Vendredi 19 juin 2020-Velaux
Des journées intenses viennent d'être consacrées à l'installation de notre future station radio-amateur... Laurent a pas mal arpenté notre petit terrain, grimpé sur le toit, descendu, remonté... Acheté d'occcasion des mats de planches à voile (fraîchement repeints en bleu azur et c'est du plus bel effet..)
Il s'est beaucoup gratté les cheveux aussi. Notre installation est moins prétentieuse qu'à Charentilly, beaucoup moins performante bien entendu. Mais l'avantage, c'est qu'elle ne devrait pas faire jaser dans le quartier...Tout ça pour réaliser, l'adaptation façon F6FEH d'une antenne décamètrique filaire qui a fait ses preuves ailleurs et pour d'autres OM. Mais raccourci,ajusté, ce fil est fort décevant, beaucoup trop de bruit dans tout ça. La réception est parasitée, l'émission est molle... Cette antenne ne pourra vraisemblablement fonctionner en multi bandes qu'avec un coupleur d'antennes. Ainsi nous voilà en escapade vers Lanemezan (Hautaget) là où Laurent a déniché le coupleur d'antenne idéal.
Quelques belles étapes paysannes dans l'Aude (Trèbes) ou la Haute Garonne (Arzens-Saint Gaudens)
L'aventure inattendue nous attend à Carcassonne. Nous y passons une fantastique journée, repas cassoulet en terrasse ombragée,cinq tables occupées pour une trentaine de prévues. Le déconfinement n'a pas vraiment eu lieu...
La ville est animée mais on se bouscule pas. Rares sont les visiteurs qui ne soient pas masqués. Une bien belle étape, rustique, tranquille, exotique, esthétique...
En fin d'après-midi, nous retrouvons le petit camion sagement parqué. Nous sommes fourbus par nos déambulations en ville et fort heureux de reprendre la route. Hop là !
Quelques tours de roues. Laurent pile très soudainement alors qu'il vient juste de sortir de son emplacement.
- t'as oublié quelque chose ?
- ......
Il se gratte le crâne, (geste qui exprime chez lui une immense perplexité, comme vous savez) Il ne me jette même pas un oeil. Il descend du véhicule sans un mot... aïe aïe aïe ! Il tape à la vitre.
- Viens voir, on a crevé !
Pas si dramatique, on dispose d'un kit réparation tout neuf et sa mise en oeuvre m'intéresse. Il faut le savoir, les campings cars récents n'ont pas de roue de secours, nous disposons juste de ce kit anti-crevaison, réparation d'urgence. Mais bon, ça permet juste de tenir la route si j'ose le formuler ainsi. Donc, je descends tranquillement du véhicule, plutôt curieuse qu'inquiète. Sauf que.... Il ne s'agit pas d'une crevaison mais d'une véritable explosion du pneu. Nous sommes passés sur un bout de ferraille planté au milieu de la place de parking et caché par des herbes, impossible à voir en arrivant. Le pneu est complètement désintégré. Et de pneu de secours nous n'avons pas. Zut, il est presque 17h, qui va nous dépanner si tard un samedi ?
Nous remontons à bord, papier, crayon, smarphone... suivent de longs entretiens avec la Maif, (qui déclare ça comme accident... ouf ! Mais nous devrons trouver tout seul un garage qui répare, côté assureur, on nous envoie une dépanneuse qui nous tractera au garage)
Le garage que nous arrivons à joindre, nous bouscule. Faut arriver avant 19h00, sinon ce sera pour lundi matin... Hé oui, c'est le week-end mon bon monsieur ! Ciel ! il est déjà 17h30. Faudra-t-il dormir à Carcassonne au frais de la Maif ? dormir sur le parking dans le petit camion ? dormir dans le garage qui va nous dépanner ? Aucune de ces options ne nous enchante
Passe, une demie-heure, enfin arrivent nos sauveurs. Nous devons monter à bord. Nous sommes hissés sur la plate-forme en dix minutes. Nous devrons rester à bord pendant le transfert car il est interdit d'accueillir des passagers dans la cabine dépanneuse. Laurent prévient le garage de notre arrivée imminente. C'est parti pour un court déplacement de conduite passive. Merci Saint Fiacre, patron des chauffeurs ! C'est assez rigolo de se déplacer à 2 mètres de hauteur dans la cabine du camping car, tiré par un camion... Et puis l'idée que nous pourrons repartir dans l'heure nous détend, et on rigole. Un moment très sympa, comme au cinéma. On traverse en douceur le parking, on arrive à la sortie... Notre convoi s'immobilise...
Le chauffeur de la dépanneuse arrive à notre niveau. Sa mine piteuse ne m'inquiète pas le moins du monde; je trouve l'aventure plutôt sympathique. Il nous fait signe.
- On va devoir vous redescendre. Un problème à régler.
- Un gros problème ?
- On a pété l'embrayage de la dépanneuse, on ne peut plus bouger...
- Pardon ?
- Oui, on est en panne... Mais quelqu'un va venir prendre le relais...
Des fois, on croit que la dépanneuse arrive pour nous dépanner, mais qui va dépanner la dépanneuse ? Les autres dépanneurs ont bouclé leur semaine à cette heure-là. Ciel, qu'allons-nous devenir !
Le petit camion, fort déçu, est descendu de son perchoir et nous avec. Y'a plus qu'à.... faut qu'ils... et... ils l'ont fait.
Nouvel attelage, nouveau départ en mode cinéma, et ça nous fait rire de plus belle. Nous avons eu raison de pas nous affoler.
Nous n'avons pas dormi à Carcassonne car le garage qui nous attendait a été d'une remarquable efficacité.
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Dimanche 21 juin 2020.
Une étape fort agréable à Saint Gaudens, le camping municipal vaste, herbeux et ombragé jouxte le musée du circuit automobile de Comminges, proximité du lac de Sède qui nous offre une sympathique flânerie en soirée. Ce que nous observons depuis notre départ, c'est que la plupart des sites touristiques, des musées, des expos sont fermés ou pas encore ouverts. Dommage, l'aspect culturel de notre escapade sera quelque peu décevant. Consolons nous, le camping du Lac est génial.
L'entrée est sécurisée par un portail, piloté par borne automatique. On s'identifie, on paie pour une nuit (8 € tout compris) le portail s'ouvre et on s'installe où on veut. Pour sortir, il suffit de taper le code de notre ticket d'entrée. Fastoche non ?
Lorsque nous arrivons au campement le portail est grand ouvert. Il est donc impossible de valider notre entrée car dans ce cas l'accès à la borne est impossible.
- On entre quand même ?
- Bein oui, peut-être que c'est hors saison et que c'est gratuit jusqu'en juillet...
- T'as raison, c'est pas le premier campement qui fonctionne comme ça.
Donc nous entrons, il y a quatre campeurs installés dans un espace prévu pour une soixantaine. Mais pas un humain en vue.
Nuitée idéale d'un rare confort.
Lundi matin.
On en profite pour faire les services d'hygiène obligés du petit camion et nous repartons tout guillerets. Il est content le petit camion, il sent bon le propre, il ronronne... Pas bien longtemps car nous arrivons au portail du camping qui est fermé. aïe, aïe, aïe...
Premier réflexe de Laurent, c'est d'aller à la borne pour acheter un ticket d'entrée, ainsi devrait s'ouvrir la barrière. Opération impossible car le véhicule est du mauvais côté et bloque la procédure d'entrée... Deuxième réflexe de Laurent, c'est d'observer ce foutu portail. Au ras du sol un énorme levier. Nous essayons de l'actionner, des fois que ce serait une ouverture manuellle. Par exemple pour quand le système est bloqué... Ça résiste, ça coince, ça geint, ça crie... mais ça ne bouge pas d'un pouce.
- Y'a des lustres qu'il a pas servi ce levier. Tu crois qu'il sert à quoi....
Moi j'ai pas envie de payer une amende pour détérioration du matériel public.
- Arrête tu vas tout casser. Je vais voir au bloc sanitaire, y'a sûrement un numéro de téléphone d'urgence.
- Si tu veux, pendant ce temps là, je tente autre chose...
Je trouve un numéro d'appel à la Mairie. Pendant que je fais le numéro qui sonne dans le vide (il est pas 9h) j'aperçois Laurent de loin. Il a trouvé un caddy abandonné. Il passe par le portillon piéton. Il doit penser que la cage métallique du caddy trompera la caméra et qu'elle le prendra pour une voiture. Je le vois avancer, reculer, piloter son caddy dans tous les sens. rigolo mais guère efficace. Si Guillaume avait été là, il se serait régalé de piloter cet engin en zig zag en visant la caméra. Et puis j'entends des voix... Je me précipite, peut-être que ceux là pourront me conseiller. Je tombe sur une campeuse hors d'elle. Car elle aussi est coincée. Le portail était fermé à son arrivée et elle a validé son ticket. Mais aujourd'hui le portail ne réagit pas... Je ne sais comment me libérer de cet ouragan de rage... Le petit camion apparaît dans mon champs de vision de l'autre côté des sanitaires. Laurent est au volant, le petit camion jappe joyeusement. Je cours vers lui.... Le portail est ouvert...
Tout simplement, en y mettant tout son coeur et beaucoup de détermination, Laurent a réussi à actionner le levier manuel récalcitrant. Vite barrons-nous d'ici.
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Nous prévoyons une courte pause en début d'après midi à Hautaget pour récupérer le coupleur d'antenne qui va résoudre tous les problèmes émission-réception de notre station radio. Mais l'accueil chaleureux de Serge (F6FAU) nous comble d'un bien-être que nous n'avons pas envie de refuser. Nous acceptons de nous garer dans son jardin pour la nuit. On a, semble-t-il, bien des choses à partager. Laurent et Serge, comme de vieux potes, s'embarquent pour quelques courses improvisées. J'en profite pour caresser le piano droit de Serge. Je m'y attarde pour sentir la souplesse du toucher. J'adore... Rien à voir avec mon piano numérique, même avec son "toucher lourd" comme dit la notice. Je regrette pas mon choix vu mon niveau, mais des fois, je rêve....
Elle est chouette la maison de Serge. Apaisante, spacieuse, moderne. Sous son toit artistique d'ardoises, elle abrite discrètement le monde complexe de l'OM. Musique, danse, radio, bricolage, un intéressant mélange de passions se bousculent à l'étage.
Mardi, lorsque nous avons émergé dans la matinée, Serge avait déjà planifié que nous passerions ce jour là ensemble. Il nous entraîne à la découverte de sa douce campagne au coeur de la Montagne Noire. Nous nous échappons pour une belle virée vélo dans la vallée de la Neste. Un gigantesque grand huit en montées, descentes qui s'enchaînent. C'est raide en montée, jouissif en descente, la fraicheur de la rivière nous caresse le museau. Vive l'assistance électrique mais nos batteries mettront du temps à s'en remettre.
Une bien belle, bien bonne rencontre avec Serge. Pour nous, des liens se sont ainsi noués que le monde radio-amateur devra entretenir.
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Mercredi 24 juin.
Cros (Ariège) sera notre première étape du retour, toujours champêtre et peu couteûse (camping municipal, 15 € la nuit) puis nous nous attarderons à Durfort (Tarn) puis à Fraisse sur Agout (34). Des villages paisibles, tout en pierres, enrichis de cours d'eau généreux. si paisibles ! Que ce soit en vélo ou à pieds, tout ici est rurale, et annonce de belles qualités de vie.
Dimanche 28 juin. L'exode estival paraît lancé car dans la vallée de l'Agout, les touristes circulent. C'est le moment pour nous de nous rapatrier au calme dans la petite maison Velaux. Vous y retrouver peut-être, car nous nous y abriterons tout l'été.
Dimanche 28 juin 2020