Lundi 6 août 2012
Premier séjour prolongé de Guillaume à Velaux. Nous ne sommes pas certains qu'il voudra rester tout seul avec nous. Il nous connaît si peu. Nous pensons que si un enfant a du mal à quitter son doux cocon, nous aurons plus de facilités à distraire son chagrin dans la dynamique d'un départ en vacances... Donc nous allons, comme c'est convenu, chercher Guillaume chez ses parents à Maubec dans l'après-midi.
Bonne surprise. Guillaume nous attend avec impatience. Du haut de ses quatre ans, il assume ce départ. Les parents ont bien assuré le transfert. Il parade avec son sac, qu'il a bien du mal à soulever, mais c'est pas si peu de chose qui va déranger son enthousiasme. On calme un peu son ardeur, juste le temps de boire un café. On jase... Le gamin s'impatiente, s'approprie Laurent qui le suit dans sa chambre, puis revient avec nous. Nouvelle charge du petit. C'est sa maman qui réagit.
- Guillaume, on parle entre adultes, Papilo tu l'auras pour toi tout seul quand tu seras à Velaux....
Discours lucide mais qui ne convient pas au p'tit homme. il se planque dans une chambre pour bouder, mais nous ne nous en rendons compte qu'une bonne demi-heure plus tard. Au moment du départ, Guillaume reste invisible.
Bien entendu, il n'a pas dit son dernier mot. Il est fâché contre Papilo qui ne voulait plus l'entendre, donc il n'ira pas à Velaux, na...
En voilà une représaille qu'elle est bonne. Je suis toujours estomaquée par la facilité des petits à nous déstabiliser, à mettre en vrac nos plans si bien menés... je laisse les parents négocier, discutailler, permettre au gamin de s'enliser dans son refus... Finalement, il me semble que ce petit jeu a assez duré. Guillaume est mécontent, il l'a exprimé, nous l'avons entendu. Tout va bien. Passons aux choses sérieuses. J'interviens sur un ton joyeux, (je ne sais pas si c'est la bonne manière, il veut peut-être qu'on le prenne au sérieux, lui ?)
- Bon Guillaume, c'est pas compliqué. On voulait t'emmener à Velaux, mais y'a rien d'obligé. Maintenant Laurent et moi on s'en va. Puisque tu ne veux pas venir, on part avec Dorine comme ça on ne sera pas venu pour rien. Youpi !
Dorine, saute de joie en criant depuis la cuisine "Oh oui, super ! "
Il n'en faut pas plus pour que Guillaume bondisse de son refuge en braillant
- C'est moi, c'est moi qui pars en vacances...
Embarquement immédiat, dans la joie et la bonne humeur. S'il a bien une qualité remarquable ce petit Guillaume, c'est qu'il n'est pas rancunier pour deux sous. Ouf, on a échappé au premier conflit ouvert. Je dois bien l'avouer sous mes dehors confiants depuis trois jours, j'ai bien des inquiétudes...
Il faut savoir que Guillaume on le connaît vraiment peu. Tout comme Shana d'ailleurs. Nous ne les fréquentons qu'à travers leurs parents. Lorsque les petits sont mêlés à nos comportements d'adultes, les parents laissent filer pas mal de choses, normal on est en famille, on s'lâche, relâche, quelque peu. Ce qui signifie que la bride étant souple les petits loustics qui sentent ce "mou", tire dessus... Du coup, ils sont très exigeants quand nous sommes rassemblés, voire carrément chiants quand ils s'en donnent la peine. Les rapports sont complètement faussés par notre présence. Nous ne savons pas comment se vivent les relations des parents seuls avec leurs enfants. Nous ne connaissons pas vraiment leurs enfants aussi longtemps que nous ne les fréquentons pas tout seuls. Nous allons donc apprendre Guillaume.
Dans la voiture il chantonne. Un soudain silence, une question amenée tout en douceur. Elle doit être importante.
- Maminou, c'est quand que je serai grand ?
Fichtre, en voilà une question. Je mouline à cent à l'heure, (tant pis pour les radars intellectuels)
- Heu, je crois que t'es déjà un peu grand non ?
Silence à l'arrière. J'insiste.
- Mais quand tu seras dans la section des grands à l'école tu seras un peu plus grand. Quand tu apprendras à lire, à écrire, que tu seras à la grande école, tu seras encore un peu plus grand. Chaque jour tu deviens un peu plus grand...
- Oui, mais ce sera quel jour ?
Zut alors, y'a sept jours dans la semaine.
- Ben, si tu te mesures un lundi, le lundi d'après tu verras que tu as grandi. Oui, un lundi ça me paraît bien !
Je ne trouve pas mieux dans l'instant. Faudrait qu'on parle d'autre chose, sinon je vais lui demander pourquoi il veut grandir. Parce que voyez-vous, je suis surprise, c'est encore un peu un bébé par bien des aspects ce petit, alors sa préoccupation de "quand" il va être grand. Est-ce vraiment un souci de bébé ça ?
Oups, diversion !
- Guillaume tu sais ce que c'est les radars sur la route ?
- Oui, j'en ai un, en jouet.
Je n'y pensais plus, il me l'a même montré, miniature mais il fait des vrais flashes. Si ça se trouve quand il sera en âge d'avoir son permis "y'en aura plus" ou "y'en n'aura plus", des radars (toute la finesse grammaticale de la langue française, dans cette incertitude). Pour le moment,on joue à celui qui détectera le prochain radar (au niveau de Cheval-blanc avant les gorges du Régalon sur la D32 pour ceux qui passent par là) Je repère le panneau qui l'annonce, mais c'est lui qui voit la boîte grise.
- Super on n'aura pas d'amende.
Étonnement de Guillaume.
- Dommage, moi j'aime bien les amandes, t'aimes pas toi, Papilo ?
La discussion dérive sur l'utilisation des amandes, sucrées, salées et nos préférences réciproques... jusque dans le couscous ou la truite... Mais, si on met des amandes, on enlève les arêtes ? On ne parle pas de l'amende que nous avons évitée.
À la maison, il s'installe dans la chambre, nous vidons ensemble son sac sur une des étagères du placard et la peluche trône au milieu des maillots et des shorts... Quelques cabrioles sur le lit, histoire de faire connaissance. Ensuite lecture de Bambi, c'est Laurent qui lit, c'est moi qui mime... Je grelotte sous le doudou l'hiver. Je fais de l'oeil à bambi façon Féline. Je tape du pied quand Panpan est mécontent et je boxe Renaud ce petit freluquet prétentieux. Non, mais, qui c'est le super bambi dans cette maison ? Je débloque à fond et perturbe quelque peu la lecture de Laurent qui me fait les gros yeux.
Il faut voir s'illuminer Guillaume pour mesurer l'ampleur du bonheur que nous partageons en ces instants là.
Après le repas, je propose un p'tit tour dans la colline. Question d'enfant ?
- En voiture ou à pied ?
- A pied mais c'est toi le pilotes. D'accord ?
Il rigole, il n'a pas compris ce que je voulais dire.
Il trouve le temps long pendant que je range la vaisselle et la table. Ouf enfin, on sort. Il prend soin de fermer le portail, (bien plus soigneusement que nous)
- Allez Guillaume on va là où tu nous dis d'aller, à gauche, à droite où tout droit. C'est toi qui décides.
Il passe devant et se tourne vers nous. Il a déjà le choix de la direction. Question.
- Au fait, tu sais où c'est le côté gauche ou le côté droit ?
Pas de réponse mais aussi sec, il tend le bras à gauche. J'insiste,
- donc à droite ou à gauche.
C'est un peu perfide mais intéressant, et puis ça fait partie du jeu. D'ailleurs Guillaume a accepté les règles.
- À gauche, qu'il répond, et ça le fait rire.
Nous voilà lancés derrière notre guide. Le long de la route, il marche scrupuleusement sur le trottoir et me corrige si je frôle le rebord. Puis il choisit le premier chemin de traverse qui se présente. Et nous voilà sinuant en file indienne derrière Guillaume, qui s'arrête et réfléchit longuement avant de virer.
Il se concentre, se gratte les cheveux, exactement comme Laurent, j'adore. Il joue à être indécis.
"à gauche ... par là... non attendez, plutôt par là." Et son regard brille d'une sympathique étincelle. Des fois, il hésite entre les mots, gauche ou droite... C'est pas facile à gagner cette nuance là. Quand il n'est pas sûr il montre avec le doigt. Et Papilo lui dit le mot juste.
On fait bien des tours avec lui, à travers des espaces d'arbres, dans les allées entre les maisons.
Il nous fait crapahuter à travers des pentes de caillasses ou d'aiguilles de pins... Une côte un peu raidasse, il se rétame dans les cailloux et descend malgré lui sur le derrière. Il est très vexé et se relève tout rouge et le sourcil mauvais. Laurent l'appelle, surtout pas lui laisser le temps d'être de mauvaise humeur.
- Au secours, Guillaume, si je fais comme toi, je vais déchirer mon pantalon, faut qu'tu m'aides.
Guillaume si facile à solliciter, se précipite vers le Papilo en perdition.
Il vient ensuite vers moi, j'avoue que j'hésite à descendre avec mes tongs plutôt casse-binette. Je lui confie l'appareil photos. Je descends avec mille précautions. Guillaume me montre où poser mes pieds. Au moment où je vais sauter, il me tend courtoisement la main. Que serions-nous devenus sans lui ? Merci jeune homme.
Il semble que Guillaume n'aime pas les rues faciles, droites et sans mystère. Il choisit toujours les plus petites allées, les plus sombres, les moins évidentes. C'est un gamin, curieux et courageux. Mais on papote et lui, il avance. Je crois qu'il se fatigue. Plus d'une demi-heure qu'on crapahute sans pause. Il choisit un chemin qui remonte.
- Pourquoi tu remontes.
- Parce que je veux rentrer à la maison.
Il a donc repéré qu'il était descendu et qu'il fallait remonter pour rentrer. Et moi, je trouve que pour un p'tit bonhomme de quatre ans, il a bien de la suite dans les idées. Par des traverses différentes, il nous ramène chez nous. C'est vraiment un excellent marcheur. On a crapahuté plus d'une heure d'une traverse à l'autre, en descentes et en montées.
Il s'est juste trompé quand nous étions en dessous de la maison. Nous lui avons montré le portail sur sa gauche. Oh le joli sourire que je garderai toute ma vie en tête quand je penserai à lui, et sa manière de se couvrir la bouche pour cacher sa confusion.
- Ah que je suis bête, j'avais pas vu !
Du coup, le soir, il paraît exténué. Brossage de dents accéléré et il se glisse tout content dans ses draps avec Doudou... Minute intime, puis la lumière s'éteint sur son joli sourire plein de confiance. Il est 21h 30
Mardi 7 août.
Réveil de Guillaume à neuf heures. Il est bien reposé, la journée l'intrigue. On lui a parlé hier de Bambi 2, qu'il pourrait regarder après la sieste, pendant qu'il fait encore bien chaud dehors. Pour le moment, c'est le matin. On reprécise tout ça. Pas de problème. Le comité des fêtes de Velaux, organise des jeux sur la place. On va aller voir. Mais nous sommes déçus. Il s'agit de ces châteaux forts gonflables à la mode, où des hordes de gamins se bousculent et se piétinent, les entrées sont limitées à 8 mais les grands sont trop violents... Enfin je crains. Et je crains juste. Guillaume qui avait grimpé avec joie, s'est vite pris un coup de chaussette dans les dents, et ça l'a dégoûté. En plus il a mal à la bouche. Il ne pleure pas, mais je le sens désolé. J'ai de la peine pour lui.
- A la maison, j'ai une crème magique pour les coups sur la bouche, je t'en mettrai en arrivant. Tu me feras penser.
- Oui,
un peu crispé, mais c'est tout de même oui. Pour le consoler on décide de faire une pause jus d'orange au bar... En même temps faire une pause au bar pour consoler un bambin, je ne suis pas certaine que ce soit bien judicieux. Sauf qu'on a vraiment soif tous les trois. Mais le coeur n'y est plus. Pas terrible les jeux pour les enfants. On n'ira plus.
Au retour, je lui récupère la vieille collection de voitures des enfants, les légos... (entre 35 et 40 ans d'âge). Il y a aussi une foultitude d'animaux de ferme... De quoi créer ce qui fera plaisir. Aussi sec notre monde se transforme. Selon ses conseils, je découpe du papier alu pour faire une mare aux canards. Il le colle sur un fond de boîte fromage avec les bouts de scotch que je lui passe. Ah elle a de l'allure notre mare aux canards. On y trempe même nos orteils pour rigoler, et Guillaume m'éclabousse.
Il joue une bonne heure tout seul en chantonnant. La joie de vivre en personne notre Guillaume. Il chante tout le temps.
Une bonne sieste spontanée et un goûter gastronomique qui l'enchante, cône glacé (nougatine-vanille), j'y ai pensé à cause de de la discussion d'hier à propos des amandes.
- Dis Maminou, je pourrai voir Bambi 2.
Hé oui, chose promise ! Et justement c'est une belle histoire sur Bambi qui devient grand. Ça tombe bien je trouve. Peut-être qu'il trouvera de l'écho à ses questions sur son propre grandissement. Je reste un peu avec lui. Il me jette régulièrement des regards enchantés, sollicite mon approbation quand ça se corse et que Bambi est félicité par son père, quand Bambi se fait disputer, Guillaume me regarde avec un petit sourire soulagé, ouf, Bambi aussi, il se fait disputer.
Ensuite séance arrosage avec Laurent. qui se prolonge jusqu'à l'heure du repas. Guillaume a trouvé le petit arrosoir. Il remplit le grand avec le tuyau réglé au minimum de débit, et il transvase le grand dans le petit. La manip me paraît bien compliquée mais elle est menée avec beaucoup de soin et de passion. Tant pis pour les nu-pieds, ils sont prévus pour ça. Dans la foulée il arrose les dalles, ça va probablement leur faire un bien fou.
Dix-huit heures. Pendant que repas du soir mijote, je tente un jeu intellectuel sur le thème de Nelly et César. Il s'y colle vite et on joue de bon coeur. Il faut dire le mot représenté et la couleur si on a la bonne carte avant de la poser. Ce jeu est difficile, car il n'est pas au point phonétiquement parlant notre petit, mais ça s'arrange. Il est de bonne volonté, et il a tant de choses à exprimer. Bien entendu il gagne, et chantonne aux animaux de la ferme sur tous les modes, "j'ai gagné, j'ai gagné"...pendant que je finis de préparer le repas qui est franchement bien gai.
21h 30, Nous avons décidé d'accompagner Laurent qui doit filmer un lâcher de ballon pour les enfants du village. On se mêle à la foule qui s'est rassemblée au stade pour partager cette opération grandiose. Chacun son ballon. Sage précaution, car dans un mouvement malheureux Guillaume fait péter le sien. C'est rigolo sa petite moue de déconfiture. Je lui confie mon ballon. On s'assied par terre, marre d'attendre. Faut dire que c'est trop long. Les ballons ont envie de s'échapper, y'en a pas mal qui explosent. Et puis le haut parleur lance le décompte. Tous en choeur on décompte jusqu'à l'instant fou.
Tous les ballons s'envolent dans le clair-obscur. C'est vraiment chouette, celui de Guillaume est absorbé par la masse colorée qui monte, qui monte, se rassemble dans une même mouvance multicolore, parole , ils volent vers Maubec...
Les lumières du stade s'éteignent et le feu d'artifices est envoyé avec grand fracas.
Nous nous reculons à l'arrière du stade, nous sommes dans un vaste espace quasi vide. On s'assied par terre, les enceintes sont plus loin et nous cassent moins les tympans. Mais le bruit des feux qui pétaradent est impressionnant. Guillaume est captivé, les lumières nous tombent dessus de tous les côtés. On est vraiment au milieu de cette débauche de lumière et de mouvements. C'est magnifique. Je me rends compte que Guillaume a complètement oublié où il se trouve, avec qui, il est complètement immergé dans le ciel qui explose de lumières.
Quand le silence retombe, que la nuit nous enveloppe et que la foule commence à bouger, nous restons un moment assis tous les deux à l'écart. On ne dit rien, on attend que le calme revienne en nous et autour de nous. C'est un moment très agréable. Puis on se bouge, faut aller à la recherche de Laurent qu'on retrouve à la voiture. Ouf !
Du coup, c'est un coucher vraiment tardif pour ce soir.
Mais il mène une vie de patachon ce gamin à Velaux. Heureusement que ce sont les vacances. Je vais jamais oser le raconter à ses parents... !
Mercredi, Guillaume apparaît tout souriant à dix heures du matin. Premier rappel du jour. Il a choisi hier une carte postale pour sa soeur et faudra pas oublier de l'envoyer. (d'accord Maminou !) Il se souvient aussi que nous lui avons promis la mer, alors sitôt avalé le yop à la vanille et un morceau de pain, on récupère dans la caisse "à jouer" (toutes les reliques des papas) des formes en plastique, un petit entonnoir, une petite passoire en inox qui a déjà bien vécu, une cuiller en bois. Papilo trouve sur son établi un pot de fromage vide recyclé en seau (y'a une anse).... On devrait avec ça maîtriser le sable humide.
Il y a du monde à la plage du Rouet, mais pas tant que je craignais. Guilaume va peu dans l'eau. C'est un peu hostile, il n'a pas ses brassards et il boit la tasse. pouah l'eau est vraimetn trop salée ici. En plus ça pique les yeux. Ça lui suffit. Il se lance dans des manipulations de sable. il empile, il transvase, il fait des multitudes de va et vient entre la bord de l'eau et son coin de sable. Inlassablement.
Plus d'une heure qu'on rôtit en plein cagnard, malgré les chapeaux, la crème solaire et les polos qu'on a gardé sur nous. Le coup de chaleur est à craindre pour tout le monde. L'ombre nous fait vraiment rêver Laurent et moi.
Je me rapproche de Guillaume.
- Tu fais quoi là ?
Il me montre des trous alignés qu'il remplit consciencieusement.
- Ça ! tu vois bien !
Évidemment. que je suis gociche. Je reviens à la charge.
- Il est un peu tard.
Silence dans le sable, faut dire qu'on est hyper concentré dans l'action. J'insiste.
- Il va falloir qu'on rentre, t'as pas un peu faim ?
- Non, j'ai pas faim (réponse ferme sans se déconcentrer de ses alignements de sable tamisé)
Message envoyé, message reçu. Laissons lui le temps de digérer l'informaton. Il continue son boulot de trous alignés. Je retourne m'asseoir. Nous patientons encore un petit quart d'heure. Et puis, Laurent et moi, nous nous levons pour commencer à ramasser nos affaires.
Je retourne vers Guillaume qui monte un gros tas de sable humide maintenant. Pas trop tranquille de le déranger en plein dans sa création, mais si j'attens qu'il ait fini.... J'y vais en douceur.
- Tu veux bien m'aider à rincer tous tes outils pour qu'on puisse les ranger dans le sac ?
Un grand sourire. Il interrompt son travaill. Il prend son seau.
Zut,il m'ignore, il n'est pas d'accord ? Il se dirige vers la mer, il se penche dans les vagues. Je vais le rejoindre. Lorsque je suis près de lui, il me tend son seau propre, il repart vers son tas de sable et prend la passoire, j'attends.
Il la rince et me la donne. Ainsi tranquillement, gentiment, en prenant son temps, il rince un à un ses jouets avant de me les donner. C'est pas inespéré ça ?
- Ben dis-donc, ils n'ont jamais été aussi propres les outils de plage. Heureusement que t'es venu.
J'ai franchement envie de lui faire plaisir parce que je le trouve extraordinairement accommodant ce petit.
- Qu'est ce qu'on pourrait manger à midi comme légumes, je sais pas trop. Il lève la tête en haussant les épaules. Il s'en moque complètement du repas de midi. Ce qui l'embête c'est que son polo est trempé. Je l'enroule dans une large serviette, et là, il se sent vraiment bien.
- Je peux rester comme ça dans la voiture ?
- T'es même obligé, j'ai pas d'autre vêtement sec.
- Tout nu ?
- T'es pas tout nu, t'es emballé dans une serviette.
Il est mort de rire, et s'installe confortablement dans son siège.
Ce problème étant réglé, je reviens à la question repas pendant que Laurent range nos affaires dans le coffre, et reprend le volant.
- On peut faire des pâtes, de la purée, des carottes, du riz, des courgettes. C'est toi qui choisis aujourd'hui, mais c'est exceptionnel, alors profites-en ?
- Des frites !
- Top là, pour les frites. J'en fais jamais, ce sera l'occasion. C'est Papilo qui va être content.
Et là, je vous dis un truc que j'ai découvert par hasard et grâce à Guillaume. Je disposais de pommes de terre cuites à l'eau. Je les ai découpées en cubes et je les ai fait frire comme des frites. C'était bien meilleur que lorsqu'on les cuit crues. Parce qu'elles sont déjà imbibées d'eau donc prennent moins de graisse et rissolent tout aussi bien.
C'est pas un menu de régime pour autant, mais ça limite l'in(di)gestion de graisse
Quant à Guillaume bien repu, je crois qu'il a un peu sabordé sa sieste. Je l'ai entendu chanter et raconter des histoires pendant au moins une demi-heure. L'arrivée imminente de ses parents et de sa soeur doit le rendre fébrile.
Je croyais qu'il allait me demander un cône pour le goûter, ça m'aurait embêtée, parce que je ne voudrais pas que la crème glacée se systématise pour le goûter. Mais pas du tout, il a choisi l'option kinder bueno, jus d'orange et une pêche que je lui ai épluchée et détaillée en dés. Et p100uis, c'est tellement bon de manger les cubes de fruits avec les doigts, hein José ?
Nous avons eu le temps de jouer un peu, très calmement, un jeu d'observation et de transposition de formes, il a bien aimé. Sa concentration est remarquable. Quand il ne trouve pas, il cherche, jamais il ne s'énerve. Je suis vraiment épatée par certains aspects de sa personnalité.
Nous étions installés dans le bureau. Laurent bidouillait sur son PC à côté de nous. Il a voulu se pencher pour attraper un truc, le siège a glissé... Et Laurent s'est retrouvé le cul par terre, la tête sous son bureau.... Oh la franche rigolade, aux larmes...Souvent quand je ris avec les petits, c'est par solidarité, pour pas gâcher leur plaisir, mais ce n'est pas vraiment sincère. Je l'avoue je ne suis plus trop réceptive à l'humour des enfants. Mais quand je rigole avec Guillaume, il y a quelque chose qui se libère. Il m'embarque dans son rire généreux, j'adore vraiment ça. Je ne me souvenais plus que c'était si bon de rire avec un petit. Nous avons passé tellement de temps à rire avec Guillaume que je me demande aujourd'hui pourquoi quand nous sommes tout seuls Laurent et moi, on ne prend pas la vie avec cette bonne humeur là. On ne prend pas le temps de débloquer, de se raconter des délires... Va falloir qu'on s'entraîne, à force de fréquenter des adultes trop sérieux, nous avons perdu ce petit grain de folie propre à l'enfance. Dis Laurent c'est quand que tu m'embarques dans ce jeu là ? C'est important pour moi d'avoir pirs le temps d'être avec Guillaume, à temps complet, sans le prisme de la famille ou des obligations éducatives. Ni Laurent, ni moi , n'avons pris en compte sa réputation de gamin boudeur et colérique. Nous avions décidé de ne pas donner prise aux conflits ouverts, de ne pas entrer dans des négociations interminables, que les gamins adorent car la plupart du temps, ils ont le dernier mot. Ils sont bien plus malins que nous à ce jeu-là.
Nous avons vite compris que Guillaume n'aime pas être contraint, il n'aime pas être pris au dépourvu, il n'aime pas être dérangé au milieu d'une action. C'est un enfant qui finit toujours ce qu'il entreprend. C'est une qualité exceptionnelle pour un si petit bout d'homme et nous respectons ça infiniment Laurent et moi. Lorsque nous devions lui imposer un momment (la sieste-quitter la plage-finir l'arrosage-arrêter la douche...) on en parlais avant. On lui expliquait comment ça allait se passer, le début, le déroulement et la fin de l'action. Y' a eu aucun problème.
C'était vraiment épatant ces moments avec Guillaume. Nous avons découvert un petit garçon tranquille, joueur, patient, et passionné. D'une gentillesse confondante.
Pause favorite. On est tous les deux dans la cuisine. Il est assis à la table, les coudes sur la table, le visage en appui sur les mains, il me regarde d'un air très sérieux.
- Attends, je réfléchis !
Alors j'attends, je sais que c'est pas du chiqué, que c'est vrai, qu'il réfléchit.
Mais c'est vrai Guillaume, t'es déjà presque grand !