guillaume a complètement oublié où il se trouve, avec qui, il est complètement immergé dans le ciel qui explose de lumières.
Quand le silence retombe, que la nuit nous enveloppe et que la foule commence à bouger, nous restons un moment assis tous les deux à l'écart. On ne dit rien, on attend que le calme revienne en nous et autour de nous. C'est un moment très agréable. Puis on se bouge, faut aller à la recherche de Laurent qu'on retrouve à la voiture. Ouf !
Du coup, c'est un coucher vraiment tardif pour ce soir.
Mais il mène une vie de patachon ce gamin à Velaux. Heureusement que ce sont les vacances. Je vais jamais oser le raconter à ses parents... ! 

bal

Mercredi, Guillaume apparaît tout souriant à dix heures du matin. Premier rappel du jour. Il a choisi hier une carte postale pour sa soeur et faudra pas oublier de l'envoyer. (d'accord Maminou !) Il se souvient aussi  que nous lui avons promis la mer, alors sitôt avalé le yop à la vanille et un morceau de pain, on récupère dans la caisse "à jouer"  (toutes les reliques des papas) des formes en plastique, un petit entonnoir, une petite passoire en inox qui a déjà bien vécu, une cuiller en bois. Papilo trouve sur son établi un pot de fromage vide recyclé en seau (y'a une anse).... On devrait avec ça maîtriser le sable humide.
Il y a du monde à la plage du Rouet, mais pas tant que je craignais. Guilaume va peu dans l'eau. C'est un peu hostile, il n'a pas ses brassards et il boit la tasse. pouah l'eau est vraimetn trop salée ici. En plus ça pique les yeux. Ça lui suffit. Il se lance dans des manipulations de sable. il empile, il transvase, il fait des multitudes de va et vient entre la bord de l'eau et son coin de sable. Inlassablement.
Plus d'une heure qu'on rôtit en plein cagnard, malgré les chapeaux, la crème solaire et les polos qu'on a gardé sur nous. Le coup de chaleur est à craindre pour tout le monde. L'ombre nous fait vraiment rêver Laurent et moi.
Je me rapproche de Guillaume.
- Tu fais quoi là ?
Il me montre des trous alignés qu'il remplit consciencieusement.
- Ça ! tu vois bien !
Évidemment. que je suis gociche. Je reviens à la charge.
- Il est un peu tard.
Silence dans le sable, faut dire qu'on est hyper concentré dans l'action. J'insiste.
- Il va falloir qu'on rentre, t'as pas un peu faim ?
- Non, j'ai pas faim (réponse ferme sans se déconcentrer de ses alignements de sable tamisé)
Message envoyé, message reçu. Laissons lui le temps de digérer l'informaton.  Il continue son boulot de trous alignés. Je retourne m'asseoir. Nous patientons encore un petit quart d'heure. Et puis, Laurent et moi, nous nous levons pour commencer à ramasser nos affaires.
Je retourne vers Guillaume qui monte un gros tas de sable humide maintenant. Pas trop tranquille de le déranger en plein dans sa création, mais si j'attens qu'il ait fini.... J'y vais en douceur.
- Tu veux bien m'aider à rincer tous tes outils pour qu'on puisse les ranger dans le sac ?
Un grand sourire. Il interrompt son travaill. Il prend son seau.
Zut,il m'ignore,  il n'est pas d'accord ? Il se dirige vers la mer, il se penche dans les vagues. Je vais le rejoindre. Lorsque je suis près de lui, il me tend son seau propre, il repart vers son tas de sable et prend la passoire, j'attends.
Il la rince et me la donne. Ainsi tranquillement, gentiment, en prenant son temps, il rince un à un ses jouets avant de me les donner.  C'est pas inespéré ça ?
- Ben dis-donc, ils n'ont jamais été aussi propres les outils de plage. Heureusement que t'es venu.
J'ai franchement envie de lui faire plaisir parce que je le trouve extraordinairement accommodant ce petit.
- Qu'est ce qu'on pourrait manger à midi comme légumes, je sais pas trop. Il lève la tête en haussant les épaules. Il s'en moque complètement du repas de midi. Ce qui l'embête c'est que son polo est trempé. Je l'enroule dans une large serviette, et là, il se sent vraiment bien.
- Je peux rester comme ça dans la voiture ?
- T'es même obligé, j'ai pas d'autre vêtement sec.
- Tout  nu ?
- T'es pas tout nu, t'es emballé dans une serviette.
Il est mort de rire, et s'installe confortablement dans son siège.
Ce problème étant réglé, je reviens à la question repas pendant que Laurent range nos affaires dans le coffre, et reprend le volant.
- On peut faire des pâtes, de la purée, des carottes, du riz, des courgettes. C'est toi qui choisis aujourd'hui, mais c'est exceptionnel, alors profites-en ?
- Des frites !
- Top là, pour les frites. J'en fais jamais, ce sera l'occasion. C'est Papilo qui va être content.
Et là, je vous dis un truc que j'ai découvert par hasard et grâce à Guillaume. Je disposais de pommes de terre cuites à l'eau. Je les ai découpées en cubes et je les ai fait frire comme des frites. C'était bien meilleur que lorsqu'on les cuit crues. Parce qu'elles sont déjà imbibées d'eau donc prennent moins de graisse et rissolent tout aussi bien.
C'est pas un menu de régime pour autant, mais ça limite l'in(di)gestion de graisse
Quant à Guillaume bien repu, je crois qu'il a un peu sabordé sa sieste. Je l'ai entendu chanter et raconter des histoires pendant au moins une demi-heure. L'arrivée imminente de ses parents et de sa soeur doit le rendre fébrile.
Je croyais qu'il allait me demander un cône pour le goûter, ça m'aurait embêtée, parce que je ne voudrais pas que la crème glacée se systématise pour le goûter. Mais pas du tout, il a choisi l'option kinder bueno, jus d'orange et une pêche que je lui ai épluchée et détaillée en dés. Et p100uis, c'est tellement bon de manger les cubes de fruits avec les doigts, hein José ?
Nous avons eu le temps de jouer un peu, très calmement, un jeu d'observation et de transposition de formes, il a bien aimé. Sa concentration est remarquable. Quand il ne trouve pas, il cherche, jamais il ne s'énerve. Je suis vraiment épatée par certains aspects de sa personnalité.
Nous étions installés dans le bureau. Laurent bidouillait sur son PC à côté de nous. Il a voulu se pencher pour attraper un truc, le siège a glissé... Et Laurent s'est retrouvé le cul par terre, la tête sous son bureau.... Oh la franche rigolade, aux larmes...Souvent quand je ris avec les petits, c'est par solidarité, pour pas gâcher leur plaisir, mais ce n'est pas vraiment sincère. Je l'avoue je ne suis plus trop réceptive à l'humour des enfants. Mais quand je rigole avec Guillaume, il y a quelque chose qui se libère. Il m'embarque dans son rire généreux, j'adore vraiment ça. Je ne me souvenais plus que c'était si bon de rire avec un petit. Nous avons passé tellement de temps à rire avec Guillaume que je me demande aujourd'hui pourquoi quand nous sommes tout seuls Laurent et moi, on ne prend pas la vie avec cette bonne humeur là. On ne prend pas le temps de débloquer, de se raconter des délires... Va falloir qu'on s'entraîne, à force de fréquenter des adultes trop sérieux, nous avons  perdu ce petit grain de folie propre à l'enfance. Dis Laurent c'est quand que tu m'embarques dans ce jeu là ? C'est important pour moi d'avoir pirs le temps d'être avec Guillaume, à temps complet, sans le prisme de la famille ou des obligations éducatives. Ni Laurent, ni moi , n'avons pris en compte sa réputation de gamin boudeur et colérique. Nous avions décidé de ne pas donner prise aux conflits ouverts, de ne pas entrer dans des négociations interminables, que les gamins adorent car la plupart du temps, ils ont le dernier mot. Ils sont bien plus malins que nous à ce jeu-là.

cocentrationNous avons vite compris que Guillaume n'aime pas être contraint, il n'aime pas être pris au dépourvu, il n'aime pas être dérangé au milieu d'une action. C'est un enfant qui finit toujours ce qu'il entreprend. C'est une qualité exceptionnelle pour un si petit bout d'homme et nous respectons ça infiniment Laurent et moi. Lorsque nous devions lui imposer un momment (la sieste-quitter la plage-finir l'arrosage-arrêter la douche...) on en parlais avant. On lui expliquait comment ça allait se passer, le début, le déroulement et la fin de l'action. Y' a eu aucun problème.

C'était vraiment épatant ces moments avec Guillaume. Nous avons découvert un petit garçon tranquille, joueur, patient, et passionné. D'une gentillesse confondante.
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Pause favorite. On est tous les deux dans la cuisine. Il est assis à la table, les coudes sur la table, le visage en appui sur les mains, il me regarde d'un air très sérieux. 
- Attends, je réfléchis !
Alors j'attends, je sais que c'est pas du chiqué, que c'est vrai, qu'il réfléchit.

 

Mais c'est vrai Guillaume, t'es déjà presque grand !
 

AVEC DORINE 2012

8 août 2012

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C'est un mercredi, Dorine prend le relais de son petit frère Guilaume. J'aime vraiment bien cette formule et j'espère que tout le monde y trouve son compte. Nous avons procédé comme ça avec nos enfants quand ils étaient jeunes. c''était étonnant de se retrouver tout seul avec l'un des garçons, puis avec l'autre. On se fréquentait d'une autre manière, on pouvait alléger les règles de vie et c'était de bien agréables vacances, pour les enfants et pour nous.
Il y avait une autre formule basée sur un système d'échanges. Un coup c'était Annette et Claude qui prenaient nos enfants avec les leurs ensuite on récupérait les quatre enfants. Ce qui permettait à chaque couple une large bouffée d'oxygène sans la pression de la vie de famille, et aux enfants des vacances entre cousins dont ils se souviendront toute leur vie avec nostalgie.

Pour le moment, nos enfants adultes appliquent la méthode alternative que nous leur avons proposée, impec. Dorine, du haut de ses huit ans est tout à fait familiarisée avec Velaux. Car Dorine est devenue grande. Elle y a ses repères, beaucoup de choses ont été mises en place quand elle était la seule petite fille de la maison. Elle bénéficie pour le moment d'une sorte de suprématie.

A peine a-t-elle posé son sac,
- Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il est un peu tard le soir, je dois préparer le dîner. Laurent et elle se collent à l'arrosage. Le petit arrosoir vert reprend du service. C'est mes géraniums qui s'épanouissent depuis quelques jours. Ils n'ont jamais été aussi bien servis.

Jeudi 9 août -
Petit déjeuner de vacances, seulement autorisé à Velaux parce que c'est les vacances. Madeleines, Kinders Buenos, jus d'orange pur jus mais industriel quand même... Que des bonnes choses en somme et dès le matin, le regard bleu et limpide de Dorine en phase dégustation, c'est rigolo. Tant mieux, parce que le matin, au saut du lit, je ne suis guère fréquentable, plutôt du genre irascible. Ça dure pas longtemps, je me donne beaucoup de mal pour abréger les souffrances de mes partenaires de p'tit déj. Dorine qui me saute dessus dès que j'ai le pied sur l'escalier de dehors, ça me stresse. Elle l'a vite compris. Au saut du lit, je ne suis pas opérationnelle. Désolée accorde-moi quelques minutes !
C'est d'ailleurs pour ça que depuis des lustres, c'est toujours Laurent qui prépare le petit déjeuner, envoie une musique en sourdine dans la chambre. Chaque matin, il me faut ce délai pour me rendre compte que la journée commence et qu'elle sera bonne si je m'en donne la peine.

Dorine l'a compris, alors elle s'adresse à Laurent en me regardant de temps en temps pour s'assurer que je me réveille en douceur. Je capte son regard, son sourire. Aussi sec, mine de rien, elle nous envoie une sentence à sa manière et qui nous amuse toujours.
- Tu sais Papilo qu'il ne faut pas abuser des Kinders parce que c'est pas bon.
- Pourquoi c'est pas bon ?
- C'est de la chimie !
Laurent et moi on se regarde un peu surpris.Et je pose la question fatale.
- C'est quoi la chimie ?
La petite se concentre sur son Kinder, mais il ne détient pas tous les secrets. Elle hausse les épaules. (Ah cette Maminou alors, s'qu'elle m'embête des fois),  Elle répond poliment mais un peu comme si tout le monde s'en foutait.
- Je sais pas.
- Tu crois qu'on peut faire simple Laurent ?
Nous lui expliquons que la chimie c'est une science qui étudie la transformation de la matière. On lui détaille un certain nombre d'aspects entre naturel et synthétique. Finalement, elle nous abrège. Elle trouve la conclusion toute seule
- J'ai compris ! On dit que c'est de la chimie  parce que c'est plus simple. Mais ça veut dire, les produits transformés dans Kinders , enfin je dis ça comme exemple, (elle prend les devants, faudrait pas qu'on prenne ça au pied de la lettre et qu'on la prive de Kinders) donc les produits, ils ne sont pas de très bons produits. Mais c'est pas grave parce que c'est pas tout le temps !
- Bravo, t'as compris !
Un peu plus tard, Laurent mobilisé par un montage de film, Dorine et moi on papote en rangeant la vaisselle. Je lui explique que c'est aujourd'hui la saint Amour (la plus belle fête de l'année) et que le 10 (demain) c'est la saint Laurent. Traditionnellement, on fait chaque année Laurent et moi, une petite fiesta. Elle est donc cordialement invitée cette année. Question toujours concrète de Dorine.
- On prépare un cadeau pour Laurent ?
Je réfléchis
- D'accord, j'ai plein de lavande, on lui fait un petit désodorisant voiture... dans la foulée on en fera pour tes parents et Guillaume.
- Et pour mon amie Mathilde aussi ?
- D'accord pour Mathilde.

Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.

Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/atelier%20do%20ja.jpg

Elle choisit des formes pour ses coussins, des couleurs, des tissus. Là, elle s'éclate vraiment, faut dire que ma caisse est grande. Ensuite, découpages des gabarit papier, transfert sur le tissus. Dans mon boxon personnel on trouve tout ce qu'il faut.

Ethttp://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/aigu%202%20gp.jpg le plus important pour nous deux, la couture. Je suppose que sa maman lui a appris comment glisser le fil dans le chas de l'aiguille. Bravo Alex, elle le fait plus facilement que moi.

http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/coeur%20do.jpgMais la couture est un art difficile. Elle doit gérer deux épaisseurs de tissu, la longueur du fil qui doit pas faire de noeuds à chaque point, la régularité en taille de points et en espacement... Elle va lentement. Elle est très appliquée. Elle fait des points-avant vraiment parfaitement alignés.
On bosse ensemble. De temps en temps je lève la tête pour le plaisir de la regarder. Elle est heureuse, elle est magnifique.

http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/couture%202.jpgfintions

Faut maintenant remplir nos tissus de lavande. Là, c'est un rude boulot car il faut égrener ma récolte et on y passe un temps fou. Mais c'est rigolo aussi. Je propose de faire une finition au "bourdon". Elle trouve ça génial. Elle n'est pas difficile à contenter. Le point lui plaît, alors je lui montre. Et c'est reparti pour un tour de finition.

Celui de Laurent sera terminé le premier, pour demain soir, c'est urgent.

 

Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.

Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.

18h30 Nous avions planifié une soirée plage. Laurent émerge de son coin informatique,

Mais où est mon maillot de bain ? 

Lorsque nous arrivons à Saint Gervais, il y a encore du monde. Mais nous aimons bien cet endroit. C'est propre, très familial. Y'a pas de bousculade, pas de gens bordéliques qui hurlent en jouant au ballon. C'est plutôt papa-maman-bébé qui font des châteaux...

nage

 Laurent et Dorine se jettent à l'eau. Ils cabriolent, nagent, font la planche et s'amusent. Le derrière dans le sable sec, mon bouquin calé sur les genoux, je ne tarde pas à trouver qu'il fait trop chaud.

idealeDès qu'ils sont de retour sur le sable, je me pose les fesses au ras des vagues et je continue ma lecture dans une ambiance fraîche et calme.

Dorine vaque près de moi avec les outils improvisés pour Guillaume qui ont repris du service. Mais elle a des préoccupations de grande, et se lance dans la chasse aux coquillages.
- Tu comprends je fais une grande, une immense collection...!
Elle ouvre grand les bras pour me montrer l'ampleur de son projet.
coq 2Les coquillages de cette plage sont vraiment petits, mais ils sont élégants, biscornus et colorés. Je me laisse prendre au jeu. Une belle moisson remplit notre seau lorsque le vent se lève et que nous décidons de finir en soirée pizza

- sans champignons et sans anchois, s'il vous plaît- Les champignons j'aime pas, les anchois je sais pas ce que c'est mais j'ai pas envie de goûter d'accord ? D'accord !)

On se rabat sur une "arménienne" et ça elle adore...

Vendredi 10 août, saint Laurent.

Fin de matinée. On s'organise pour les courses du soir. Dorine a trouvé dans une revues un plateau de crudités très mignon, décor de poussins. J'aurais préféré des lapins mais elle avait pas le modèle, et ça lui plaisait vraiment les poussins. Donc comme elle a les modèles, elle fait la liste des courses. Je fais quelques propositions qui m'arrangent. Elle n'est pas trop d'accord. On trouve des compromis. Si j'avais pas exactement l'ingrédient (genre maïs, que nous évitons Laurent et moi - donc pas envie d'acheter un pot pour consommer 3 grains) elle supportait mal de ne pas respecter rigoureusement les indications données. En matière d'esthétique, je voudrais lui apprendre qu'on a le droit de sortir de ce qui est recommandé et que ça peut être joli quand même. C'est pas gagné.

Au retour, j'ai des trucs à faire dans la maison. Elle va rejoindre Laurent qui lui donne accès à des jeux "éducatifs" sur Internet, les petits ont leur pc portable dédié à ça. Trente minutes plus tard, je viens jeter un oeil dans ma messagerie. ils sont tous les deux bien sages, chacun dans son monde. J'accorde mentalement encore cinq minutes au PC de Dorine. En attendant, Je m'assieds à mon bureau et j'écoute. D'abord les souffles chauds des ventilateurs, puis les clacs-clacs des touches et les clics-clics des souris... Et très loin dehors, les cigales qui grincent en cadence. Et de temps en temps un soupir agacé de Laurent ou un chuchotement de Dorine... ou un éclat de rire...

J'allume ma machine. Rapidement je me retrouve aussi dans mon monde parallèle. Et puis soudain, un son incongru me réveille. Les sons ont changé sur l'un des PC. Il y a des conversations, des cris, de la musique... Je me retourne vers le PC de Laurent, c'est pas lui. Dorine ? Hé oui, elle a trouvé sur Internet une série télé qui semble la fasciner.
- Tu fais quoi Dorine ?
- Oh rien je cherche des jeux
Pfuit, clic rapide, la fenêtre change...
C'est encore moi qui dois réagir, et je m'adresse aussi à Laurent,
- Là on va pas être d'accord tous les trois.
Il lève la tête, la souris en suspension... Je reprends pour Dorine,
- Si tu veux regarder une série télé ou un film, pas de problème. On choisit ensemble quoi et à quel moment. Mais ce sera obligatoirement dans le séjour sur la télé. J'aimerais que ton PC soit uniquement destiné à la messagerie et aux jeux éducatifs, du moins pour le moment, et pas plus d'une demie-heure. Dorine confuse,
- Mais pourquoi ?
- Parce que.... Parce que je me trompe peut-être mais regarder un film pendant une heure ou une heure et demie, ou trois séries télé d'une demie-heure, ce n'est pas la même chose que de jouer pendant 1/2h ou 3/4 d'h... Pour tes yeux, pour ton attention, je crois que c'est mieux de regarder les films bien installée dans le séjour et sur grand écran... Tu en profiteras d'ailleurs beaucoup mieux. D'accord ?
- D'accord.
Comme il est l'heure du repas, on éteint tout ça... et c'est réglé pour le moment.

L'après-midi on se remet à nos ateliers couture. dé

On essaie quelques points avec un dé, mais nous ne trouvons pas la taille requise Même rembourré de sopalin, le dé ne pense qu'à se barrer...alors on abandonne. Surtout qu'il y a déjà fort à faire dans la maîtrise de l'aiguille et des points... Pas tout en même temps non plus. Radio-suisse-classique diffuse une musique baroque joyeuse et on jacasse.

On parle de poissons, de mer. On dérive sur le musée océanographique d'Antibes. On s'accorde une pause enthousiaste pour une visite guidée sur le site Internet. Juste un p'tit quart d'heure. Nous décidons que nous en parlerons avec ses parents, l'idée d'y faire un saut toutes les deux aux prochaines vacances nous séduit.
- Guillaume, il est trop petit. Mais est-ce qu'on pourrait emmener Maman ?
- Pourquoi pas ! On en parlera avec tes parents. D'accord ?
Elle s'échappe vers la balançoire, elle hurle des chansons. Ça c'est du défouloir !
Plus tard on s'attelle à la préparation du dîner festif prévu pour Laurent. Dorine emballe le cadeau,

elle décore l'emballage. décor

C'est fou le boulot qu'on abat avec elle.

 

cad doOn passe une super soirée au frais sous la tonnelle, on délire un peu mais pas trop,

fete

et puis bien entendu on se couche très tard... aïe, aïe, aïe. Mais non, pas aï.

Pour tout le monde otpion grasse matinée demain, 9h30 ? 

10h ? Oui ça paraît bien 10h 00 !

"C'est trop bon les vacances" parole de Dorine.

 

 

 

 

AVEC SHANA 2010 - 2011

 

shana 1

Aout 2012

Notre Shana est une petite fille de 4 ans. Il semble qu'elle soit pour le moment dans une phase de relation très personnelle avec sa maman et son papa. Laurent et moi nous en sommes ravis dans la mesure où cela signifie qu'elle se sent parfaitement bien avec ses deux parents.

Elle vient volontiers à Velaux, mais ne veut pas lâcher ses parents. Et je ne peux pas dire que ces moments de partage familial me permette de comprendre comment elle fonctionne. Cela surtout ne me permet pas d'établir avec elle une relation qui nous soit propre.

famille

Car pour le moment et dans tous les cas, ses parents restent seuls maîtres des situations qui se présentent et même chez nous, ce sont leurs règles de fonctionnement qui sont appliquées.

Mais ce que je discerne du tempérament de Shana me réjouit vraiment et j'ai hâte de voir se développer en elle toutes les qualités de sa petite enfance.

Je garde de Shana deux images magnifiques que ma mémoire entretient avec bonheur.

La première image c'est Shana, sur Lune de Miel avec Laurent et moi. Il y a deux ans, elle était bien petite encore, et finalement plus indépendante qu'aujourd'hui. Nous y avions passé le samedi et le dimanche, à Martigues. Nous avions dormi à bord, nous étions allés à la mer. Elle était preneuse de toute proposition avec un bel enthousiasme. Je la vois encore quand on lui disait, on rentre, elle marchait devant nous avec ses petits sabots d'été chevalde sa démarche encore un peu bébé et si déterminée.

C'est une petite fille toute en affectif et en charme. Elle le sait et elle en use. Elle est vraiment chouette.

La deuxième image, il ne faut pas la perdre celle-là. Une des rares fois où les enfants en rupture de gardiennage (ils travaillent tous les deux) m'ont demandé de prendre le relais pendant une journée. J'irai à Marseille en train, avec plaisir. Chez elle, la rupture parentale se passe mieux.

Manque de pot, toute la nuit qui a précédé, j'ai été malade, malade... J'ai dormi trois ou quatre heures et quand j'ai pris le train de sept heures cinquante, j'étais un peu en vrac.
J'arrive chez eux, vraiment défaite et tout de suite José est en alerte
- Ça va pas, t'es toute pâle ? Méfie-toi y'a de la gastro dans l'air, on y est tous passé ici !....
J'insiste pas trop. Ça ira mieux plus tard. A vrai dire, il est à peine parti que je me précipite une fois de plus dans les toilettes. Ensuite je me ressaisis.

kine

J'explique à Shana qu'on doit faire des jeux très calmes parce que j'ai mal au ventre et je n'ai guère envie de m'agiter. Elle me regarde d'un air très grave.
- Je sais faire les massages, tu sais !
- Afinh bon, tu fais comment ?
- Il faut que tu t'allonges sur la canapé et que tu bouges plus.
 J'avoue que l'idée de m'allonger me convient tout à fait. Je lui demande donc de me faire des massages.

Si ça l'amuse après tout...

Lorsque je suis allongée, elle se met à califourchon sur mes cuisses. Elle lève mon pull et mon maillot et tout doucement, si doucement, à peine un effleurement, elle me "masse" l'estomac. mouvements concentriques et parfaiement symétriques avec ses deux petites mains parfaitement à plat. . Quelquefois elle s'interrompt, les mains en l'air, hésitante.
- Ça va, je te fais pas mal ?

Pure moment de bonheur. J'ai les larmes aux yeux rien que d'y penser.

sept 12Comment un si petit bout d'humain (3 ans et demi) peut-il se soucier du bien-être d'une grand-mère en perdition.

 

 

Ah Shana, tu es un ange au fond de toi !