ET SI ON JASAIT...

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2023...SUR ANUSIE

NUAGES

Depuis quelque temps, mon corps, qui en a marre d’assumer ses déficiences, se rebelle. Misère aussi totale que banale. Tout cela peut se régler. Il me suffit d’un court séjour en Anusie. Prendre congé de mon corps, le temps de remettre tout ça en ordre.

Oui, mais j’hésite. Hé oui, s’échapper de soi-même, ce n’est pas anodin. S’abandonner totalement à des inconnus, ça me plaît moyennement. Et surtout, au retour, quelles retombées indésirables dois-je craindre ?

 

Mais Bernard, spécialiste Anusie maîtrise parfaitement son monde et me rassure pleinement.

- Non, non. Soyez tranquille. L’OZA (Organisation Zénitude Assurée) saura gérer tout ça.

Avec un bon sourire, il a longuement insisté sur les bienfaits que cette expérience m’apporterait. Bernard sera donc responsable de moi aussi longtemps que je serai entre ses mains expertes. Et même ensuite, car il assure le service après-vente m'a-t-il dit.

Vu mon état, je n’ai guère le choix. Et me voilà engagée dans un processus inatendu, prête à m’échapper de moi-même. Confiante, pas tant que ça. Alors je refuse d’y penser. Je me laisse porter par les pros...

L'OZA planifie tout. Elle a récupéré tout mes documents administratifs et justificatifs identité et passe sanitaire, autorisation de séjour… etc.. Et tenez-vous bien, car vous n’aurez jamais fait de voyage dans ces conditions, l’OZA prend en charge tous mes frais. Séjour, déplacements locaux, bien être… Elle assure tous mes transferts. Je ne dois m’équiper que d’une valise de cabine, pourvue d’un strict nécessaire de toilette. On me donnera le costume adéquat dès mon arrivée. Incroyable non ? Même pas de valise à faire !

Fébrile beaucoup, anxieuse un peu, je passe des semaines agitées.

Jour J. Enfin, mon taxi me dépose au seuil d’un immense immeuble perdu dans la nature. Sur le fronton s’étale en lettres vertes (la couleur de l’espoir) : ANUSIE, accueil

 

Mon itinéraire à la main, je repère le hall d’accueil et m’y engage. Vaste, quasi vide. Le stand est désert. Pas d’hôtesse, pas d’uniforme qui flâne. À peine l’un ou l’autre quidam aussi isolé que moi. Même pas un échange de regards. Chacun de nous, vaque à la recherche de repères.. Ça manque singulièrement de contacts humains cet accueil. A vrai dire ça ne me dérange pas. Bien au contraire, j’ai toujours eu en horreur l’agitation de ce genre d’endroits. Vous savez, ces salles d’embarquement surpeuplées. On est piégé dans une queue interminable à attendre dans la promiscuité, les cris, les bousculades, les piétinements ; ici question tranquillité, c’est royal. A tribord, des baies vitrées illuminent l’espace. A bâbord, c’est le côté obscur d’une multitude de couloirs. Qui eux, distribuent une multitude de directions.

Me voilà bien ! Serais-je la seule à prendre le départ ?

J’avise un banc, chausse mes lunettes, déplie mon plan. Ah, voilà, je dois d’abord trouver l’ascenseur. Fastoche, il suffit de suivre le couloir, il sera sur ma droite.
Ouf, je sais où aller !

Il est agréable cet ascenseur malgré son aspect fort ordinaire. J’y suis fort bien accueillie par une voix synthétique qui m’inonde de civilités et me demande de confirmer avec douceur que je veux bien me rendre au 2ème palier…Je cherche un clavier qui me permette de valider ma destination. Mais y’en a pas. Quelques secondes passent dans l’incertitude. Puis la voix soyeuse me rappelle à l'ordre.

- Veuillez répondre à la question par oui ou par non, s'il vous plaît.

- Oui, la réponse est oui, que je ronchonne. 

La porte se ferme lentement. Silence, temps mort ambiance ouatée. Je ne ressens aucun mouvement mais je vois défiler un mur gris. A peine quelques instants. Je suis de nouveau dans la lumière. La porte glisse et dévoile un nouveau couloir très lumineux. La voix mélodieuse chuchote.

- Veuillez sortir ! Une assistante viendra vous chercher dans un premier sas. Votre couleur est le jaune. Nous vous souhaitons un excellent séjour.

Des tas de flèches de toutes couleurs invitent à longer ce long couloir. Je repère donc la flèche jaune qui doit me servir de guide. Je tourne, je vire, je déambule dans un dédale de couloirs déserts, un grand hall, quelques bancs toujours déserts. La flèche jaune bifurque jusqu’à ce que je me trouve face à une vitre coulissante graphitée de jaune. Elle s’ouvre spontanément devant moi. Je suis dans l’entrée d’un immense espace pourvu de fauteuils, jaunes toujours, isolés d’au moins cinq mètres les uns des autres. C’est pas l’idée que je me faisais d’un sas. Mais pas de doute, c’est ici. Je m’installe donc confortablement.

Le coulissant se referme sur le silence qui m’entoure. De temps en temps, un uniforme blanc ou un uniforme bleu, toujours très affairé passe derrière la vitre, démarche vive mais discrète. Je crois bien que je me suis endormie.

- Vous êtes prête ?

Je fais un de ces bonds !  Une dame en bleu, souriante vient vers moi. Sa chevelure brune lui retombe sur les épaules. Un franc regard bleuté. Elle est magnifique. Sa voix est douce.

- Bonjour, je suis Romane, excusez-moi, je vous ai réveillée un peu brutalement.

Je lui tends ma feuille de route, qu’elle lit rapidement. Visiblement satisfaite, sans jamais se départir de son sourire, elle me pose quelques questions d’usage domestique, du genre.

- à quelle heure avez-vous pris votre dernier repas ?

- de quand date votre dernière boisson ?

- avez-vous bu de l’alcool ?

- Avez-vous pris une douche ce matin ?

- Avez-vous fait le test anti-viral ?

- Avez-vous pris des médicaments ce matin ?

Je la trouve quelque peu indiscrète mais ces questions doivent être routinières. Alors je ne me formalise pas. Et puis elle est tellement chouette, comment lui résister. De plus, elle apaise ma contrariété en quelques mots.

- C’est juste des questions pour assurer votre retour dans les meilleures conditions. Quelquefois, certains sujets peuvent ressentir un malaise au retour. Nous anticipons pour éviter cela.

Elle m’invite à la suivre ;

- Je vais vous conduire dans le sas d’internement. Vous pourrez y laisser vos objets personnels en toute sécurité. Ils seront rapatriés dans la chambre qui vous est destinée. Vous les trouverez à votre retour. Vous devez aussi prendre une nouvelle douche et vous changer. Vous trouverez un jeu complet de costume sur la table ainsi que des couvertures si vous avez froid.

Nous nous engageons donc dans un nouveau labyrinthe. Les couloirs éblouissants, sinuent et se croisent à l’infini. Quel monde étrange.

Si vous vous souvenez des robots humanoïdes d'Azimov, vous pouvez comprendre ce que je ressens. Les rares personnes qui m'abordent sont affables, figées dans leur dialogue, pas de place pour l'impro... Des corps parfaits, des sourires, une voix douce mais sans nuances. On reste dans le cadre prescrit... La rigolade et la familiarité ici, n'ont pas cours.

Une nouveau hall, comparable au précédent. J’y trouve une cabine de douche et tout ce qu’il faut pour me changer.

Quand même, cette phobie de l’hygiène m’inquiète quelque peu. Ce monde est-il menacé d’un virus récalcitrant ? Y a-t-il à l’affût dans le moindre repli de murs, de portes, des armadas de bacilles prêts à me fondre dessus ?

Dans le doute, je prends ma deuxième douche du matin. Et sort de son emballage étanche mon nouveau costume. Zut alors faut que je reste attifée avec cette horreur ?

Je m’emballe sans enthousiasme dans cette étonnante « lingerie », d’un bleu indéfinissable. Une espèce de chemise bien trop grande qui me descend sur les cuisses et se noue en arrière avec un lien unique. Les épaules dégringolent tout le temps. Vous imaginez comme c’est commode. Quant au pantalon, on y logerait quatre paires de mon fessier qui n’est pourtant pas négligeable. Et le pire, pas de sous-vêtements. Bonjour le confort ! J’entortille tout ça comme je peux autour de ma taille. Je chausse des espèces de chaussons tout mous, sans semelles. C’est pas avec ça que j’irai courir dans la colline. Cet attirail n’est même pas en tissu. C’est une sorte de tissage plastic-papier… d’une légèreté incroyable, indéchirable (j’ai essayé) et glaçant. Je comprends l’amas de couvertures polaires qui s’empilent sur la table.

Pour l’exotisme je suis servie. Donc aussi peu élégante que possible je me blottis dans un fauteuil, cachée jusqu’au menton par une couverture gris perle. Et je me rendors tranquillement.

Tiens mon fauteuil a bougé. J’ouvre un œil ; un grand gaillard, vif et joyeux se penche vers moi.
- Bonjour jeanne. Bien dormi ?

Je grommelle un bonjour ensuquée. Il enchaîne.

- Je m’appelle Paul, je vais vous conduire à votre dernière étape. Vous me suivez ?

Je me lève un peu vaseuse en rassemblant les pans de ma liquette qui ont une fâcheuse tendance à me dégringoler sur les genoux. Il est très loquace mon guide… et si joyeux. Alors je me laisse guider par la musicalité de ses propos. Je suis vraiment sonnée. Aurais-je subi un décalage horaire à mon insu ? L’eau de la douche a-t-elle été imprégnée de somnifère...

ANUSIE

Changement de décor. Nous arrivons dans une salle fort peuplée. La lumière est crue, bleutée, complètement artificielle. Plusieurs lits sont éparpillés. Des gisants plus ou moins couverts semblent dormir. Ils sont connectés à un tas de tubes, de fils, à un incroyable attirail d’écrans, de radars et je ne sais quoi. Tout autour des silhouettes en combinaison blanches, masquées, charlottées, s’agitent en chuchotant., des bip, bip plus ou moins réguliers en sourdine.  Je pense à un monde souterrain avec des ouvriers qui manient pioches et burins… Voilà que ma tête chantonne...  « Les petits nains de la montagne.. verduronette, verduré... »

Mon guide m’aide à m’installer sur l’une des couchette. Je suis cernée d’une multitude d’écrans, de clavier, d’appareils mystérieux, tous éteints. Je dois restée allongée. Une ombre calottée de blanc se penche sur moi.

- Bonjour, je suis Gérard, je vous accompagnerai jusqu’à votre retour, tout va bien ?

- Oui, tout va bien, merci. Y va se passer quoi maintenant ?

- je vais vous poser une aiguille dans le bras. Histoire de vous libérer de votre esprit qui prendra alors le départ.

Il rapproche son matériel, Une légère piqûre au creux du bras. Une douce chaleur se répand dans mon corps.

- Est-ce que votre image se brouille ?

- Non

- Et maintenant est-ce que les images tournent ?

Il finit à peine sa phrase, je m’entends lui dire en sourdine, « j’ai le vertige... »
Trou noir….

 

- Jeanne, vous m’entendez ? Jeanne pouvez-vous ouvrir les yeux ?

La voix féminine est lointaine, puis se précise. Puis se précisent une multitude de sons très variés. Piétinement,s raclements, roulements, rires... voix qui chuchotent…

J’ouvre les yeux… Aille, aille, aille, finie la tranquillité. Un monde fou autour de moi. Je ne sais pas d’où venait la voix féminine. C’est un homme qui se penche sur moi, avec toujours ce sourire qui semble être l’expression familière ici.

- Vous me reconnaissez, c’est moi, Bernard, responsable de votre état.

Bof ! Qui ça ? je fronce les yeux, encore un qui est masqué et calotté. Je mets un certain temps à le situer. Et puis je m’accroche à son joli regard clair, si rassurant.

- Ah mais oui… Bernard, bien sûr !

Je ne reconnais pas ma voix, qui vient de la nuit des temps. J’ai l’impression de coasser… Je me racle la gorge…et lui adresse un sourire gêné

- Excusez-moi, oui, je vous reconnais.

Il rigole franchement.

- Vous avez atterri. Tout est en ordre. Nous allons vous monter à votre chambre. Vous retrouverez toutes vos affaires… et la vie va reprendre, très différente pour vous.

- Mais, vous êtes certain qu’il n’y aura pas d’effets rétro-actifs, pas d’effets secondaires ?

- Si, y’en aura tout plein, mais vous aurez à votre disposition tout ce qu’il faut pour vivre avec ça pendant quelques semaines, le mieux possible. Vous serez en contact régulier avec l’OZA et vous pourrez me joindre quand vous le souhaitez. Peu à peu, vous ressentirez les bienfaits de cette courte absence de vous-même.

Je dois avoir l’air très tarte, déboussolée aussi. Le sauveur de ma misère amorce son départ puis se retourne.
- Nous nous revoyons dans un mois. Nous ferons le bilan des changements qui vont survenir dans votre vie.

Un petit signe de la main. Il s’éloigne. A peine quelques instants plus tard, mon lit se met en branle. Je lève les yeux vers l’arrière. Le visage toujours joyeux de Paul, mon transbahuteur, illumine l’espace.

- C’est fini, je vous ramène chez vous... Contente ?

 

Mais ça, mes amis, je ne peux pas encore vous le dire.

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2021 LA BALADE DES GENS HEUREUX

odileNotre amie Odile nous invite avec humour dans un cercle de "vieilles" ; embarquons joyeusement avec elles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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2017 SALON LYRIQUE A VELAUX

Velaux, quel village ! Il s'y passe de bien belles choses. Comme ce salon lyrique ?  Vous avez déjà vécu ça chez vous ?

 

Salon Lyrique à Velaux from Laurent on Vimeo.

-bachianas brasileiras-suite n°5 de Villa Lobos (aria et danse)

Quand j'ai reçu l'invitation de  Magali, "concert domestique"  j'ai pensé tout de suite aux meubles et objets qui chantent et dansent dans "l'enfant et les sortilèges" alors vous pensez si j'ai embarqué Laurent à ce mini concert avec enthousiasme.

En plus c'était tout près de chez nous.

Dans la maison de Magali, un piano noir à queue faisait face à une trentaine de chaises sagement rangées en lignes dans le séjour. La plupart déjà occupées. Magali est venue face à nous, belle, en toute simplicité, suivie de son amie Soizic souriante et chaleureuse. Magali nous a annoncé un programme nostalgique, mais le premier chant leur a permis une entrée taquine, voire irrévérencieuse. Pas tout à fait l'idée que je me faisais de Gounod et d'une ambiance lyrique. J'ai adoré.

Que nous réservaient les Pucini, Mendelsson, Grieg, Rossini, Mozart et autres gens du monde classique ? Que du bonheur !

Mes oreilles n'avaient jamais fréquenté une voix soprano de manière aussi proche. Vous connaissez mon intolérance aux sons aigus ...   Alors j'avais quelque crainte. L'autre angoisse, c'était, de combien de degrés va se jouer l'écart entre le son juste et le son émis... La voix peut avoir vite fait de glisser, le trac aidant... Mon inquiétude n'a pas duré longtemps. Dès les premières envolées , la voix roulait, chantait, dévalait les notes et nous emportait.  Deux dames joyeusement accordées.

Elle est belle la voix de Souazic, tantot veloutée et suave, tantot angoissée ou torturée et puis de temps en temps, violente et outrageuse. Que d'émotions, que de douceurs ! Le piano bien posé, en soutien, en contrechamp, en question-réponse. En solo aussi. Oh c'était vraiment chouette.

J'ai découvert ce jour-là autre chose de formidable. Dans un concert, les artistes sont sur scène à des année lumières de specateurs plus ou moins somnolents dans leurs fauteuils. Quelquefois les artistes arrivent du fond de la salle, passent à travers le public. Ils nous efflleurent de leur mystère. Mais le concert, ils le font sur la scène et le contact reste très artificiel. Aussi sympathiques que soient les artistes, la magie de la proximité n'a pas lieu. La scène est toujours si loin des fauteuils !

Chez Magali, nous étions une poignée de personnes rassemblées par deux artistes. Nous étions là  pour partager avec elles un fort moment d'intimité.  Une démarche complètement gratuite. Elles étaient au choeur des spectateurs, dans le coeur des specatateurs. Je n'avais jamais vécu ça. Une belle qualité de musique, de la générosité, de la joie à profusion. Quel bon, quel excellent moment.

(faut que j'vous dise, Magali, c'est mon prof de piano depuis septembre, j'en ai de la chance hein !)                            mars 2017

2013 NOUVEL HORIZON MUSIQUE

 

 

Samedi 14 septembre 2013, Laurent doit m'embarquer avec sa flûte traversière pour y rejoindre tout beau, tout neuf, l'équipe de musiciens de haute volée de l'Harmonie Municipale d'Éguilles.

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Une bien belle équipe, n'est-ce pas ?

Laurent a pris contact avec eux en juillet. Les vacances ont pas mal émoussé ses exercices à la flûte traversière, mais le chef qui ne doute de rien, l'a invité à se joindre à leur concert. Quartier nord d'Aix en Provence, après-midi concert en maison de retraite. Laurent partitions en poche, à peine quelques heures de travail vu les délais, me communique son enthousiasme, mais peut-être aussi, un peu son appréhension. C'est dur de jouer en public quand on n'est pas prêt... Mais bon, il peut s'appuyer sur l'orchestre, et puis, il peut aussi faire silence.

Première approche, immeuble blanc d'hôpital ce qu'il y a de plus ordinaire, neuf mais vraiment blanc hôpital. On m'avait parlé d'une résidence 3ème âge. C'est pas du tout, l'idée que je m'en faisais. Ça s'appelle un EHPAD, (Établissement Hébergement Personnes Âgées Dépendantes) avec un volet USLD (Unité de Soins Longue Durée), environnement hautement médicalisé pour des résidents en grande détresse physique et morale. Zut alors ! Gare à mon moral ! On entre. Hall, accueil, couloir, blouses blanches qui se font la course et fauteuils roulants en instance, plus ou moins habités. Y'a souvent un corps, mais l'esprit est en vadrouille. On nous pilote à travers le hall vers un sas, une porte qui s'ouvre sur l'arrière du bâtiment..

Que voilà un joli jardin ! De grands arbres, de beaux espaces d'herbes hautes. Ni entretenus, ni sauvages, avec juste ce qu'il faut de liberté au détour des allées. Je suis conquise.

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Les musiciens, pantalons noirs, polos ou chemises colorés, (Laurent est en rouge, c'est rare et ça me plaît). Ils ne se sont pas concertés pour les couleurs mais d'instinct, ils ont trouvé le ton juste. Aucun doute, ils ont le sens de l'harmonie. Ils s'installent en demi-cercle sous la pergola.  Agitation de chaises, de pupitres, pets discrets de tuba, couinements de flûte, feulements de caisse ou cascades de clarinette, ambiance décidément très champêtre. Tous terriblement concentrés. Ainsi s'accorde les musiciens dans l'orchestre.  Franchement impressionnants !


Peu à peu le public s'installe. Les sons évoluent vers des chuchotements, feutre des roues qui glissent sur le carrelage, clap-clap de déambulateurs, et raclements de pieds de fauteuils. A part le personnel médical et de rares accompagnateurs qui sont sur deux pieds, le reste du public est à quatre roues ou quatre pieds... Les uns ont le sourire, les autres sont plongés dans une sorte de prostration qui doit peser bien lourd sur leurs épaules écrasées contre les dossiers. Quelques uns sont semi-allongés. C'est la pose immuable de l'attente qui se prolonge quel que soit l’événement en cours. Il y a au final une cinquantaine de résidents alignés en demi-cercle autour des musiciens. L'ombre est fraîche, les visiteurs sont souriants, c'est un après-midi, hors du temps !

bernLe Chef, en costume d'orchestre, prend la pose. Instantanément le calme occupe l'espace. Danse de baguette, mouvements de bras, de tête, maintenant c'est la complicité orchestre-chef qui s'installe. J'adore et je suis un peu jalouse de n'être que spectatrice.

Puis le Chef, appelons le Bernard puisque c'est son prénom, se tourne vers nous. Quel beau sourire, empreint d'une profonde empathie dans le regard. Quelques mots d'accueil, annonce des morceaux qui se veulent un tantinet rétro... Murmures autour de moi, le public adopte.

Dès les premières mesures, il se passe quelque chose parmi les auditeurs. Les semi-allongés redressent leur tête abandonnée dans l'axe de la nuque. Un sourire s'amorce sur leur lèvres. Quelquefois, le regard s'allume. Plus rarement, un son rauque s'échappe des lèvres, plus proche du grognement que du chant, mais c'est une vraie présence. Y'en a même qui battent la cadence de leurs mains posées sur la couverture... Des voix aigrelettes fredonnent...

Un homme allongé, après chaque morceau, applaudit de tout son cœur et claironne tourné vers sa voisine,

« c'est Tino Rossi, ah jaime bien Tino Rossi, je connais toutes ses chansons. Vous savez il est mort maintenant mais c'est sa chanson, si si , c'est Tino Rossi... »

Pour cet homme aujourd'hui, tous les morceaux seront de Tino Rossi, et le Monsieur il connaît bien, il le dit et le redit.Pour « La vie en rose », pour « C'est si bon, » pour « Domino », pour « Brazil », pour « Barnum circus... » Il paraît si heureux de se retrouver quelque part dans un monde qu'il façonne à sa manière.

La dame n'est pas contrariante, si seulement il se taisait. Elle refuse de le regarder, elle voudrait l'ignorer et chuchote. «  oui-oui, mais chu...u....ut... ! »

Pour moi, c'est un fort sympathique moment. J'aime bien cette version d'airs populaires en fanfare. Je suis un peu déconcertée, comme vous savez j'ai pas l'habitude d'écouter ce style de musique. J'apprécie les envolées de cuivre, les judicieuses apartés et le rythme soutenu du batteur... Mëme pas besoin de cirer mes oreilles, (mes bouchons d'oreillle resteront au fond du sac, pour une fois !)

C'est vous dire si ça me plaît. Et même j'entends la flûte de Laurent et il se trompe presque pas... J'adore tout ça. Je me sens bien, bien, bien.

Bernard (je vous rappelle que c'est le Chef) a perçu j'imagine que certaine musique parlait au public, en sortait plus d'un, plus d'une de sa torpeur. Il annonce une reprise. Une dame suggère un tango mais Bernard n' a pas ça sous sa baguette magique aujourd'hui. Il propose « la vie en rose ». Exclamation d'enthousiasme autour de moi.

Et l'orchestre rejoue « la vie en rose »

Une petite pause esquimau glacé pour les auditeurs sax

Profitons en pour admirer de près quelques  artistes

SAX 1SAX 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me tourne vers chacun pour glaner un peu de ce bonheur immédiat.ROSE

Coup de cœur, il y a quelques fauteuils plus loin une dame dans un fauteuil roulant. Son mari qui lui rend visite est assis à ses côtés. J'ai repéré dès le début qu'ils sont différents. La femme est vive. Ils se tiennent la main gentiment comme tant d'autres mais aussi ils se parlent.. Ce sont de vrais vases communicants. Quel âge peuvent-ils avoir, quelques mois ou cinquante ans d'amour. On les sent tous les deux démunis mais actionnés par une volonté d'aimer indestructible. Cela tient aux regards intenses qu’ils échangent, cela tient à la manière dont l'homme se penche vers la dame pour chuchoter à son oreille. Cela tient aux petits fous-rires de la dame qui pouffe discrètement dans sa main... Cela tient à de petites bises échangées tout en douceur, tout en tendresse.

Et l'orchestre joue des mots d'amour

L'homme glisse la main derrière le dos de la dame. Il se penche vers elle, la prend dans ses bras. Et la dame se tourne vers lui avec un grand sourire. Il baisse son visage vers elle, ils échangent un long, un magnifique baiser et ne se quittent plus ni des yeux, ni des mains, ni des lèvres qui picorent les baisers.

Et l'orchestre joue pour deux vieillards en détresse, un homme et une femme qui se reconnaissent.

C'est la vie en rose aujourd'hui à l'hôpital des grands blessés de la vie.

Bravo amis musiciens.

IZOÏ, c'est la vie

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Je voudrais aujourd’hui vous embarquer dans un monde inouï, né de quatre fondateurs aussi obstinés qu’altruistes, issus du milieu hospitalier. Cette équipe a développé en 1994 à Gardanne (13) un premier centre d’accueil, destiné à ce moment-là, aux malades du sida. Pour la plupart d'entre nous,  ces personnes séropositives étaient considérées comme des malades hautement toxiques, des personnes qu’il valait mieux tenir à distance. Pensez qu’à cette époque, le bruit courait que la maladie était endémique, et même, transmise par le moustique… Il a fallu en combattre des préjugés pour défendre cette utopie. Pour que les riverains en accepte l’implantation dans leur paysage.

LA MAISON est née en 1994, de cette volonté profonde ; lutter contre la déshumanisation, contre l’exclusion, contre l’isolement de ces malades en soins palliatifs. Mieux encore, créer pour eux, un lieu personnel, qui serait « un chez soi : LA MAISON »

Cette équipe médicale extraordinaire (Le docteur Jean Marc la Piana reste l’un des fondateurs encore actif) a réussi le pari insensé de mobiliser des fonds publics et privés pour mettre en place une unité de soins orientée vers le bien vivre au présent. Ils ont réussi à convertir des équipes médicales et paramédicales et nombre de bénévoles à leur idéal de vie en soins palliatifs. Ça a rudement bien marché. Tellement bien qu’une deuxième maison s’est ouverte vingt ans plus tard, (en 2014-14 lits) un peu plus loin dans cette rue dont les murs colorés appellent la confiance et la bonne humeur.

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C’est dans cette Villa IZOÏ, «c’est la vie en grec » que nous accueille Pierrick, bénévole généreusement investi dans sa mission. Il nous ouvre la porte d’un grand hall, éclatant de lumière. Nous traversons la salle d’accueil riche en couleurs, équipée de plein de fauteuils, d’une télé, d’un piano… un hall qui évoque des moments de rencontres cordiales et joyeuses. C’est un univers à la fois vaste et intime. Comment peut-on ressentir ce sentiment de tranquillité, d’intimité dans une telle « vastitude » ? Peut-être parce que les sons restent délicatement feutrés. Peut-être parce que la lumière pleut par toutes les baies vitrées. Peut-être parce que les personnes qui déambulent se saluent avec le sourire, communiquent sur un ton de joyeuse complicité. Peut-être aussi parce que chacune et chacun vit ici sur un pied d’égalité. Aucun signe distinctif de hiérarchisation. Pas d’uniforme, pas de blouse blanche. Cette femme qui nous salue souriante que fait-elle ici ? résidente, infirmière, animatrice ? Cet homme qui s’arrête pour nous serrer la main, nous souhaiter la bienvenue, fait-il partie du personnel d’entretien ? est-ce un médecin ? un thérapeute ? Impossible à savoir, c’est juste quelqu’un comme vous et moi, qui vaque à ses affaires.


 

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Un peu plus loin un autre espace complètement vitré nous invite à la curiosité. C’est l’espace dédié à l’art. C’est bien encombré, pots divers, peintures et pinceaux, crayons stylos, panneaux de cartons, de tissu, des bandes de papier… ce monde hétéroclite témoigne d’une intense activité. Les chambres astucieusement bien pensées s’ouvrent toutes sur la lumière de l’atelier artistique. Une véritable invitation permanente à sortir de chez soi, à venir se joindre à des moments créatifs qui ressemblent à la vie.

C’est le moment de rencontrer Alexandra, art-thérapeute de ce centre de soins palliatifs. C’est une jeune femme avenante et complètement engagée dans la création aussi bien collective que personnelle. Pour les résidents alités, elle dégage des moments de travail dans la chambre. Ainsi, nul n'est tenu à l'écart du mouvement collectif. Elle fait preuve d’inventivité, à la recherche permanente de supports et d’ateliers à la portée de tous. Son réseau fonctionne à merveille pour embarquer des artistes professionnels (peintres, musiciens, acteurs, metteurs en scène, sculpteurs, écrivains) dans des animations qui donnent aux résidents le sentiment de partager des moments de vie intenses et productifs.

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Et les bénévoles alors, quelle est leur mission ? Quelles sont les compétences requises pour être admis dans ce cercle familial ? C’est là que réside le prodige. Aucune compétence n’est requise et si vous en avez, pour votre boulot de bénévole, on vous demandera de les laisser sur le seuil. La qualité première du bénévole c’est l’humilité. A partir de là, il trouvera sa place. En assistant l’un ou l’autre professionnel, ou en accompagnant l’un ou l’autre résident au quotidien, aide à la toilette, aide aux déplacements, aide aux repas. Ou bien tout simplement, en partageant du temps. Parler de soi, parler de l’autre, entendre les murmures, les craintes et les sourires. La personne bénévole et avant tout attentive et uniquement préoccupée du bien être aussi bien des résidents que de toute l’équipe.

Des amitiés se nouent, forcément. La relation de confiance qui s’instaure est réciproque. Des amitiés que la mort va escamoter. Hé oui ça fait aussi partie du quotidien. Mais quelle que soit l’échéance, le résident sait que jamais il ne sera abandonné.

« C’est toujours dur de perdre une personne à laquelle on est attaché. Mais ensemble nous avons vécu, de bons moments de vie… nous sommes restés solidaires jusqu’au bout ; c’est ça ma mission de bénévole. »

 

Joli rappel, c’est ici que j’ai enfin compris les vers d’Horace, (65 av JC) vous savez le fameux « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain »

Si je l’oublie, rappelez le moi… !

physalis

 

 

 

2015 ROQUE D'ANTHERON FESTIVAL

hamac

C'est l'été 2015 de Velaux.

 

C'est aussi le Festival International de piano de la Roque d'Anthéron

Un été idéal, une bonne chaleur estivale, (que d'aucuns appelleront canicule), pas de mistral ou fort modéré... le souffle marin de l'Etang de Berre, l'ombre du pin et de l'espèce de sophora qui a poussé spontanément devant la maison nous préservent du soleil. La grand'voile recyclée tendue sous la verrière de la terrasse permet de rester sous ombrage, et le séjour parfaitement éclairée est un refuge idéal pour les après-midis torrides. Les soirées barbecue sous la tonnelle sont des moments de détente intimes et précieux qui s'éternisent dans la nuit. Moments privilèges avec les enants et leurs petits. Quelques soirées remarquables entre potes qui ont eu la merveilleuse idée de nous inviter.

Des virées motos dans le Lubéron ou la campagne proche voire jusqu'à Marseille ou le long de la mer.

coorado

Et puis l'incontournable festival de la Roque d'Anthéron. Ce parc du Chateau de Florans s'ouvre sur une large allée de platanes. Il est habité de gigantesques sequoias, Des tentes y sont dressées. C'est l'espace commercial du festival. On y trouve des casquettes; des polos, des coussins, des sièges, estampillés FIP (festival international de Piano). Chaque artiste y expose ses cd... les signe quelquefois. il y a aussi un espace librairie ; mais nous ne nous y attardons jamais. Nous, on vient pour la musique pas pour magasiner. Et puis les artistes on les aime quand ils enchantent nos oreilles.

parcconque nuit

Ce n'est pas tout à fait l'heure de la musique. La foule flâne. Des vacanciers décontractés en tongues et bermudas, au discours passionné. D'autres, comme des ombres silencieuses ont sorti leurs costumes de cérémonie et puent la naphtaline. Des ancêtres et des presque vieux qui dodelinent en cadence, déjà ! avec l'air de somnoler. Escortés d'à peine plus jeunes qu'eux. Ils nous croisent avec des sourires extasiés. Mais surtout beaucoup de peuple ordinaire, entre deux ages, entre deux mondes, exactement comme nous. Si ça se trouve nous allons croiser quelque connaissance qui viendrait là se délecter à notre manière.

A la Roque d'Anthéron, il y a des années délicates pour les auditeurs. Cet environnement enchanteur souvent nous agresse. C'est d'abord les cigales qui font un ramdam pas possible jusqu'à plus tard que la tombée de la nuit. C'est aussi et en plus, le mistral qui secoue les branches et souffle par violentes rafales. Le cirque des partitions qui volent malgré les pinces et la vigilance des assistants pupitres. Dans ces conditions, l'écoute se complique, la nuance des sons se perd dans la nature qui prend le dessus. Bénie soit cette année qui nous épargne les facéties locales de Provence. Ouf, nous y échapperons !

Mais ce n'est pas par hasard. Nous avons casé nos soirées en août, temps du déclin des cigales ... avec moins de risque mistral et peu d'orages. La météo nous veut du bien.

cucuronPour premier concert,  j'avais choisi une soirée baroque, histoire de revenir à mes vrais amours. Orgue de Notre Dame de Beaulieu à Cucuron. Je ne savais pas que l'orgue datait du 18ème, restauré moult fois, mais parfaitement authentique au format "pas tempéré" mais alors pas tempéré du tout, autrement dit qui résonne complètement faux à nos oreilles. Soirée déconcertante. Finalement le plus digeste sera une création très personnelle de l'organiste, (Philippe Lefebvre). Oeuvre truffée de dissonances comme il se doit dans le contemporain. C'est idéal pour ce type d'instrument...disent mes oreilles aussi délicates qu'inexpertes. J'aime pas la discordance, dans quelque domaine que ce soit. Pour Laurent c'est différent, il aime être surpris, il aimes les harmonies complexes. Son oreille est merveilleusement tolérante aux discordances quelles qu'elles soient. C'est une différence d'appréciation phénoménale entre nous deux, et qui nous autorise de singuliers débats... dans quelque domaine que ce soit. C'est pour ça, qu'on ne s'ennuie jamais ensemble. Mais je m'égare. Je suis passée de l'orgue baroque de Cucuron à notre harmonie conjugale, c'est un autre genre d'accords.

Dans le domaine de la musique, notre sélection ne prend pas forcément en compte la popularité des artistes et jamais leur costume. Heureusement parce que sous la très prestigieuse conque, ils arrivent dans leur bel habit de gala.

Robe longue cintrée, profond décolleté et chevelure savante pour les dames. Leurs fins escarpins sont superbes, les lanières élégantes leur donnent une allure aérienne.

Costume noir très guindé, chemise blanche avec un bouton ouvert mine de rien, ça allège l'allure. Petite queue de rat parfaitement tirée ou tignasse souvent échevelée (il est souvent de bon ton de la secouer sur le piano, ça réveille le public) Cependant, les belles chaussures pointues des messieurs, cuir enveloppant qui aurait du étinceler, hélas, a bu la poussière incontournable du parc,.. Du coup le chic prend un sacré choc. Les coups de pédales perdent de leur prestige.Ces demi-dieux qui enchantent nos oreilles deviennent des humains qui boivent la poussière, comme nous. C'est ça aussi qui fait la richesse du lieu.artistes

Nous apprécions particulièrement Laurent et moi, les soirées avec concerts "découverte" toujours étonnants et peu coûteux (prix unique : 16 €). Ce sont des artistes tout neufs, repérés dans les différents pays, dans différents concours. Ce sont souvent de jeunes virtuoses (voire très jeunes-moins de quinze ans) Ils deviendront pour la plupart des stars du festival dans peu d'années.

À  vingt heures les choses sérieuses se mettent en place et les tarifs changent. Nous entrons dans une autre dimension.

 

Notre coup de coeur c'est le duo Jatekok, deux jeunes femmes pétillantes et espiègles. Leur complicité contamine leur jeu. C'est sans prétention, c'est jeune et efficace. Je sais que certains critiques exigeants ont trouvé leur prestation décevante. Mais je ne partage pas cet avis. Et les Danses Polovtsiennes (sous l'auguste protection de Brigitte Angerer) m'ont comblée. Bien entendu que ce n'est pas la puissance de l'opéra avec toute son armada d'orchestre symphonique et de choeur. Et alors ! Je suis venue là pour écouter du piano.

Elles sont subtiles jusque dans leur costumes ces jeunes femmes. Il y a l'extravertie, joyeuse et taquine, le genre de fille qui tutoie les muses. Sa robe à rabats est parfaitement assortie à sa chevelure noire. Il y a sa complice plus discrète et qui bafouille. Mince pourvu qu'elle bafouille pas de la main gauche. Elle est habillée du même style de robe mais plus claire, en harmonie avec ses cheveux chatains... Mais là où c'est magnifique c'est le choix des chaussues. Lanières aux couleurs claires pour la robe noire, couleurs noires pour la robe bronze...

Tout en charme ces sympathiques artistes. Quel joli duo !

jakotekCoup de  foudre !

Elles jouent comme ellles sont. Spontanées, rigolotes et sensibles. Pour la deuxième année que nous tombons en amour pour elle.

Quand à Borodine, je l'ai découvert quand j'avais 16 ans, assise par terre dans ma chambre du foyer qui m'hébergeait, un transistor calé sur les genoux.

J'ai pas tout capté du Prince Igor à travers les crachotis et ronflements parasites de l'AM. Mais c'était déjà presque trois heures hors du monde.

J'ai perdu le Prince Igor de vue depuis. Il ne devrait pas être bien loin, il a traversé le temps mieux que moi celui-là.

fouleresidentsLa Roque d'Anthéron c'est aussi la musique libre.

Pour la première fois cette année, nous avons eu l'idée de venir flâner le jour du 15 août dans les espaces dédiés aux artistes en résidence. Un aperçu en quatre concerts (11h-14h30-16h30-18h). de la soirée qui leur sera consacrée. Ils y seront accompagnés de leur professeur. J'ai adoré cette journée. Essentiellement des trios (piano-violon-violoncelle) un moment tendu parce qu'il m'a semblé que le violon jouait faux. Mais des fois c'est juste mon oreille qui me trahit... En même temps Laurent était d'accord, mais lui, il a l'oreille moins sensible et il n'en souffre pas. Bon j'exagère, c'était pas une souffrance, juste une petite douleur, non juste une contrariété, ça n'a pas duré longtemps.

 

Ces concerts sont gratuits donc très prisés et nous avons été estomaqués par la densité de la foule, qui se précipite au lieu suivant, avant la fin des applaudissements. Ben oui, faut avoir à l'esprit qu'en pleine journée malgré la proximité des platanes et autres tentes, il n'y a pas de place à l'ombre pour tout le monde. Nous avons réussi à subtiliser deux chaises et à les caser à l'endroit idéal. Ce sont des concerts intimes (environ 250 personnes) une petite scène et des artistes à portée de bras. Bonne vue et conditions d'écoute optimum.

Nous avons laissé passer la foule.Nous sommes arrivés avec le piano Il est livré environ vingt minutes avant le concert. Il se déplace sur une charrette tirée par un tracteur, emmitouflé comme une momie. En trois temps un mouvement, il glisse sur la scène. L'accordeur se pointe. Il commence par lustrer le bois noir et brillant, (uniquement du côté public, je le prendrais pas comme femme de ménage cet homme là) ensuite seulement quelques petits tours de sa clé, trois notes egrenées.

Le piano est prêt.

PIANO TRACTEURA dix huit heures, on se rapatrie tous dans le parc de Florans. Le tracteur tire la charrette antisecousse qui assure les rondes de pianoMENAGEs à travers la ville. Il se cale au ras de la scène. Le piano momie, roule sur le plancher. En un tournemain le voilà déhoussé. Réapparait l'accordeur, changement de standing, car nous sommes sous la conque. Il est super équipé sur ce coup là. Il a toujours son joli chiffon rouge pour les taches rebelles, mais il joue aussi d'une immense balayette à longs poils qui effleure délicatement les touches. (j'en aurais une comme ça, je ferais le ménage en deux brassées dans mon séjour). Il glisse quelques apèges entre deux tours de vis, un accord de ci de là. Ici il prend du temps. Faut dire que le public paye cher pour ce luxe là.

Dernier coup de gant pour l'ultime lustrage des boiseries. Il a folle allure ce pinao.

C'est là que j'ai découvert Antoine de Grolée. J'étais dubitative, Liszt annoncé avec la rhapsodie n°12, je raffole pas. Faudrait pas avoir de tels a priori. Laurent et moi nous sommes restés estomaqués. Liszt et Brahms, Rachmaninov, Tchaikovski ne font jamais partie de mes choix personnels. Et c'est ce que nous ont proposé entre autres musiciens, chacun des ces concerts d'artistes en résidence. C'est pour ça que cétait intéresant. Liszt je vais l'écouter autrement.

J'ai donc fait moisson prévisionnelle de cd à investir et j'en suis enchantée. Vivement notre prochaine virée en ville...

 

 

 

 


 

2013 COUPE ICARE

ibisSaint Hilaire du Touvet - 20 septembre 2013

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La coupe Icare, c'est la grande fête du vol libre. Liberté quelque peu confuse au sol... mais pas longtempsorg

C'est top organisation.

Les campements sont sécurisés et la foule sagement empilée. Pour la première fois de ma vie, me voilà propulsée dans une foule compacte dans laquelle je me sens bien, sans bousculade, sans énervement, avec plein de joie de vivre, avec de la patience à revendre... Vaut mieux car y'a pas mal de temps morts. Mais l'ambiance est agréable. Le soleil nous ramollit et l'idée de zoner dans une totale passivité nous va bien.

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LE PAPILLON SORT DE SA CHRYSALIDE ET DÉCOLLE SOUS NOS YEUX ÉPATÉS  ET LA MUSIQUE DÉCOLLE, L'AIR DE RIEN, DANS L'AIR DU TEMPS, LES NOTES NOUS DÉGRINGOLENT DANS LES YEUX,

PAP SOLTROMBPIANO

PAP SOL

 

CONTREBASSETAMB

 

 

 

BALLONS

                                        ET LES BALLONS DANSENT DANS LE CIEL.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AU PAYS DE LA MUSIQUE EN L'AIR, LA BANDE DESSINÉE EST REINE

 

ARGENTALADIN

MEDUSE

 

 

 

 

 

 

2012 CONCERT À LA CHÈVRERIE-Lançon de Provence

Jeudi 19 juillet 2011 / La Chèvrerie.

Un concert à notre mesure, pour un départ de vacances en Provence. Nous sommes en bonne compagnie. Un anti-conformiste (Debussy), une star ombrageuse (Beethoven), un poète grinçant (Hindemith), un Slave que nous courtisons peu (Rachmaninov)... Compositeurs dont l'un ou l'autre nous laisse interrogatifs, mais nous aimons connaître d'autres côtés du connu.

C'est surtout le choix des instruments qui me rend si impatiente, flûte traversière, violoncelle et piano.... Le trio roi !

Nous avons réservé nos places, nous avons l'adresse, un lieu pastoral, pas loin des chez nous, la "chèvrerie Honnoré"  à Lançon de Provence.

Le festival piano de la Roque d'Anthéron nous habitue à des lieux insolites et dans une ferme, il y a moult endroits d'idéale acoustique. Pourquoi pas ?

chèvreOn arrive à l'heure, nous trouvons des places sympas, pas trop loin de la scène... Nous sommes bel et bien dans la chèvrerie. Dès l'entrée de la cour, l'odeur puissante du fourrage, des mangeoires et des bêtes nous coupe le souffle. 

Les chaises sont alignées en rangs serrées dans la partie "grange" des mangeoires, en tête à tête avec les dortoirs des bêtes. C'est le plein été, les animaux gambadent dans les prés. Les lieux sont déserts. Plus loin, du dehors on perçoit de discrets chevrottements... Ça devrait pas trop parasiter l'écoute.

Quelques ajustements de chaises, de pupiptres, un hommes vaque... Puis des essais de spots... La salle est discrète, les auditeurs-spectateurs s'installent. Une soudaine agitation, me distrait des nausées que l'odeur lourde de la chèvrerie m'inspire. Battements d'aile, cris de poule.... Elle nous toisait du haut des mangeoire... Pas précipités, gloussements mécontents. On a réussi à la saisir, elle traverse l'allée centrale fermement empoignée contre son geolier, bec coincé contre sa poitrine. Il traverse au pas de course et s'éloigne. Évacuation d'une poule mélomane.

Une nouvelle agitation, des piétinements, des bêlements, des chocs sourds... Là,  y'a pas de doutes, ce sont les chèvres qui intègrent leur bercail. Je suis appuyée contre les mangeoires et je vois s'agiter au dessus de ma tête, des cornes joliment arrondies. De temps en temps, un regard brun, aussi profond que vide passe à travers les planches. Fichtre, ça brille les yeux d'une chèvre dans sa mangeoire.

Tout le temps du concert, nous serons en continuelle bascule entre le troupeau qui corne, rumine et mangeaille et les envolées extraordinaires des musiciens.

musicsJamais je n'ai entendu des sons aussi puissants, aussi délicats dans le "prélude à l'après-midi d'un faune"... Des deux sonates violoncelle, l'une résolument moderne m'a presque réconciliée avec l'art néo-classique, l'autre réosolument romantique m'a chaviré l'esprit, et du coup je vais revoir mon avis sur Rachmaninov.

Comme pour Debussy, la manière d'Emmanuelle Cala, si neuve, si personnelle, si délicate...

Un concert d'excellente qualité. Pas compliqué de faire abstraction des chèvres dans ce cas-là.

Sauf que,

Se laisser imprégner de douceur ou de violence, se laisser emporter dans des vagues musicales, chanter dans sa tête... et BANG ! un grand coup de sabot dans une cloison qui résonne, tous ces gnaf-gnaf-gnaf, qui dominent les silences, silences si précieux dans la musique.... Gnaf-gnaf, strong, blong, blong ! Mais que viennent foutrent là ces chèvres ? Que c'est brutal d'atterrir dans une chèvrerie.

Alors oui, concert à la chèvrerie c'est exotique, oui vous pouvez y aller pour expérimenter un lieu insolite.

Mais si vous voulez vous livrer intensément, exclusivement à la musique, ce n'est pas, vraiment pas,  le bon endroit.

 

2012-PETITS ENFANTS-GRANDS MOMENTS

AVEC GUILLAUME 2012

Lundi 6 août 2012

maison

Premier séjour prolongé de Guillaume à Velaux. Nous ne sommes pas certains qu'il voudra rester tout seul avec nous. Il nous connaît si peu. Nous pensons que si un enfant a du mal à quitter son doux cocon, nous aurons plus de facilités à distraire son chagrin dans la dynamique d'un départ en vacances... Donc nous allons, comme c'est convenu, chercher Guillaume chez ses parents à Maubec dans l'après-midi.

Bonne surprise. Guillaume nous attend avec impatience. Du haut de ses quatre ans, il assume ce départ. Les parents ont bien assuré le transfert. Il parade avec son sac, qu'il a bien du mal à soulever, mais c'est pas si peu de chose qui va déranger son enthousiasme. On calme un peu son ardeur, juste le temps de boire un café. On jase... Le gamin s'impatiente, s'approprie Laurent qui le suit dans sa chambre, puis revient avec nous. Nouvelle charge du petit. C'est sa maman qui réagit.
- Guillaume, on parle entre adultes, Papilo tu l'auras pour toi tout seul quand tu seras à Velaux....
Discours lucide mais qui ne convient pas au p'tit homme. il se planque dans une chambre pour bouder, mais nous ne nous en rendons compte qu'une bonne demi-heure plus tard. Au moment du départ, Guillaume reste invisible.
Bien entendu, il n'a pas dit son dernier mot. Il est fâché contre Papilo qui ne voulait plus l'entendre, donc il n'ira pas à Velaux, na...
En voilà une représaille qu'elle est bonne. Je suis toujours estomaquée par la facilité des petits à nous déstabiliser, à mettre en vrac nos plans si bien menés... je laisse les parents négocier, discutailler, permettre au gamin de s'enliser dans son refus... Finalement, il me semble que ce petit jeu a assez duré. Guillaume est mécontent, il l'a exprimé, nous l'avons entendu. Tout va bien. Passons aux choses sérieuses. J'interviens sur un ton joyeux, (je ne sais pas si c'est la bonne manière, il veut peut-être qu'on le prenne au sérieux, lui ?)
- Bon Guillaume, c'est pas compliqué. On voulait t'emmener à Velaux, mais y'a rien d'obligé. Maintenant Laurent et moi on s'en va. Puisque tu ne veux pas venir, on part avec Dorine comme ça on ne sera pas venu pour rien. Youpi !
Dorine, saute de joie en criant depuis la cuisine "Oh oui, super ! "
Il n'en faut pas plus pour que Guillaume bondisse de son refuge en braillant
- C'est moi, c'est moi qui pars en vacances...
Embarquement immédiat, dans la joie et la bonne humeur. S'il a bien une qualité remarquable ce petit Guillaume, c'est qu'il n'est pas rancunier pour deux sous. Ouf, on a échappé au premier conflit ouvert. Je dois bien l'avouer sous mes dehors confiants depuis trois jours, j'ai bien des inquiétudes... 
Il faut savoir que Guillaume on le connaît vraiment peu. Tout comme Shana d'ailleurs. Nous ne les fréquentons qu'à travers leurs parents. Lorsque les petits sont mêlés à nos comportements d'adultes, les parents laissent filer pas mal de choses, normal on est en famille, on s'lâche, relâche, quelque peu. Ce qui signifie que la bride étant souple les petits loustics qui sentent ce "mou", tire dessus... Du coup, ils sont très exigeants quand nous sommes rassemblés, voire carrément chiants quand ils s'en donnent la peine. Les rapports sont complètement faussés par notre présence. Nous ne savons pas comment se vivent les relations des parents seuls avec leurs enfants. Nous ne connaissons pas vraiment leurs enfants aussi longtemps que nous ne les fréquentons pas tout seuls. Nous allons donc apprendre Guillaume.

guill 1

 

 

Dans la voiture il chantonne. Un soudain silence, une question amenée tout en douceur. Elle doit être importante.
- Maminou, c'est quand que je serai grand ?
Fichtre, en voilà une question. Je mouline à cent à l'heure, (tant pis pour les radars intellectuels)
- Heu, je crois que t'es déjà un peu grand non ?
Silence à l'arrière. J'insiste.
- Mais quand tu seras dans la section des grands à l'école tu seras un peu plus grand. Quand tu apprendras à lire, à écrire, que tu seras à la grande école, tu seras encore un peu plus grand. Chaque jour tu deviens un peu plus grand...
- Oui, mais ce sera quel jour ?
Zut alors, y'a sept jours dans la semaine.
- Ben, si tu te mesures un lundi, le lundi d'après tu verras que tu as grandi. Oui, un lundi ça me paraît bien !
Je ne trouve pas mieux dans l'instant. Faudrait qu'on parle d'autre chose, sinon je vais lui demander pourquoi il veut grandir. Parce que voyez-vous, je suis surprise, c'est encore un peu un bébé par bien des aspects ce petit, alors sa préoccupation de "quand" il va être grand. Est-ce vraiment un souci de bébé ça ?
Oups, diversion !                                                                                            
- Guillaume tu sais ce que c'est les radars sur la route ?
- Oui, j'en ai un, en jouet.
Je n'y pensais plus, il me l'a même montré, miniature mais il fait des vrais flashes. Si ça se trouve quand il sera en âge d'avoir son permis "y'en aura plus" ou "y'en n'aura plus",  des radars (toute la finesse grammaticale de la langue française, dans cette incertitude).  Pour le moment,on joue à celui qui détectera le prochain radar (au niveau de Cheval-blanc avant les gorges du Régalon sur la D32 pour ceux qui passent par là) Je repère le panneau qui l'annonce, mais c'est lui qui voit la boîte grise.
- Super on n'aura pas d'amende.
Étonnement de Guillaume.
- Dommage, moi j'aime bien les amandes, t'aimes pas toi, Papilo ?
La discussion dérive sur l'utilisation des amandes, sucrées, salées et nos préférences réciproques... jusque dans le couscous ou la truite... Mais, si on met des amandes, on enlève les arêtes ? On ne parle pas de l'amende que nous avons évitée.
À  la maison, il s'installe dans la chambre, nous vidons ensemble son sac sur une des étagères du placard et la peluche trône au milieu des maillots et des shorts... Quelques cabrioles sur le lit, histoire de faire connaissance. Ensuite lecture de Bambi, c'est Laurent qui lit, c'est moi qui mime... Je grelotte sous le doudou l'hiver. Je fais de l'oeil à bambi façon Féline. Je tape du pied quand Panpan est mécontent et je boxe Renaud ce petit freluquet prétentieux. Non, mais, qui c'est le super bambi dans cette maison ? Je débloque à fond et perturbe quelque peu la lecture de Laurent qui me fait les gros yeux.
Il faut voir s'illuminer Guillaume pour mesurer l'ampleur du bonheur que nous partageons en ces instants là.
Après le repas, je propose un p'tit tour dans la colline. Question d'enfant ?
- En voiture ou à pied ?
- A pied mais c'est toi le pilotes. D'accord ?
Il rigole, il n'a pas compris ce que je voulais dire.
Il trouve le temps long pendant que je range la vaisselle et la table. Ouf enfin, on sort. Il prend soin de fermer le portail, (bien plus soigneusement que nous)
- Allez Guillaume on va là où tu nous dis d'aller, à gauche, à droite où tout droit. C'est toi qui décides. 

Il passe devant et se tourne vers nous. Il a déjà le choix de la direction. Question.
- Au fait, tu sais où c'est le côté gauche ou le côté droit ?
Pas de réponse mais aussi sec, il tend le bras à gauche. J'insiste,
- donc à droite ou à gauche.
C'est un peu perfide mais intéressant, et puis ça fait partie du jeu. D'ailleurs Guillaume a accepté les règles.
- À gauche, qu'il répond, et ça le fait rire.
Nous voilà lancés derrière notre guide. Le long de la route, il marche scrupuleusement sur le trottoir et me corrige si je frôle le rebord. Puis il choisit le premier chemin de traverse qui se présente. Et nous voilà sinuant en file indienne derrière Guillaume, qui s'arrête et réfléchit longuement avant de virer.

guill 2

Il se concentre, se gratte les cheveux, exactement comme Laurent, j'adore. Il joue à être indécis.
"à gauche ... par là...  non attendez, plutôt par là." Et son regard brille d'une sympathique étincelle. Des fois, il hésite entre les mots, gauche ou droite... C'est pas facile à gagner cette nuance là. Quand il n'est pas sûr il montre avec le doigt. Et Papilo lui dit le mot juste.
On fait bien des tours avec lui, à travers des espaces d'arbres, dans les allées entre les maisons.

Il nous fait crapahuter à travers des pentes de caillasses ou d'aiguilles de pins... Une côte un peu raidasse, il se rétame dans les cailloux et descend malgré lui sur le derrière. Il est très vexé et se relève tout rouge et le sourcil mauvais. Laurent l'appelle, surtout pas lui laisser le temps d'être de mauvaise humeur.
- Au secours, Guillaume, si je fais comme toi, je vais déchirer mon pantalon, faut qu'tu m'aides.
Guillaume si facile à solliciter, se précipite vers le Papilo en perdition.

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Il vient ensuite vers moi, j'avoue que j'hésite à descendre avec mes tongs plutôt casse-binette. Je lui confie l'appareil photos. Je descends avec mille précautions. Guillaume me montre où poser mes pieds. Au moment où je vais sauter, il me tend courtoisement la main. Que serions-nous devenus sans lui ? Merci jeune homme.
Il semble que Guillaume n'aime pas les rues faciles, droites et sans mystère. Il choisit toujours les plus petites allées, les plus sombres, les moins évidentes. C'est un gamin, curieux et courageux. Mais on papote et lui, il avance. Je crois qu'il se fatigue. Plus d'une demi-heure qu'on crapahute sans pause. Il choisit un chemin qui remonte.
- Pourquoi tu remontes.
- Parce que je veux rentrer à la maison.
Il a donc repéré qu'il était descendu et qu'il fallait remonter pour rentrer. Et moi, je trouve que pour un p'tit bonhomme de quatre ans, il a bien de la suite dans les idées. Par des traverses différentes, il nous ramène chez nous. C'est vraiment un excellent marcheur. On a crapahuté plus d'une heure d'une traverse à l'autre, en descentes et en montées.
Il s'est juste trompé quand nous étions en dessous de la maison. Nous lui avons montré le portail sur sa gauche. Oh le joli sourire que je garderai toute ma vie en tête quand je penserai à lui, et sa manière de se couvrir la bouche pour cacher sa confusion.
- Ah que je suis bête, j'avais pas vu !
Du coup, le soir, il paraît exténué. Brossage de dents accéléré et il se glisse tout content dans ses draps avec Doudou... Minute intime, puis la lumière s'éteint sur son joli sourire plein de confiance. Il est 21h 30

Mardi 7 août.
Réveil de Guillaume à neuf heures. Il est bien reposé, la journée l'intrigue. On lui a parlé hier de Bambi 2, qu'il pourrait regarder après la sieste, pendant qu'il fait encore bien chaud dehors. Pour le moment, c'est le matin. On reprécise tout ça. Pas de problème. Le comité des fêtes de Velaux, organise des jeux sur la place. On va aller voir. Mais nous sommes déçus. Il s'agit de ces châteaux forts gonflables à la mode, où des hordes de gamins se bousculent et se piétinent, les entrées sont limitées à 8 mais les grands sont trop violents... Enfin je crains. Et je crains juste. Guillaume qui avait grimpé avec joie, s'est vite pris un coup de chaussette dans les dents, et ça l'a dégoûté. En plus il a mal à la bouche. Il ne pleure pas, mais je le sens désolé. J'ai de la peine pour lui.
- A la maison, j'ai une crème magique pour les coups sur la bouche, je t'en mettrai en arrivant. Tu me feras penser.
- Oui,
un peu crispé, mais c'est tout de même oui. Pour le consoler on décide de  faire une pause jus d'orange au bar... En même temps faire une pause au bar pour consoler un bambin, je ne suis pas certaine que ce soit bien judicieux. Sauf qu'on a vraiment soif tous les trois. Mais le coeur n'y est plus. Pas terrible les jeux pour les enfants. On n'ira plus.
Au retour, je lui récupère la vieille collection de voitures des enfants, les légos... (entre 35 et 40 ans d'âge). Il y a aussi une foultitude d'animaux de ferme... De quoi créer ce qui fera plaisir. Aussi sec notre monde se transforme. Selon ses conseils, je découpe du papier alu pour faire une mare aux canards.  Il le colle sur un fond de boîte fromage avec les bouts de scotch que je lui passe. Ah elle a de l'allure notre mare aux canards. On y trempe même nos orteils pour rigoler, et Guillaume m'éclabousse. 
Il joue une bonne heure tout seul en chantonnant. La joie de vivre en personne notre Guillaume. Il chante tout le temps.
Une bonne sieste spontanée et un goûter gastronomique qui l'enchante, cône glacé (nougatine-vanille), j'y ai pensé à cause de de la discussion d'hier à propos des amandes.

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- Dis Maminou, je pourrai voir Bambi 2.
Hé oui, chose promise !  Et justement c'est une belle histoire sur Bambi qui devient grand. Ça tombe bien je trouve. Peut-être qu'il trouvera de l'écho à ses questions sur son propre grandissement. Je reste un peu avec lui. Il me jette régulièrement des regards enchantés, sollicite mon approbation quand ça se corse et que Bambi est félicité par son père, quand Bambi se fait disputer, Guillaume me regarde avec un petit sourire soulagé, ouf, Bambi aussi, il se fait disputer.

Ensuite séance arrosage avec Laurent. qui se prolonge jusqu'à l'heure du repas. Guillaume a trouvé le petit arrosoir. Il remplit le grand avec le tuyau réglé au minimum de débit, et il transvase le grand dans le petit. La manip me paraît bien compliquée mais elle est menée avec beaucoup de soin et de passion. Tant pis pour les nu-pieds, ils sont prévus pour ça. Dans la foulée il arrose les dalles, ça va probablement leur faire un bien fou.
Dix-huit heures. Pendant que repas du soir mijote, je tente un jeu intellectuel sur le thème de Nelly et César. Il s'y colle vite et on joue de bon coeur. Il faut dire le mot représenté et la couleur si on a la bonne carte avant de la poser. Ce jeu est difficile, car il n'est pas au point phonétiquement parlant notre petit, mais ça s'arrange. Il est de bonne volonté, et il a tant de choses à exprimer. Bien entendu il gagne, et chantonne aux animaux de la ferme sur tous les modes, "j'ai gagné, j'ai gagné"...pendant que je finis de préparer le repas qui est franchement bien gai.
21h 30, Nous avons décidé d'accompagner Laurent qui doit filmer un lâcher de ballon pour les enfants du village. On se mêle à la foule qui s'est rassemblée au stade pour partager cette opération grandiose. Chacun son ballon. Sage précaution, car dans un mouvement malheureux Guillaume fait péter le sien. C'est rigolo sa petite moue de déconfiture. Je lui confie mon ballon. On s'assied par terre, marre d'attendre. Faut dire que c'est trop long. Les ballons ont envie de s'échapper, y'en a pas mal qui explosent. Et puis le haut parleur lance le décompte. Tous en choeur on décompte jusqu'à l'instant fou. 

ballons

Tous les ballons s'envolent dans le clair-obscur. C'est vraiment chouette, celui de Guillaume est absorbé par la masse colorée qui monte, qui monte, se rassemble dans une même mouvance multicolore, parole , ils volent vers Maubec...
Les lumières du stade s'éteignent et le feu d'artifices est envoyé avec grand fracas.
Nous nous reculons à l'arrière du stade, nous sommes dans un vaste espace quasi vide. On s'assied par terre, les enceintes sont plus loin et nous cassent moins les tympans. Mais le bruit des feux qui pétaradent est impressionnant. Guillaume est captivé, les lumières nous tombent dessus de tous les côtés. On est vraiment au milieu de cette débauche de lumière et de mouvements. C'est magnifique. Je me rends compte que Guillaume a complètement oublié où il se trouve, avec qui, il est complètement immergé dans le ciel qui explose de lumières.
Quand le silence retombe, que la nuit nous enveloppe et que la foule commence à bouger, nous restons un moment assis tous les deux à l'écart. On ne dit rien, on attend que le calme revienne en nous et autour de nous. C'est un moment très agréable. Puis on se bouge, faut aller à la recherche de Laurent qu'on retrouve à la voiture. Ouf !
Du coup, c'est un coucher vraiment tardif pour ce soir.
Mais il mène une vie de patachon ce gamin à Velaux. Heureusement que ce sont les vacances. Je vais jamais oser le raconter à ses parents... ! 

bal

Mercredi, Guillaume apparaît tout souriant à dix heures du matin. Premier rappel du jour. Il a choisi hier une carte postale pour sa soeur et faudra pas oublier de l'envoyer. (d'accord Maminou !) Il se souvient aussi  que nous lui avons promis la mer, alors sitôt avalé le yop à la vanille et un morceau de pain, on récupère dans la caisse "à jouer"  (toutes les reliques des papas) des formes en plastique, un petit entonnoir, une petite passoire en inox qui a déjà bien vécu, une cuiller en bois. Papilo trouve sur son établi un pot de fromage vide recyclé en seau (y'a une anse).... On devrait avec ça maîtriser le sable humide.
Il y a du monde à la plage du Rouet, mais pas tant que je craignais. Guilaume va peu dans l'eau. C'est un peu hostile, il n'a pas ses brassards et il boit la tasse. pouah l'eau est vraimetn trop salée ici. En plus ça pique les yeux. Ça lui suffit. Il se lance dans des manipulations de sable. il empile, il transvase, il fait des multitudes de va et vient entre la bord de l'eau et son coin de sable. Inlassablement.
Plus d'une heure qu'on rôtit en plein cagnard, malgré les chapeaux, la crème solaire et les polos qu'on a gardé sur nous. Le coup de chaleur est à craindre pour tout le monde. L'ombre nous fait vraiment rêver Laurent et moi.
Je me rapproche de Guillaume.
- Tu fais quoi là ?
Il me montre des trous alignés qu'il remplit consciencieusement.
- Ça ! tu vois bien !
Évidemment. que je suis gociche. Je reviens à la charge.
- Il est un peu tard.
Silence dans le sable, faut dire qu'on est hyper concentré dans l'action. J'insiste.
- Il va falloir qu'on rentre, t'as pas un peu faim ?
- Non, j'ai pas faim (réponse ferme sans se déconcentrer de ses alignements de sable tamisé)
Message envoyé, message reçu. Laissons lui le temps de digérer l'informaton.  Il continue son boulot de trous alignés. Je retourne m'asseoir. Nous patientons encore un petit quart d'heure. Et puis, Laurent et moi, nous nous levons pour commencer à ramasser nos affaires.
Je retourne vers Guillaume qui monte un gros tas de sable humide maintenant. Pas trop tranquille de le déranger en plein dans sa création, mais si j'attens qu'il ait fini.... J'y vais en douceur.
- Tu veux bien m'aider à rincer tous tes outils pour qu'on puisse les ranger dans le sac ?
Un grand sourire. Il interrompt son travaill. Il prend son seau.
Zut,il m'ignore,  il n'est pas d'accord ? Il se dirige vers la mer, il se penche dans les vagues. Je vais le rejoindre. Lorsque je suis près de lui, il me tend son seau propre, il repart vers son tas de sable et prend la passoire, j'attends.
Il la rince et me la donne. Ainsi tranquillement, gentiment, en prenant son temps, il rince un à un ses jouets avant de me les donner.  C'est pas inespéré ça ?
- Ben dis-donc, ils n'ont jamais été aussi propres les outils de plage. Heureusement que t'es venu.
J'ai franchement envie de lui faire plaisir parce que je le trouve extraordinairement accommodant ce petit.
- Qu'est ce qu'on pourrait manger à midi comme légumes, je sais pas trop. Il lève la tête en haussant les épaules. Il s'en moque complètement du repas de midi. Ce qui l'embête c'est que son polo est trempé. Je l'enroule dans une large serviette, et là, il se sent vraiment bien.
- Je peux rester comme ça dans la voiture ?
- T'es même obligé, j'ai pas d'autre vêtement sec.
- Tout  nu ?
- T'es pas tout nu, t'es emballé dans une serviette.
Il est mort de rire, et s'installe confortablement dans son siège.
Ce problème étant réglé, je reviens à la question repas pendant que Laurent range nos affaires dans le coffre, et reprend le volant.
- On peut faire des pâtes, de la purée, des carottes, du riz, des courgettes. C'est toi qui choisis aujourd'hui, mais c'est exceptionnel, alors profites-en ?
- Des frites !
- Top là, pour les frites. J'en fais jamais, ce sera l'occasion. C'est Papilo qui va être content.
Et là, je vous dis un truc que j'ai découvert par hasard et grâce à Guillaume. Je disposais de pommes de terre cuites à l'eau. Je les ai découpées en cubes et je les ai fait frire comme des frites. C'était bien meilleur que lorsqu'on les cuit crues. Parce qu'elles sont déjà imbibées d'eau donc prennent moins de graisse et rissolent tout aussi bien.
C'est pas un menu de régime pour autant, mais ça limite l'in(di)gestion de graisse
Quant à Guillaume bien repu, je crois qu'il a un peu sabordé sa sieste. Je l'ai entendu chanter et raconter des histoires pendant au moins une demi-heure. L'arrivée imminente de ses parents et de sa soeur doit le rendre fébrile.
Je croyais qu'il allait me demander un cône pour le goûter, ça m'aurait embêtée, parce que je ne voudrais pas que la crème glacée se systématise pour le goûter. Mais pas du tout, il a choisi l'option kinder bueno, jus d'orange et une pêche que je lui ai épluchée et détaillée en dés. Et p100uis, c'est tellement bon de manger les cubes de fruits avec les doigts, hein José ?
Nous avons eu le temps de jouer un peu, très calmement, un jeu d'observation et de transposition de formes, il a bien aimé. Sa concentration est remarquable. Quand il ne trouve pas, il cherche, jamais il ne s'énerve. Je suis vraiment épatée par certains aspects de sa personnalité.
Nous étions installés dans le bureau. Laurent bidouillait sur son PC à côté de nous. Il a voulu se pencher pour attraper un truc, le siège a glissé... Et Laurent s'est retrouvé le cul par terre, la tête sous son bureau.... Oh la franche rigolade, aux larmes...Souvent quand je ris avec les petits, c'est par solidarité, pour pas gâcher leur plaisir, mais ce n'est pas vraiment sincère. Je l'avoue je ne suis plus trop réceptive à l'humour des enfants. Mais quand je rigole avec Guillaume, il y a quelque chose qui se libère. Il m'embarque dans son rire généreux, j'adore vraiment ça. Je ne me souvenais plus que c'était si bon de rire avec un petit. Nous avons passé tellement de temps à rire avec Guillaume que je me demande aujourd'hui pourquoi quand nous sommes tout seuls Laurent et moi, on ne prend pas la vie avec cette bonne humeur là. On ne prend pas le temps de débloquer, de se raconter des délires... Va falloir qu'on s'entraîne, à force de fréquenter des adultes trop sérieux, nous avons  perdu ce petit grain de folie propre à l'enfance. Dis Laurent c'est quand que tu m'embarques dans ce jeu là ? C'est important pour moi d'avoir pirs le temps d'être avec Guillaume, à temps complet, sans le prisme de la famille ou des obligations éducatives. Ni Laurent, ni moi , n'avons pris en compte sa réputation de gamin boudeur et colérique. Nous avions décidé de ne pas donner prise aux conflits ouverts, de ne pas entrer dans des négociations interminables, que les gamins adorent car la plupart du temps, ils ont le dernier mot. Ils sont bien plus malins que nous à ce jeu-là.

cocentrationNous avons vite compris que Guillaume n'aime pas être contraint, il n'aime pas être pris au dépourvu, il n'aime pas être dérangé au milieu d'une action. C'est un enfant qui finit toujours ce qu'il entreprend. C'est une qualité exceptionnelle pour un si petit bout d'homme et nous respectons ça infiniment Laurent et moi. Lorsque nous devions lui imposer un momment (la sieste-quitter la plage-finir l'arrosage-arrêter la douche...) on en parlais avant. On lui expliquait comment ça allait se passer, le début, le déroulement et la fin de l'action. Y' a eu aucun problème.

C'était vraiment épatant ces moments avec Guillaume. Nous avons découvert un petit garçon tranquille, joueur, patient, et passionné. D'une gentillesse confondante.
oie

Pause favorite. On est tous les deux dans la cuisine. Il est assis à la table, les coudes sur la table, le visage en appui sur les mains, il me regarde d'un air très sérieux. 
- Attends, je réfléchis !
Alors j'attends, je sais que c'est pas du chiqué, que c'est vrai, qu'il réfléchit.

 

Mais c'est vrai Guillaume, t'es déjà presque grand !
 

AVEC DORINE 2012

8 août 2012

http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/dorine%201.JPG

C'est un mercredi, Dorine prend le relais de son petit frère Guilaume. J'aime vraiment bien cette formule et j'espère que tout le monde y trouve son compte. Nous avons procédé comme ça avec nos enfants quand ils étaient jeunes. c''était étonnant de se retrouver tout seul avec l'un des garçons, puis avec l'autre. On se fréquentait d'une autre manière, on pouvait alléger les règles de vie et c'était de bien agréables vacances, pour les enfants et pour nous.
Il y avait une autre formule basée sur un système d'échanges. Un coup c'était Annette et Claude qui prenaient nos enfants avec les leurs ensuite on récupérait les quatre enfants. Ce qui permettait à chaque couple une large bouffée d'oxygène sans la pression de la vie de famille, et aux enfants des vacances entre cousins dont ils se souviendront toute leur vie avec nostalgie.

Pour le moment, nos enfants adultes appliquent la méthode alternative que nous leur avons proposée, impec. Dorine, du haut de ses huit ans est tout à fait familiarisée avec Velaux. Car Dorine est devenue grande. Elle y a ses repères, beaucoup de choses ont été mises en place quand elle était la seule petite fille de la maison. Elle bénéficie pour le moment d'une sorte de suprématie.

A peine a-t-elle posé son sac,
- Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il est un peu tard le soir, je dois préparer le dîner. Laurent et elle se collent à l'arrosage. Le petit arrosoir vert reprend du service. C'est mes géraniums qui s'épanouissent depuis quelques jours. Ils n'ont jamais été aussi bien servis.

Jeudi 9 août -
Petit déjeuner de vacances, seulement autorisé à Velaux parce que c'est les vacances. Madeleines, Kinders Buenos, jus d'orange pur jus mais industriel quand même... Que des bonnes choses en somme et dès le matin, le regard bleu et limpide de Dorine en phase dégustation, c'est rigolo. Tant mieux, parce que le matin, au saut du lit, je ne suis guère fréquentable, plutôt du genre irascible. Ça dure pas longtemps, je me donne beaucoup de mal pour abréger les souffrances de mes partenaires de p'tit déj. Dorine qui me saute dessus dès que j'ai le pied sur l'escalier de dehors, ça me stresse. Elle l'a vite compris. Au saut du lit, je ne suis pas opérationnelle. Désolée accorde-moi quelques minutes !
C'est d'ailleurs pour ça que depuis des lustres, c'est toujours Laurent qui prépare le petit déjeuner, envoie une musique en sourdine dans la chambre. Chaque matin, il me faut ce délai pour me rendre compte que la journée commence et qu'elle sera bonne si je m'en donne la peine.

Dorine l'a compris, alors elle s'adresse à Laurent en me regardant de temps en temps pour s'assurer que je me réveille en douceur. Je capte son regard, son sourire. Aussi sec, mine de rien, elle nous envoie une sentence à sa manière et qui nous amuse toujours.
- Tu sais Papilo qu'il ne faut pas abuser des Kinders parce que c'est pas bon.
- Pourquoi c'est pas bon ?
- C'est de la chimie !
Laurent et moi on se regarde un peu surpris.Et je pose la question fatale.
- C'est quoi la chimie ?
La petite se concentre sur son Kinder, mais il ne détient pas tous les secrets. Elle hausse les épaules. (Ah cette Maminou alors, s'qu'elle m'embête des fois),  Elle répond poliment mais un peu comme si tout le monde s'en foutait.
- Je sais pas.
- Tu crois qu'on peut faire simple Laurent ?
Nous lui expliquons que la chimie c'est une science qui étudie la transformation de la matière. On lui détaille un certain nombre d'aspects entre naturel et synthétique. Finalement, elle nous abrège. Elle trouve la conclusion toute seule
- J'ai compris ! On dit que c'est de la chimie  parce que c'est plus simple. Mais ça veut dire, les produits transformés dans Kinders , enfin je dis ça comme exemple, (elle prend les devants, faudrait pas qu'on prenne ça au pied de la lettre et qu'on la prive de Kinders) donc les produits, ils ne sont pas de très bons produits. Mais c'est pas grave parce que c'est pas tout le temps !
- Bravo, t'as compris !
Un peu plus tard, Laurent mobilisé par un montage de film, Dorine et moi on papote en rangeant la vaisselle. Je lui explique que c'est aujourd'hui la saint Amour (la plus belle fête de l'année) et que le 10 (demain) c'est la saint Laurent. Traditionnellement, on fait chaque année Laurent et moi, une petite fiesta. Elle est donc cordialement invitée cette année. Question toujours concrète de Dorine.
- On prépare un cadeau pour Laurent ?
Je réfléchis
- D'accord, j'ai plein de lavande, on lui fait un petit désodorisant voiture... dans la foulée on en fera pour tes parents et Guillaume.
- Et pour mon amie Mathilde aussi ?
- D'accord pour Mathilde.

Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.

Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/atelier%20do%20ja.jpg

Elle choisit des formes pour ses coussins, des couleurs, des tissus. Là, elle s'éclate vraiment, faut dire que ma caisse est grande. Ensuite, découpages des gabarit papier, transfert sur le tissus. Dans mon boxon personnel on trouve tout ce qu'il faut.

Ethttp://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/aigu%202%20gp.jpg le plus important pour nous deux, la couture. Je suppose que sa maman lui a appris comment glisser le fil dans le chas de l'aiguille. Bravo Alex, elle le fait plus facilement que moi.

http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/coeur%20do.jpgMais la couture est un art difficile. Elle doit gérer deux épaisseurs de tissu, la longueur du fil qui doit pas faire de noeuds à chaque point, la régularité en taille de points et en espacement... Elle va lentement. Elle est très appliquée. Elle fait des points-avant vraiment parfaitement alignés.
On bosse ensemble. De temps en temps je lève la tête pour le plaisir de la regarder. Elle est heureuse, elle est magnifique.

http://desescapades.fr/drupal/sites/default/files/couture%202.jpgfintions

Faut maintenant remplir nos tissus de lavande. Là, c'est un rude boulot car il faut égrener ma récolte et on y passe un temps fou. Mais c'est rigolo aussi. Je propose de faire une finition au "bourdon". Elle trouve ça génial. Elle n'est pas difficile à contenter. Le point lui plaît, alors je lui montre. Et c'est reparti pour un tour de finition.

Celui de Laurent sera terminé le premier, pour demain soir, c'est urgent.

 

Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.

Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.

18h30 Nous avions planifié une soirée plage. Laurent émerge de son coin informatique,

Mais où est mon maillot de bain ? 

Lorsque nous arrivons à Saint Gervais, il y a encore du monde. Mais nous aimons bien cet endroit. C'est propre, très familial. Y'a pas de bousculade, pas de gens bordéliques qui hurlent en jouant au ballon. C'est plutôt papa-maman-bébé qui font des châteaux...

nage

 Laurent et Dorine se jettent à l'eau. Ils cabriolent, nagent, font la planche et s'amusent. Le derrière dans le sable sec, mon bouquin calé sur les genoux, je ne tarde pas à trouver qu'il fait trop chaud.

idealeDès qu'ils sont de retour sur le sable, je me pose les fesses au ras des vagues et je continue ma lecture dans une ambiance fraîche et calme.

Dorine vaque près de moi avec les outils improvisés pour Guillaume qui ont repris du service. Mais elle a des préoccupations de grande, et se lance dans la chasse aux coquillages.
- Tu comprends je fais une grande, une immense collection...!
Elle ouvre grand les bras pour me montrer l'ampleur de son projet.
coq 2Les coquillages de cette plage sont vraiment petits, mais ils sont élégants, biscornus et colorés. Je me laisse prendre au jeu. Une belle moisson remplit notre seau lorsque le vent se lève et que nous décidons de finir en soirée pizza

- sans champignons et sans anchois, s'il vous plaît- Les champignons j'aime pas, les anchois je sais pas ce que c'est mais j'ai pas envie de goûter d'accord ? D'accord !)

On se rabat sur une "arménienne" et ça elle adore...

Vendredi 10 août, saint Laurent.

Fin de matinée. On s'organise pour les courses du soir. Dorine a trouvé dans une revues un plateau de crudités très mignon, décor de poussins. J'aurais préféré des lapins mais elle avait pas le modèle, et ça lui plaisait vraiment les poussins. Donc comme elle a les modèles, elle fait la liste des courses. Je fais quelques propositions qui m'arrangent. Elle n'est pas trop d'accord. On trouve des compromis. Si j'avais pas exactement l'ingrédient (genre maïs, que nous évitons Laurent et moi - donc pas envie d'acheter un pot pour consommer 3 grains) elle supportait mal de ne pas respecter rigoureusement les indications données. En matière d'esthétique, je voudrais lui apprendre qu'on a le droit de sortir de ce qui est recommandé et que ça peut être joli quand même. C'est pas gagné.

Au retour, j'ai des trucs à faire dans la maison. Elle va rejoindre Laurent qui lui donne accès à des jeux "éducatifs" sur Internet, les petits ont leur pc portable dédié à ça. Trente minutes plus tard, je viens jeter un oeil dans ma messagerie. ils sont tous les deux bien sages, chacun dans son monde. J'accorde mentalement encore cinq minutes au PC de Dorine. En attendant, Je m'assieds à mon bureau et j'écoute. D'abord les souffles chauds des ventilateurs, puis les clacs-clacs des touches et les clics-clics des souris... Et très loin dehors, les cigales qui grincent en cadence. Et de temps en temps un soupir agacé de Laurent ou un chuchotement de Dorine... ou un éclat de rire...

J'allume ma machine. Rapidement je me retrouve aussi dans mon monde parallèle. Et puis soudain, un son incongru me réveille. Les sons ont changé sur l'un des PC. Il y a des conversations, des cris, de la musique... Je me retourne vers le PC de Laurent, c'est pas lui. Dorine ? Hé oui, elle a trouvé sur Internet une série télé qui semble la fasciner.
- Tu fais quoi Dorine ?
- Oh rien je cherche des jeux
Pfuit, clic rapide, la fenêtre change...
C'est encore moi qui dois réagir, et je m'adresse aussi à Laurent,
- Là on va pas être d'accord tous les trois.
Il lève la tête, la souris en suspension... Je reprends pour Dorine,
- Si tu veux regarder une série télé ou un film, pas de problème. On choisit ensemble quoi et à quel moment. Mais ce sera obligatoirement dans le séjour sur la télé. J'aimerais que ton PC soit uniquement destiné à la messagerie et aux jeux éducatifs, du moins pour le moment, et pas plus d'une demie-heure. Dorine confuse,
- Mais pourquoi ?
- Parce que.... Parce que je me trompe peut-être mais regarder un film pendant une heure ou une heure et demie, ou trois séries télé d'une demie-heure, ce n'est pas la même chose que de jouer pendant 1/2h ou 3/4 d'h... Pour tes yeux, pour ton attention, je crois que c'est mieux de regarder les films bien installée dans le séjour et sur grand écran... Tu en profiteras d'ailleurs beaucoup mieux. D'accord ?
- D'accord.
Comme il est l'heure du repas, on éteint tout ça... et c'est réglé pour le moment.

L'après-midi on se remet à nos ateliers couture. dé

On essaie quelques points avec un dé, mais nous ne trouvons pas la taille requise Même rembourré de sopalin, le dé ne pense qu'à se barrer...alors on abandonne. Surtout qu'il y a déjà fort à faire dans la maîtrise de l'aiguille et des points... Pas tout en même temps non plus. Radio-suisse-classique diffuse une musique baroque joyeuse et on jacasse.

On parle de poissons, de mer. On dérive sur le musée océanographique d'Antibes. On s'accorde une pause enthousiaste pour une visite guidée sur le site Internet. Juste un p'tit quart d'heure. Nous décidons que nous en parlerons avec ses parents, l'idée d'y faire un saut toutes les deux aux prochaines vacances nous séduit.
- Guillaume, il est trop petit. Mais est-ce qu'on pourrait emmener Maman ?
- Pourquoi pas ! On en parlera avec tes parents. D'accord ?
Elle s'échappe vers la balançoire, elle hurle des chansons. Ça c'est du défouloir !
Plus tard on s'attelle à la préparation du dîner festif prévu pour Laurent. Dorine emballe le cadeau,

elle décore l'emballage. décor

C'est fou le boulot qu'on abat avec elle.

 

cad doOn passe une super soirée au frais sous la tonnelle, on délire un peu mais pas trop,

fete

et puis bien entendu on se couche très tard... aïe, aïe, aïe. Mais non, pas aï.

Pour tout le monde otpion grasse matinée demain, 9h30 ? 

10h ? Oui ça paraît bien 10h 00 !

"C'est trop bon les vacances" parole de Dorine.

 

 

 

 

AVEC SHANA 2010 - 2011

 

shana 1

Aout 2012

Notre Shana est une petite fille de 4 ans. Il semble qu'elle soit pour le moment dans une phase de relation très personnelle avec sa maman et son papa. Laurent et moi nous en sommes ravis dans la mesure où cela signifie qu'elle se sent parfaitement bien avec ses deux parents.

Elle vient volontiers à Velaux, mais ne veut pas lâcher ses parents. Et je ne peux pas dire que ces moments de partage familial me permette de comprendre comment elle fonctionne. Cela surtout ne me permet pas d'établir avec elle une relation qui nous soit propre.

famille

Car pour le moment et dans tous les cas, ses parents restent seuls maîtres des situations qui se présentent et même chez nous, ce sont leurs règles de fonctionnement qui sont appliquées.

Mais ce que je discerne du tempérament de Shana me réjouit vraiment et j'ai hâte de voir se développer en elle toutes les qualités de sa petite enfance.

Je garde de Shana deux images magnifiques que ma mémoire entretient avec bonheur.

La première image c'est Shana, sur Lune de Miel avec Laurent et moi. Il y a deux ans, elle était bien petite encore, et finalement plus indépendante qu'aujourd'hui. Nous y avions passé le samedi et le dimanche, à Martigues. Nous avions dormi à bord, nous étions allés à la mer. Elle était preneuse de toute proposition avec un bel enthousiasme. Je la vois encore quand on lui disait, on rentre, elle marchait devant nous avec ses petits sabots d'été chevalde sa démarche encore un peu bébé et si déterminée.

C'est une petite fille toute en affectif et en charme. Elle le sait et elle en use. Elle est vraiment chouette.

La deuxième image, il ne faut pas la perdre celle-là. Une des rares fois où les enfants en rupture de gardiennage (ils travaillent tous les deux) m'ont demandé de prendre le relais pendant une journée. J'irai à Marseille en train, avec plaisir. Chez elle, la rupture parentale se passe mieux.

Manque de pot, toute la nuit qui a précédé, j'ai été malade, malade... J'ai dormi trois ou quatre heures et quand j'ai pris le train de sept heures cinquante, j'étais un peu en vrac.
J'arrive chez eux, vraiment défaite et tout de suite José est en alerte
- Ça va pas, t'es toute pâle ? Méfie-toi y'a de la gastro dans l'air, on y est tous passé ici !....
J'insiste pas trop. Ça ira mieux plus tard. A vrai dire, il est à peine parti que je me précipite une fois de plus dans les toilettes. Ensuite je me ressaisis.

kine

J'explique à Shana qu'on doit faire des jeux très calmes parce que j'ai mal au ventre et je n'ai guère envie de m'agiter. Elle me regarde d'un air très grave.
- Je sais faire les massages, tu sais !
- Afinh bon, tu fais comment ?
- Il faut que tu t'allonges sur la canapé et que tu bouges plus.
 J'avoue que l'idée de m'allonger me convient tout à fait. Je lui demande donc de me faire des massages.

Si ça l'amuse après tout...

Lorsque je suis allongée, elle se met à califourchon sur mes cuisses. Elle lève mon pull et mon maillot et tout doucement, si doucement, à peine un effleurement, elle me "masse" l'estomac. mouvements concentriques et parfaiement symétriques avec ses deux petites mains parfaitement à plat. . Quelquefois elle s'interrompt, les mains en l'air, hésitante.
- Ça va, je te fais pas mal ?

Pure moment de bonheur. J'ai les larmes aux yeux rien que d'y penser.

sept 12Comment un si petit bout d'humain (3 ans et demi) peut-il se soucier du bien-être d'une grand-mère en perdition.

 

 

Ah Shana, tu es un ange au fond de toi !

 

 

2012 SABLET Journée du livre-escapade moto

C'est dimanche et je savoure l'été en Provence.

phareC'est Magali qui nous invite et c'est par Michel que nous l'avons connue.. C'est comme les chemins de traverse les relations transversales, ça débouche sur des surprises, d'excellentes surprises, celles qu'on n'ose à peine rêver.
Nous nous sommes rencontrés au début de l'hiver et la voilà  qui reprend contact avec nous hier, pour nous inviter chez elle, à Sablet, à la 25ème journée du livre.
Inouï et magnifique !
Je crois bien que c'est la première fois que je vais comme ça à la rencontre d'auteurs plus ou moins familiers. Même à Velaux, lorsque la médiathèque invite un écrivain, ça tombe toujours mal. Souvent, je ne me rends pas disponible parce que Laurent m'entraîne ailleurs.

 

Aussi bien que je puisse être, jamais mieux sans lui. Mais là, c'est les vacances et nous sommes disponibles. Donc, c'est le plus extraordinaire de ma vie ordinaire. Ce choix de sortie est un des rares qui m'appartienne en propre. Je pensais y aller toute seule mais Laurent tient à m'accompagner et j'en suis follement heureuse.

Il va partager un moment à moi. Je crains qu'il s'y ennuie. Pensez-vous !
José vient de lui offrir un bel objet média à découvrir. Il projette de se réfugier à l'ombre d'un platane, accompagné d'une grande brune mousseuse, il aura de quoi se régaler... (Pas de mauvais esprit, je vous prie, nous sommes des gens simples)
Hardi petits, on part aux aurores (8h du matin), pour être à l'ouverture. 10h on se gare dans le jardin de Magali. Pause rapide pour l'embrasser, puis les gambettes en avant on grimpe dans le village.  Il y a déjà pas mal de monde mais c'est une foule aérée, qui prend son temps, agréable. Même l'animation haut-parleur est très  discrète. Ouf !magali
L'espace dédié aux livres et aux écrivains est vaste. Vous vous doutez bien que je m'y suis longuement attardée. Nous y avons retrouvé Magali.

C'est vraiment bien fait, chaque stand est identifié avec le nom du signataire qui  présente ses ouvrages.  
Je m'en réjouis, car si j'ai lu Amélie Nothomb, Philippe Grimbert, Max Gallo, Jacques Salomé, Didier Daennincks, la confrérie marseillaise, Del Pappas, Gouiran et autres polardeux. Pour ne citer que les plus connus, je serais bien incapable de mettre les visages sous la bonne étiquette. Bien entendu, il y a aussi des stars de la lucarne, genre Jean François Kahn, Frans Olivier Giesbert, Monseigneur Di Falco (est-ce la bonne case ?) ah oui j'oubliais les incontournables frères Bogdanoff. Bon je vous cite tout ça en vrac et de mémoire, y'en a des palanqués pour intervenir, conférencer et débattre et dédicacer à tous moments. Des causeries, des lectures, dans des jardins, dans des chapelles, sur des places ombragées. J'espère que je vous donne envie d'y aller faire un tour l'année prochaine, parce que c'est vraiment une ambiance sympa et tout ce grand monde qui est du domaine de la fiction d'un coup donne à voir et à entendre dans la vraie vie.
Fascinant non ?
Laurent m'épate car il s'attarde autant que moi, il photographie, il feuillette. Il s'attarde un peu dans mes joyeux échanges avec J.Salomé qui se fout gentiment de ma tronche.
J.saloméÉtonnant personnage ce J.S. Dans son regard, quelque coquinerie. Mais je lui pardonne, je l'aime bien.  Même s'il joue quelque peu à la star.
Sur le coup de 13h, pause apéro. Et là, Laurent comprend pourquoi il ne devait surtout pas rater ça. Hé oui, nous n'avions pas tout capté, pas l'essentiel de cette manifestation. Elle est organisée par le syndicat des vignerons et leur art viticole y occupe une place prestigieuse. Donc on goûte, on savoure, on déguste, juste pour le bonheur de notre palet et l'allégement de nos esprits qui en ont grand besoin après cette matinée forte de littérature. Et sur ce coup là, Laurent n'hésite pas à lire les jaquettes... Nous nous enrichirons de quelques bouteilles, et juste un livre d'Annie  Malochet, une parfaite inconnue pour moi. Mais je suis aussi là pour découvrir.
Parole, nous avons été très sobres tous les deux.

ElianeIl faut aussi le signaler. Nous profitons d'un moment calme pour monter un peu plus haut dans le village, à la recherce d'une vieille amie, Éliane Leplay, perdue de vue depuis des lustres.   Miracle elle est là... C'est une dame fort avenante, car si nous lui rappelons vaguement quelque chose, elle paraît incertaine. Mais elle nous accueille avec un immanse sourire. Et le temps glisse !
Vingt-deux ans de tribulations nous séparent de cet instant. Mais la mémoire lui revient vite, du temps de Charentilly et de nos rencontres chez son frère.

On se reconnaît en buvant un café, c'est magnifique. On compte sur toi Éliane... On t'attend à Velaux.

L'après-midi, le village de Séguret nous lorgne de loin. Nous ne résistons pas à ce détour. Encore un bel après-midi d'ombrage et de venelles rurales, peu de touristes dans une ambiance toutefois très festive.
paysage seguretseuret ruelle

 

 

 

 

Une matinée dominicale de rencontres intellectuelles fort attrayantes, une pause gustative apéro proposée par les vignerons de Sablet, déjeuner offert par Magali tout en senteurs et fraîcheurs provençales. J'ai adoré.
Retour à la nuit tombante par les routes discrètes que notre moto et son pilote affectionnent. Je me suis même pas endormie sur mon strapontin.

2012 EMBUSCADES MUSICALES

Sur la trace des DURS À CUIVRE, samedi 26 mai 2012,cor

la forêt de Sausset les Pins résonne de bien étrange manière et

nous y croisons de bien sympathiques humains.

qui ne se cachent pas derrière les arbres, mais .... qui c'est le veilleur sous son chapeau ?

 

La colonne des ravis du bois s'ébranle

On a raté la chorale mais pas les cuivres !

cuivres rougescuivres orvaleriane

Une prairie de valérianes, la couleur

 n'est pas que pour nos oreilles !

                                                                                                                                                             

gp cuivresremiantonio 1

Non,y manque pas d'air !

antonio 2tromb

 

 

 

 

 

chant

 

 

 

 

                                                                                                                                                  

 

gouter

limonaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

janou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2010 MARTIGUES journée handi-action nautique

 Dimanche 6 juin 2010 -

Nous partons avant 8h du matin, autrement dit aux aurores, et je me demande encore comment j'ai fait pour être opérationnelle. Journée Handi-Action Nautique au CVMartigues, le club de voile dans lequel nous nous épanouissons joyeusement depuis plus de 20 ans. Je dois être à l'accueil, on offre café et croissants frais pour les premiers arrivés. Y s'agit pas d'être en retard. Les yeux encore collés, complètement vaseuse, je n'entends pas trop ce que Laurent mastique à la table du petit déjeuner.

- On y va en moto ?
- .....
- Tu veux prendre la route touristique du Delà ?
- M'est égal !

Coup d'oeil surpris de Laurent car je déteste l'autoroute en moto. Décidément je suis vraiment ensuquée. Du coup, il choisit son itinéraire. Allons y pour un grand tour d'autoroute qui contourne largement l'étang de Berre par le sud, au moins 40 km... Rognac, Vitrolles, Gignac, vive la somnolence...Entre Marigane et Gignac, la moto ralentit, le changement d'allure me réveille. Le Ploum Ploum Ploum Broo o...m s'affaisse doucement, et on se range sur la bande d'arrêt d'urgence. Arrêt pipi, tout le monde descend. Je sors la tête de mon casque-bocal.

- T'aurais pas pu prévoir avant le départ
- Prévoir quoi ?
- Ben, l'arrêt pipi !
- C'est la moto qui a des besoins incontrôlés. T'as pas remarqué que le moteur s'est tout bonnement arrêté de tourner ?
- Ah, si bien sûr, je plaisantais...  Bon on fait quoi ?
- On remet en route.

Mon instinct féminin me dit que ce sera pas si simple, et ce n'est pas si simple. Même pas un soubresaut le moteur.
- Alors ?
Laurent se gratte la tête (ça peut vous rappeler d'autres circonstances en mer, avec un moteur facétieux ) moi ça me frappe tout de suite.
- T'aurais pas un problème d'arrivée d'essence ?
- Non, nous n'aurions pas roulé aussi loin. J'ai fait le plein hier. J'essaie encore !

Miracle, ça repart. On se remet en selle... Magnifique. Au moins 3 km, et nouveau soupir du moteur, arrêt en douceur sur la bande d'arrêt d'urgence. Diagnostic imparable de Laurent.
- C'est une panne à chaud, c'est sûrement l'électronique.

S'il le dit, j'y vois pas d'inconvénient. Doit-on appeler au secours ? Et qui doit-on appeler ? Est-ce que ça se fait de tracter une moto pour la ramener en lieux sûr ? Pendant que Laurent se gratte efficacement les cheveux, je contacte nos amis du CVMartigues, car je ne serai pas opérationnelle pour le café des invités. Miracle nous n'avons pas oublié le téléphone portable dans une poche quelconque du panier de linge sale.
- Désolée, nous aurons un retard indéterminé.
- T'inquiète pas on gère, arrive dès que tu peux.

La moto se remet en route.... On serre les fesses, Laurent précautionneux roule sur la ligne d'arrêt d'urgence, les voitures nous doublent. Je remarque seulement à ce moment là qu'il y a bien du monde qui circule pour un dimanche aux aurores. Déjà la ruée vers les plages de la Côte Bleue, oh les pôvres ! Enfin, c'est plus vraiment l'aurore, il est pas loin de 9h, j'imagine.TRIUMPH
Et pas loin de 2 km plus tard quand la moto de nouveau s'assoupit. C'est lassant à la longue. On se range une nouvelle fois du trafic qui commence à me chauffer les oreilles. On s'abrite derrière le rail de sécurité, face à Gignac, l'étang en fond d'écran. Le derrière dans des herbes jaunies, entre déchets plastiques et cannettes vides semés dans des arbustes rachitiques. C'est pas jouissif comme pause. Dire que si on était passé par St Chamas, on aurait pu faire des pause champêtres, forestières, maritimes... On aurait pu herboriser, se vautrer sous les pinèdes... Au lieu de ça, nous pataugeons dans des décisions hasardeuses. Car nous décidons de rentrer à Velaux... en moto...
Le système en surchauffe a eu le temps de refroidir. Il faudrait d'abord sortir de l'autoroute car nous ne nous y sentons guère en sécurité avec tous ces damnés du bitume qui nous frôlent à vive allure. (Bon, si ça trouve y'a l'un de vous dans son joli bolide, et personne n'imagine qu'on est dans la panade) Oh la la, quand te reverrai-je ma petite maison de Velaux ? Pour le moment, la moto reprend son souffle. Laurent ventile le moteur avec le plat de la main... Il y croit. Un p'tit coup de démarrage et c'est reparti. Cap sur Velaux. En haut des côtes, Laurent coupe le moteur et on roule en roues libres... C'est une conduite particulière toute en douceur. Exquise conduite, assez chaotique, sympathique parfum d'aventure et peu polluante. Dans les bonnes descentes (au niveau d'eurocopter par exemple) la moto remonte même la côte sur son élan et on redescend le tout en roues libres. En voilà une moto qui n'en fait qu'à sa tête !
Prise de conscience accablante. Nous avons roulé sur cet itinéraire plus de 60 % de km sans moteur, sans carburant ! On a mis du temps d'accord, mais du coup l'économie d'essence sur ce trajet n'est pas anodine. Je me réjouis que certains esprits évolués cogitent à ma place à ce sujet. Et la moto se rendort juste au moment où nous descendons notre voie d'accès, à deux cents mètres de la maison. Elle refuse tout bonnement de monter se garer. On la laisse donc bouder le long du mur et on repart aussi sec à Martigues, en voiture.

Nous somme enfin opérationnels pour la journée d'accueil au club de voiles sur le coup de 11h00. Toute une armada de personnes handicapées à des degrés divers flânent à travers les ateliers proposés. Ils arrivent avec leurs éducateurs ou en famille, choisissent leurs activités. Des fois, ils veulent tout faire, tir au fusil laser pour les déficients visuels, plaisance à bord d'un canot, embarquement avec une grue pour les pilotes de fauteuils roulants.EMBARQUEMENT

Promenade romantique dans la Venise Provençale en zodiac, Plaisance à la voile avec le bateau du club, jeu de boules pour les terriens. Tout le monde sait ça, les activités nautiques, ça creuse. 13h, paella de rêve, proposée par nos amis du Rotary club d'Istres. plus de 200 affamés se ruent sur les assiettes. Et ça se régale joyeusement.

PAELLA

14h30, Partance régate depuis les quais de Ste Anne. Nos invités sont éparpillés à bord de 12 voiliers pour la plus belle course de l'année sur l'étang de Berre. Courte mais bonne; Environ 8 milles, brise d'une dizaine de noeuds pour un départ ferme et tranquille. Rapidement, le ciel pluvio-nuageux bouscule un peu les équipages, mais les conditions sont idéales pour une régate. On se quitte tous dans l'enthousiasme. A l'année prochaine...

Il est dit cependant que ce sera jusqu'au bout une néfaste journée. Bon, d'accord, nous avons été négligents pour le carénage, que nous n'avons pas réussi à programmer au début du printemps. Bon, d'accord, on avait remarqué les herbages le long de la ligne de flottaison, des petits cacas sombres couleurs coquillages et nous avions craint que l'hélice soit encroûtée de parasites. Mais si à l'aller, LDM était lent il était manoeuvrant. Donc nous nous sommes lancés plutôt confiants. Manque de pot, au retour, une bourrasque a poussé sur l'avant et le bateau a refusé de pointer son nez vers le quai. La malchance ayant voulu que le niveau d'eau de l'étang soit à son minimum., nous nous sommes tout simplement encalminés devant notre place. Cette nouille de voilier frétillait bêtement sur sa quille. Pris dans la vase ou prisonnier des amarres qui barrent jusqu'au milieu de la passe ? Les deux à la fois mon Capitaine.
Les potes sont venus nous porter secours depuis la panne. C'est très rigolo quand quelqu'un merdoie en rentrant au port, on découvre trois sortes de potes,
- les narquois qui se fendent la pêche, "na, na, na, c'est pas à moi que ça arriverait !"
- les brailleurs, ils gesticulent, ils font les importants, ils n'ont rien compris mais c'est eux qui savent le mieux. Surtout bouchez-vous les oreilles. Ils n'hésitent même pas à vous traîter d'imbécile.
- les solidaires, ils observent, ils réfléchissent, ils agissent, ils sont rares et précieux.
Pourtant avec la bonne volonté des trois groupes, on récupère du mou dans les amarres qui nous emprisonnent. Un gros coup de gaz et dans un tourbillon de vase, LDM enfin recule.

LDM À QUAI

Laurent nous incruste à notre place en marche avant, tant pis pour les commodités d'accès au quai. Merci gracieux à tout le monde et on se casse vite fait. On n'a pas que ça à faire Laurent et moi. Car à la maison, des explications s'imposent avec notre moto facétieuse...

JanouB

 

 

2010 ABBAYE DE VALSAINTE- Haute Provence-escapade moto

5 juin 2010

Sortie remarquable avec nos amis vidéastes de Cinétravelling (cinétravlo pour les intimes, faudra vous en souvenir si je vous en reparle). Nous sommes invités pour participer à leur sortie technique, images de printemps à l'abbaye de Valsainte, la roseraie s'y prête à merveille.
En piste pour une virée moto dans le lubéron. Le ciel est léger, la brise aussi.
Plout plout plout, brou... ou... oum... Rien que de l'écrire je l'entends avec bonheur chanter dans mes oreilles, la moto. Laurent et moi avons souvent fait cette route champêtre et c'est toujours un enchantement. Quitter Coudoux, grimper la petite route le long du canal. Bien plongeant tout ça.
-Hé Laurent, serre pas trop ta droite quand même !

Dominer l'étang de Berre puis s'échapper à travers la garrigue jusqu'aux Quatre thermes. Repérer les vastes tapis de fleurs, coroles de cistes mauves, or des genêts épineux qui déjà buissonnent, thym et romarin. Humer ces senteurs délicates, Ah le bonheur de s'en mettre plein les naseaux.
Traverser les forêts de St Cannat ou de Lambesc. Les yeuses ont semé des tapis de chatons sous les pinèdes. Les cèdres et les pins d'alep se disputent les trouées de lumière. S'attarder à Rognes, respirer la fraîcheur du grand bassin de St Christophe à l 'entrée de la Roque d'Anthéron. Déjà, nous y sommes aux portes du Lubéron. La route sinue entre les vignobles, les champs d'oliviers. Les cèdres et les pins d'alep se disputent les trouées de lumière. Je m'imprègne d'odeurs, de couleurs et de lumière. C'est la saison des champs de coquelicots et des genêts dorés. Ce sont les couleurs du printemps, violentes et fraîches à la fois. La combe de Lourmarin ouvre une vallée bruissante de chênes verts et blancs et de roches brillantes. C'est une route magnifique. Et la moto ronronne gentiment sous mes fesses. Nous prendrons pourtant le temps de nous poser au détour d'un sentier. Ecouter le non-silence de la forêt, s'imprégner... s'imprégner... et repartir, le coeur léger et l'âme vagabonde. plout, plout, plout... brou...ou...oum.... (les mauvaises langues disent aussi gling gling gling, parce que c'est une triumph, la moto, mais c'est même pas vrai.
D'accord, c'est pas le ronronnement d'une BMW mais nous le valons bien !
Quelquefois, je me penche pour caresser la cuisse de Laurent, qui me répond par une petite tape sur le genou... Voilà, nous sommes en totale harmonie, tout proches l'un de l'autre. Je sais que je suis totalement livrée à son adresse de pilote et j'adore ça. C'est tellement bon de se laisser porter. Si, si si !

C'est pas tout ça, mais nous sommes attendus. L'Abbaye de Valsainte est située sur un éperon rocheux de Haute Provence à quelques kilomètres de Simiane La Rotonde. Nous baignons toujours dans l'euphorie printanière Laurent, la moto et moi. Et c'est avec enthousiasme que nous négocions la petite route qui mène à un immense pré où se parquent les véhicules. Au fond le site de l'Abbaye. Petite soeur de Silvacane, l'Abbaye ne garde de ses origines mystiques que la tradition orale et un jardin étonnant. C'est Alain Corrente, ses grands yeux clairs et sa passion pour l'histoire qui nous embarque à travers un monde de mystères. Et c'est notre passé. Il nous arrête à ce rocher extraordinaire qui pond des oeufs.... J'ai adoré, à coup sûr, j'en ferai une histoire pour mes petits enfants.
Le jardin est si vaste, si naturel qu'on a du mal à imaginer le travail qu'y développe le Maître jardinier Jean Yves Meignen. Ces deux hommes, nous ont conquis. On reviendrait là, rien que pour se laisser captiver par leur sensibilité et leur passion commune d'un lieu de vie.
Serge Orlandi, avait-il déjà en 1995 une idée de ce qu'il pouvait faire de ces (ses) ruines ? Je l'ignore. Aujourd'hui, il fait figure d'éveilleur de mythe.. Un rien oriental dans sa manière d'être, il nous gratifie de concerts de bols tibétains... Quant à la portée spirituelle de l'exercice, je reste dubitative. Soutenir le chant des bols avec une bande sono (chants d'oiseaux, bruissements de feuilles et sources fraîches...) J'ai pas trop aimé. Quand au sens mélodique, évoquer Big Ben avec des bols orientaux, ça m'a paru un peu indigeste... Mais chacun entend comme il l'entend.... n'est-il pas ?
Le mérite de toute cette équipe qui se donne à fond pour faire vivre des lieux exceptionnels c'est d'avoir su y développer un tourisme local et propre... Nous permettre pour pas cher (6 € l'entrée en 2010) un moment de détente, d'histoire, d'histoires aussi, de culture intellectuelle et de culture jardinière... Nous avons puisé dans tout cela avec un immense plaisir. Nos potes Cinétravlo ont même trouvé à acquérir de splendides rosiers pour leurs dames. Même la version sans épines, sur la moto, ce n'était guère recommandé. La tentation fut terrible. Mais héroïque comme vous me connaissez, j'ai pas moufté. J'ai juste regardé d'un oeil brillant les chanceux qui partaient avec leur buisson d'épines sous les bras.

Si vous voulez vous offrir une belle journée culturelle et touristique, c'est un endroit vraiment sympathique.

Pas loin vous pouvez y associer un tour aux carrières d'ocre... De quoi combler une belle journée de vacances depuis Velaux ou ailleurs.

 

 

2010 TROIS PARACHUTEURS

PARA-CHUTAGE 16/10/2010
janou ciel

 

Des années que nous en cauchemardons José et moi. Mais plutôt crever que de se dérober. C'est la réponse à un défi lancé il y a des années à bord de notre voilier Lune de Miel, entre Martigues et Minorque, comme un paquet de vagues un peu taquines. Quelques mots pour rigoler, et qui ce jour nous engagent tous les trois mère et fils dans une étonnante escapade. Car bien entendu, Olivier le grand frère, du haut de ses 40 ans, sera de cette folie.

Aujourd'hui samedi, 16 octobre 2010, c'est le bout de la tentation... 170 km d'autoroute de Velaux à Gap, aérodrome de Tallard. C'est Laurent qui pilote et qui assure notre ancrage au sol. C'est important pour nous qu'il soit là . Il a tout prévu comme il faut. La caméra, l'appareil photo réflex, tous les pieds sont là , et le pique nique dans la glacière enrichi des goûteuses madeleines d'Alex. Les trois sauteurs au top. Dans la voiture on papote, on a bien des choses à  se dire. "Ah oui et Karine, tiens donc ah oui et Alex, oh super et Dorine, et Shana, Guilllaume aussi oh la la !" Nous passons la famille en revue, nous anodisons comme si on roulait vers une superbe journée au soleil, bien anodin tout ça, vraiment ! Pourquoi brillent-ils autant nos yeux , pourquoi ses gestes impatients ?

Nous y voici, Paradrenalin, notre base parachute. Une cordée borde l'enceinte du club, obligation de s'y tenir rangé.hangarUne dizaine de personnes sont alignées. Avec nous autres ça fera une petite quinzaine. Nous sommes aux premières loges pour assister aux départs, vols et atterrissages. Un avion roule vers la piste. Il monte monte monte au fond de la vallée. Puis disparaît. On l'aperçoit très haut dans le ciel qui revient. Il libère une charge de para-chuteurs. (du verbe chuter car en cet instant je ne suis plus sûre de rien). En face de nous, le ciel se pique de points sombres qui se colorent en se rapprochant du sol. Puis les voilures se précisent parfaitement arrondies. Huit pattes gigotent autour d'un ventre à deux dos. De minuscules et étranges scarabées qui paraissent bien fragiles. Roses, bleues, rouges, les voiles vibres et paraissent vivantes bien plus que les sombres bestioles suspendues. Avant de se poser au sol, le tandem ralentit et dans un ensemble presque parfait toutes les pattes se posent. Les uns glissent au sol sur les fesses, les autres finissent dans un pas de course impeccable. C'est bien beau tout ça. Mais ce genre d'épisode ne fait pas encore partie de ma vie. Je regarde et j'admire complètement détachée. Et ce n'est pas étonnant. Depuis que l'échéance se rapproche, je me réjouis. Je ne laisse aucune place à l'inquiétude. Je n'imagine pas, je ne me projette pas dans ce moment. Simplement je l'attends et je me réjouis. C'est ce que j'appelle ma position d'attente. Je ne veux pas savoir ce qui m'attend car le pire, c'est la peur d'avoir peur, ce serait trop bête puisqu'il n'y a aucune raison d'avoir peur. Méthode imparable
" Parachute, oh oui, vivement ! "
En cet instant encore, ma pensée s'arrête sur ce vide, impossible à  imaginer mais si prometteur. Fastoche non ?


Déjà un autre avion décolle dans un crescendo de moteur à  pistons. avionNous restons un long moment intimidés, émerveillés, derrière cette ligne de ceux qui restent en dehors du cercle des initiés. Maintenant, plus réjouie que jamais, j'entre dans le club. Avec Laurent et Olivier ou José, je repars pour un échange d'anodisation, histoire d'améliorer notre résistance au stress. Faut bien passer le temps. A l'intérieur du hangar immense, de beaux messieurs, allure sportive et décontractée, plient leur bagagerie de vol. Ils alignent les plis de leur voilure avec une symétrie remarquable tout en devisant joyeusement. Leurs gestes sont lents, savants. Nous attendons sagement notre tour, anodisation toujours. Un grand gaillard m'interpelle. C'est le moment du "briefing". Ça y'est. Il faut changer de registre. Les infos pleuvent sur mon impatience et vont l'éteindre. Je ne suis pas certaine de tout retenir. Il me parle de choses inconnues, des mots parfaitement étrangers à  ma vie quotidienne, impossible à restituer. Je ne saisis que la notion d'ensemble. Je ne suis pas encore sortie de ma position d'attente. Je suis juste épatée, enchantée, perplexe. Cet homme est remarquable. En quelques minutes, il a établi la relation sympathique qui va me permettre de vivre des moments inoubliables. Totale confiance. Je n'en demande pas plus. Rien que pour ça, j'aurais fait le déplacement. Mais justement voilà , j'ai pas fait le déplacement que pour ça.
Allez zou, on s'lance.
Nos lunettes de protection sont tip-top; on ferait peur aux mouches si on en croisait. Par dessus nos trois caleçons-pantalons-damart+souspull+polaire épaisse+blouson, nous sommes harnachés, ajustés à  nos bretelles, sanglés du dos jusqu'aux cuisses et mousquetés à  fond. On marche comme si des choses encombrantes nous coinçaient dans nos culottes. Fichtre y'en a de l'épaisseur. Un relatif confort aussi. Y fait si froid que ça au 7ème ciel ?
L'avion ronfle déjà . Nous nous y installons deux par deux, le cul par terre, jambes tendues, calé chacun entre les jambes de son moniteur. Un homme en solo sautera le premier, je suivrai puis Olivier puis José. Une petite vibration de la carlingue. J'entre en phase réception totale. J'absorbe les merveilles. Je n'entends même pas le moteur. On grimpe sous les nuages cap vers le sud. Les sommets s'arrondissent, les routes, les canaux s'enrubannent, les vignes et les vergers se puzzlent... Les couleurs se mélangent et le ciel s'ouvre ... La terre s'aplatit. Wouha mais c'est qu'on est vachement haut, plus de 3500 mètres. Fichtre j'me disais bien aussi que l'air devenait frais. Je me laisse porter, je suis éblouie. J'échange quelquefois un mot ou un sourire avec José, ou mon guide. Je les perçois de très loin. Je suis dans l'intemporel, dans l'irréel. Je ne sens rien, je suis juste un regard qui dévore les montagnes et les vallées minuscules qui s'étalent sous ma coque. Je suis hors circuit et j'adore ! Hélas, quelqu'un me tape sur l'épaule, me dit des trucs... Je mets un temps fou à comprendre. C'est mon guide, il veut que je me soulève pour qu'il puisse ajuster mon harnachement au sien et je suppose me mousqueter à  lui... Prise de conscience épouvantable. J'étais si bien là , pourquoi il me dérange ? Moment de pure panique. J'ai le coeur qui bat à  mille à  l'heure. Je ne peux plus respirer, j'ai la tête qui tourne... Je réalise enfin que je n'ai plus le choix. Je lui obéis comme dans un brouillard. Il me cale sur ses genoux... Je me ressaisis quand je peux me rasseoir. Respire, calme ! C'est bon, tout va bien ! Ouf !
Je ne suis qu'une éponge de sensations qui ruissellent. Une sonnerie retentit, Sortie d'usine ? La porte de la cabine glisse, s'ouvre en grand. Une énorme bouffée d'air froid s'engouffre. L'homme solo nous salue, une sorte de rituel, qu'il ponctue d'un énergique : "Bon saut !" dans notre direction.
Il pourrait donc être mauvais ce saut ? Et ça me fait rire. C'est sûrement nerveux. L'homme solo se glisse à  la sortie. En quelques instants il disparaît, avalé par le ciel... C'est un choc terrible pour moi, car maintenant, c'est mon tour, et il faut que je fasse ça ? Il faut que je me laisse aspirer par le ciel ? Mille millions de mille sabords ! Plus le temps de réfléchir.
Mon guide gentiment me souffle de glisser vers la porte. La consigne c'est de garder les mains passées dans les bretelles du harnais, histoire de les ranger et qu'elles n'en fassent pas qu'à  leur tête. Ensuite s'assoir les pieds dans le vide, les jambes pliées au maximum sous l'avion, la tête relevée et garder cette position pendant le saut et la chute libre. (Je crois avoir fait à  peu près ça) Enfin jusqu'à ce que deux tapes sur l'épaule me signalent que tout va bien et que je peux m'étaler à  ma convenance dans le ciel... Mais je n'en suis pas là . Quasiment poussée au cul par mon guide (il est sanglé dans mon dos) je me retrouve assise à  la porte, wouah, ça décoiffe et ça gèle sec. Je plie les jambes vers l'arrière... Le sol est loin, loin, loin, en face le ciel, des trouées de bleu limpide, des coussins de nuages blancs... Et puis de nouveau le sol loin loin loin... L'air violent, me glace le nez et les oreilles... Pourvu que mon pote à l'arrière... Même pas le temps de penser le reste ... propulsion, vitesse, tout ça me saute dessus en vrac... ça tourne ! Et ça tourne. C'est insoutenable, je ferme les yeux. Juste le froid qui me griffe le nez et les oreilles. Ouf, j'ai pensé aux gants. Mes entrailles se stabilisent, mon coeur reprend son souffle... (?) Je compte calmement jusqu'à  trois. Je rouvre les yeux. Mais qui m'a mis ce turbo aux fesses ?oliv saut

Chute libre. En gros, la moto à  180 km/h. Rien à voir. Sans casque, j'en prends plein la tête de ce morceau de ciel qui dégringole avec moi. Et puis, en moto, on peut freiner... Je ne suis nulle part, le sol me passe par dessus et les montagnes sont de travioles et l'air glacé me tétanise les joues et les oreilles. Je vois défiler des rubans bleus, des carrés verts, des pointes sombres et claires... La campagne est sans dessus-dessous. Ça pourrait être un paysage mais il ne se met pas en place dans mes yeux... Hors champ, je suis hors champ... C'est terrible, fascinant. J'ai mal, je ne sais pas pourquoi, Je dégringole, je ne sais pas où. J'adore ça et je ne sais pas ce que c'est. J'ai peur et j'ai pas envie que ça s'arrête... C'est d'une violence terrible et c'est fascinant. J'ai 60 ans et j'ai 6 ans. Fichtre, c'est dangereux ce truc ! Une forte poussée me donne l'impression que je m'arrête. Super Y'a un frein. Le parachute vient de s'ouvrir. Et là  c'est tout simplement un magnifique moment d'apaisement. Je pousse un gigantesque soupir qui me rend à moi-même, toutes choses en ordre. Mon estomac se détend, mes yeux ne brûlent plus, mes oreilles ne sifflent plus (j'ai donc ressenti tout ça ?) et le paysage se met en place. Les rubans redeviennent un canal, une route, les couleurs brouillées redeviennent des vergers ou des champs et les petits pâtéblancs redeviennent des maisons. Je suis géante et je domine un monde de poupées. Et j'appartiens à  ce monde dans son entier.

Il y a Olivier en rouge à  ma droite, et José en bleu un peu en dessous...jo ciel

Ils sont beaux, beaux ...! Derrière moi, mon guide me propose une petite virée, à gauche ? Oui bien sûr. Faudrait pas que le panorama devienne monotone. L'effet est saisissant parce qu'on fait un joli tour et le paysage recommence à  basculer, à  chahuter, à  se décomposer, puis on se restabilise et le monde revient à  sa place. Et puis un petit tour à  droite, et le même chamboulement se reproduit.... Mais je ne le subis plus. Je l'attends. Je sais que c'est unique dans ma vie et incomparable comme sensation. Je me détends. On peut papoter mon compagnon et moi, c'est très relax...entre deux tours ! Si j'osais je hurlerais de bonheur. J'ai envie de rire, de rire, de rire alors je ris de tout mon coeur. Et je m'ouvre tout entière à ces extraordinaires sensations.
Un nouveau petit tour à  gauche, puis à  droite, on n'en finit plus de faire et de défaire le monde. Nous voilà  stabilisés, bien à la verticale. La descente est en pente raide mais on glisse sur l'air comme dans un rêve. Alors je prends le temps de revoir cette vallée si belle et de plus en plus précise. Les montagnes redeviennent de majestueux sommets. Très vite nous sommes au dessus d'une route. On se lance à  la poursuite des voitures et un dernier virement nous amène dans l'alignement de l'atterrissage. Le sol arrive à  toute allure, mince mais c'est qu'on y est presque. Je plie les jambes pour arriver assise et détendue. Mince déjà de l'herbe ! Zut on va frôler Olivier et son compagnon qui sont déjà posés. Mes pieds repliés sont au sol, emportée par l'élan je m'affale de tout mon long, en douceur. Vautrée le nez dans la verdure, je suis déposée comme un gros paquet maladroit. Mon compagnon est encore prisonnier de son élan et de nos mousquetons. Cette ombre sur ma tête et ce poids qui s'affale dans mon dos, c'est quoi ?

Ce n'est pas académique comme arrivée, mais qu'est-ce que c'est bon.
Me voilà  revenue sur terre et pas mal sourde, mais je sais que c'est provisoire alors j'en profite un max. Il fait si bon vivre dans ce nouveau monde !vautrage