8 août 2012
C'est un mercredi, Dorine prend le relais de son petit frère Guilaume. J'aime vraiment bien cette formule et j'espère que tout le monde y trouve son compte. Nous avons procédé comme ça avec nos enfants quand ils étaient jeunes. c''était étonnant de se retrouver tout seul avec l'un des garçons, puis avec l'autre. On se fréquentait d'une autre manière, on pouvait alléger les règles de vie et c'était de bien agréables vacances, pour les enfants et pour nous.
Il y avait une autre formule basée sur un système d'échanges. Un coup c'était Annette et Claude qui prenaient nos enfants avec les leurs ensuite on récupérait les quatre enfants. Ce qui permettait à chaque couple une large bouffée d'oxygène sans la pression de la vie de famille, et aux enfants des vacances entre cousins dont ils se souviendront toute leur vie avec nostalgie.
Pour le moment, nos enfants adultes appliquent la méthode alternative que nous leur avons proposée, impec. Dorine, du haut de ses huit ans est tout à fait familiarisée avec Velaux. Car Dorine est devenue grande. Elle y a ses repères, beaucoup de choses ont été mises en place quand elle était la seule petite fille de la maison. Elle bénéficie pour le moment d'une sorte de suprématie.
A peine a-t-elle posé son sac,
- Qu'est-ce qu'on va faire ?
Il est un peu tard le soir, je dois préparer le dîner. Laurent et elle se collent à l'arrosage. Le petit arrosoir vert reprend du service. C'est mes géraniums qui s'épanouissent depuis quelques jours. Ils n'ont jamais été aussi bien servis.
Jeudi 9 août -
Petit déjeuner de vacances, seulement autorisé à Velaux parce que c'est les vacances. Madeleines, Kinders Buenos, jus d'orange pur jus mais industriel quand même... Que des bonnes choses en somme et dès le matin, le regard bleu et limpide de Dorine en phase dégustation, c'est rigolo. Tant mieux, parce que le matin, au saut du lit, je ne suis guère fréquentable, plutôt du genre irascible. Ça dure pas longtemps, je me donne beaucoup de mal pour abréger les souffrances de mes partenaires de p'tit déj. Dorine qui me saute dessus dès que j'ai le pied sur l'escalier de dehors, ça me stresse. Elle l'a vite compris. Au saut du lit, je ne suis pas opérationnelle. Désolée accorde-moi quelques minutes !
C'est d'ailleurs pour ça que depuis des lustres, c'est toujours Laurent qui prépare le petit déjeuner, envoie une musique en sourdine dans la chambre. Chaque matin, il me faut ce délai pour me rendre compte que la journée commence et qu'elle sera bonne si je m'en donne la peine.
Dorine l'a compris, alors elle s'adresse à Laurent en me regardant de temps en temps pour s'assurer que je me réveille en douceur. Je capte son regard, son sourire. Aussi sec, mine de rien, elle nous envoie une sentence à sa manière et qui nous amuse toujours.
- Tu sais Papilo qu'il ne faut pas abuser des Kinders parce que c'est pas bon.
- Pourquoi c'est pas bon ?
- C'est de la chimie !
Laurent et moi on se regarde un peu surpris.Et je pose la question fatale.
- C'est quoi la chimie ?
La petite se concentre sur son Kinder, mais il ne détient pas tous les secrets. Elle hausse les épaules. (Ah cette Maminou alors, s'qu'elle m'embête des fois), Elle répond poliment mais un peu comme si tout le monde s'en foutait.
- Je sais pas.
- Tu crois qu'on peut faire simple Laurent ?
Nous lui expliquons que la chimie c'est une science qui étudie la transformation de la matière. On lui détaille un certain nombre d'aspects entre naturel et synthétique. Finalement, elle nous abrège. Elle trouve la conclusion toute seule
- J'ai compris ! On dit que c'est de la chimie parce que c'est plus simple. Mais ça veut dire, les produits transformés dans Kinders , enfin je dis ça comme exemple, (elle prend les devants, faudrait pas qu'on prenne ça au pied de la lettre et qu'on la prive de Kinders) donc les produits, ils ne sont pas de très bons produits. Mais c'est pas grave parce que c'est pas tout le temps !
- Bravo, t'as compris !
Un peu plus tard, Laurent mobilisé par un montage de film, Dorine et moi on papote en rangeant la vaisselle. Je lui explique que c'est aujourd'hui la saint Amour (la plus belle fête de l'année) et que le 10 (demain) c'est la saint Laurent. Traditionnellement, on fait chaque année Laurent et moi, une petite fiesta. Elle est donc cordialement invitée cette année. Question toujours concrète de Dorine.
- On prépare un cadeau pour Laurent ?
Je réfléchis
- D'accord, j'ai plein de lavande, on lui fait un petit désodorisant voiture... dans la foulée on en fera pour tes parents et Guillaume.
- Et pour mon amie Mathilde aussi ?
- D'accord pour Mathilde.
Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.
Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.
Elle choisit des formes pour ses coussins, des couleurs, des tissus. Là, elle s'éclate vraiment, faut dire que ma caisse est grande. Ensuite, découpages des gabarit papier, transfert sur le tissus. Dans mon boxon personnel on trouve tout ce qu'il faut.
Et le plus important pour nous deux, la couture. Je suppose que sa maman lui a appris comment glisser le fil dans le chas de l'aiguille. Bravo Alex, elle le fait plus facilement que moi.
Mais la couture est un art difficile. Elle doit gérer deux épaisseurs de tissu, la longueur du fil qui doit pas faire de noeuds à chaque point, la régularité en taille de points et en espacement... Elle va lentement. Elle est très appliquée. Elle fait des points-avant vraiment parfaitement alignés.
On bosse ensemble. De temps en temps je lève la tête pour le plaisir de la regarder. Elle est heureuse, elle est magnifique.
Faut maintenant remplir nos tissus de lavande. Là, c'est un rude boulot car il faut égrener ma récolte et on y passe un temps fou. Mais c'est rigolo aussi. Je propose de faire une finition au "bourdon". Elle trouve ça génial. Elle n'est pas difficile à contenter. Le point lui plaît, alors je lui montre. Et c'est reparti pour un tour de finition.
Celui de Laurent sera terminé le premier, pour demain soir, c'est urgent.
Mais d'abord, grand lessivage des fauteuils qui en ont grand besoin. Elle n'en revient pas de faire de la crème fouettée en battant du mir-lessive-main et un peu d'eau au batteur électrique. Ensuite chacune sa petite éponge, on frotte les coussins avec la mousse. J'aime bien ce boulot, je devrais le faire plus souvent... On s'échauffe, on sue à grosses gouttes. On devient toute rouges. Mes fauteuils aussi reprennent des couleurs.
- Faut pas oublier les poufs !
Elle m'aide de bon coeur et avec grand soin. Un vrai plaisir de bosser avec elle.
Ensuite on essuie avec un chiffon sec... Interdiction de s'asseoir pendant 24h, du coup la télé c'est compromis. Tant mieux.
Passons aux choses ludiques, les cadeaux lavande. Sélection d'une chaine musicale sympa. Ce sera radio-suisse-classique, comme d'hab. Pas de réaction de Dorine, à priori ça ne la dérange pas. Je suis contente, j'aime bien l'ambiance de notre atelier.
18h30 Nous avions planifié une soirée plage. Laurent émerge de son coin informatique,
Mais où est mon maillot de bain ?
Lorsque nous arrivons à Saint Gervais, il y a encore du monde. Mais nous aimons bien cet endroit. C'est propre, très familial. Y'a pas de bousculade, pas de gens bordéliques qui hurlent en jouant au ballon. C'est plutôt papa-maman-bébé qui font des châteaux...
Laurent et Dorine se jettent à l'eau. Ils cabriolent, nagent, font la planche et s'amusent. Le derrière dans le sable sec, mon bouquin calé sur les genoux, je ne tarde pas à trouver qu'il fait trop chaud.
Dès qu'ils sont de retour sur le sable, je me pose les fesses au ras des vagues et je continue ma lecture dans une ambiance fraîche et calme.
Dorine vaque près de moi avec les outils improvisés pour Guillaume qui ont repris du service. Mais elle a des préoccupations de grande, et se lance dans la chasse aux coquillages.
- Tu comprends je fais une grande, une immense collection...!
Elle ouvre grand les bras pour me montrer l'ampleur de son projet.
Les coquillages de cette plage sont vraiment petits, mais ils sont élégants, biscornus et colorés. Je me laisse prendre au jeu. Une belle moisson remplit notre seau lorsque le vent se lève et que nous décidons de finir en soirée pizza
- sans champignons et sans anchois, s'il vous plaît- Les champignons j'aime pas, les anchois je sais pas ce que c'est mais j'ai pas envie de goûter d'accord ? D'accord !)
On se rabat sur une "arménienne" et ça elle adore...
Vendredi 10 août, saint Laurent.
Fin de matinée. On s'organise pour les courses du soir. Dorine a trouvé dans une revues un plateau de crudités très mignon, décor de poussins. J'aurais préféré des lapins mais elle avait pas le modèle, et ça lui plaisait vraiment les poussins. Donc comme elle a les modèles, elle fait la liste des courses. Je fais quelques propositions qui m'arrangent. Elle n'est pas trop d'accord. On trouve des compromis. Si j'avais pas exactement l'ingrédient (genre maïs, que nous évitons Laurent et moi - donc pas envie d'acheter un pot pour consommer 3 grains) elle supportait mal de ne pas respecter rigoureusement les indications données. En matière d'esthétique, je voudrais lui apprendre qu'on a le droit de sortir de ce qui est recommandé et que ça peut être joli quand même. C'est pas gagné.
Au retour, j'ai des trucs à faire dans la maison. Elle va rejoindre Laurent qui lui donne accès à des jeux "éducatifs" sur Internet, les petits ont leur pc portable dédié à ça. Trente minutes plus tard, je viens jeter un oeil dans ma messagerie. ils sont tous les deux bien sages, chacun dans son monde. J'accorde mentalement encore cinq minutes au PC de Dorine. En attendant, Je m'assieds à mon bureau et j'écoute. D'abord les souffles chauds des ventilateurs, puis les clacs-clacs des touches et les clics-clics des souris... Et très loin dehors, les cigales qui grincent en cadence. Et de temps en temps un soupir agacé de Laurent ou un chuchotement de Dorine... ou un éclat de rire...
J'allume ma machine. Rapidement je me retrouve aussi dans mon monde parallèle. Et puis soudain, un son incongru me réveille. Les sons ont changé sur l'un des PC. Il y a des conversations, des cris, de la musique... Je me retourne vers le PC de Laurent, c'est pas lui. Dorine ? Hé oui, elle a trouvé sur Internet une série télé qui semble la fasciner.
- Tu fais quoi Dorine ?
- Oh rien je cherche des jeux
Pfuit, clic rapide, la fenêtre change...
C'est encore moi qui dois réagir, et je m'adresse aussi à Laurent,
- Là on va pas être d'accord tous les trois.
Il lève la tête, la souris en suspension... Je reprends pour Dorine,
- Si tu veux regarder une série télé ou un film, pas de problème. On choisit ensemble quoi et à quel moment. Mais ce sera obligatoirement dans le séjour sur la télé. J'aimerais que ton PC soit uniquement destiné à la messagerie et aux jeux éducatifs, du moins pour le moment, et pas plus d'une demie-heure. Dorine confuse,
- Mais pourquoi ?
- Parce que.... Parce que je me trompe peut-être mais regarder un film pendant une heure ou une heure et demie, ou trois séries télé d'une demie-heure, ce n'est pas la même chose que de jouer pendant 1/2h ou 3/4 d'h... Pour tes yeux, pour ton attention, je crois que c'est mieux de regarder les films bien installée dans le séjour et sur grand écran... Tu en profiteras d'ailleurs beaucoup mieux. D'accord ?
- D'accord.
Comme il est l'heure du repas, on éteint tout ça... et c'est réglé pour le moment.
L'après-midi on se remet à nos ateliers couture.
On essaie quelques points avec un dé, mais nous ne trouvons pas la taille requise Même rembourré de sopalin, le dé ne pense qu'à se barrer...alors on abandonne. Surtout qu'il y a déjà fort à faire dans la maîtrise de l'aiguille et des points... Pas tout en même temps non plus. Radio-suisse-classique diffuse une musique baroque joyeuse et on jacasse.
On parle de poissons, de mer. On dérive sur le musée océanographique d'Antibes. On s'accorde une pause enthousiaste pour une visite guidée sur le site Internet. Juste un p'tit quart d'heure. Nous décidons que nous en parlerons avec ses parents, l'idée d'y faire un saut toutes les deux aux prochaines vacances nous séduit.
- Guillaume, il est trop petit. Mais est-ce qu'on pourrait emmener Maman ?
- Pourquoi pas ! On en parlera avec tes parents. D'accord ?
Elle s'échappe vers la balançoire, elle hurle des chansons. Ça c'est du défouloir !
Plus tard on s'attelle à la préparation du dîner festif prévu pour Laurent. Dorine emballe le cadeau,
elle décore l'emballage.
C'est fou le boulot qu'on abat avec elle.
On passe une super soirée au frais sous la tonnelle, on délire un peu mais pas trop,
et puis bien entendu on se couche très tard... aïe, aïe, aïe. Mais non, pas aï.
Pour tout le monde otpion grasse matinée demain, 9h30 ?
10h ? Oui ça paraît bien 10h 00 !
"C'est trop bon les vacances" parole de Dorine.