Mardi 14 août 2007.- 40°01,50'N - 04°10,90'E
Réveil grincheux. Pas terrible par houle de Nord/Est, la calla de la Olla. Elle nous charrie les senteurs infâmes de la station d'épuration qui est derrière les immeubles. Plus grave, nous avons été secoués comme des pruniers toute la nuit parce que le vent de terre nous a mis au travers de la houle résiduelle. Elle nous a brassés mollement mais continuellement. Nous avons tous les deux des courbatures. On se tient le dos de traviole et on marche comme des petits vieux. Cassons-nous vite avant de retrouver nos vertèbres en miettes.
Levée de mouillage qui ne traîne pas. Les falaises qu'on longe sont vraiment chouettes. Pas un pet d'air, tranquilles au moteur. Nous ne ferons que quelques milles. Un très p'tit tour à Cala Pudenta que nous n'avons pas pris le temps de voir d'assez près hier. Elle nous paraît étroite, encaissée, prisonnière des rochers. Arenal d'En Castell est plus attirante.
Une grande plage de sable, en demi-cercle fermée par des falaises. Ambiance très estivale. Ici la houle de N/NE n'entre pas. Ouf ! Quel bien être de retrouver un mouillage sage et reposant. Quel bonheur d'y décontracter nos vieux os à l'ombre du taud. Images : deux voiliers dans le mouillage plus LDM.
Début d'après-midi, la plage se peuple de parasols.
Quelques canots s'installent à proximité. Les engins de plage commencent à nous tourner autour. Mais c'est plutôt sympa. Pédalos, matelas qui dérivent, bouées colorées... Et puis un engin bizarre, moteur très discret. Tout rond, protégé à la base par un gros boudin. De face, il me rappelle l'ancienne cireuse électrique de Thérèse (enfin sans le manche). De profil on dirait un fer à repasser... Y'en a des rouges, des jaunes, des blancs... C'est très gai sur l'eau. Et alors, ça c'est inouï, à bien regarder leur course, on s'aperçoit que ce sont des engins tamponneurs. Autos tamponnantes aquatiques. J'avais jamais vu ça. C'est mieux qu'à la foire ici.
Mercredi 15 août.
Quelle nuit sympathique. Quelle ville agréable. Nous avons trouvé un supermarché très bien équipé, de fruits, légumes et surtout viande fraîche. Les boucheries sont quasi inexistantes partout où nous nous sommes arrêtés. Et souvent le choix en produits frais est restreint et peu alléchant. Quant au pain... Celui du bord est nettement meilleur. Donc je projette pour un de ces jours, grâce à nos achats, une méga ratatouille, et pour ce soir, des spaghettis bolognaises, des vrais comme à la maison avec de la vraie viande... Pour le dessert des vrais fruits qui on l'air juteux et savoureux... Y'a des jours comme ça où on nage dans l'opulence.
Nous avons fait un long tour ce matin. Déposé l'annexe contre les rochers au bord de la plage encore déserte. Tout le maquis qui borde la côte est destiné à un immense projet de résidences, les routes d'accès sont bétonnées, les parcelles déjà tracées. "Bonnin-Sanso, s'affiche partout, c'est le grand manitou de l'urbanisation de Minorque. En attendant qu'il finisse de tuer le paysage, l'accès le long des falaises est encore possible. Nous avons donc crapahuté vers l'Est, de l'autre côté de notre baie. Nous dominions l'entrée d'Addaya, avec la grande île et la petite île, et sous nos pieds le village de Na Macaret.
C'était marrant de voir tout ça depuis la terre. Nous aimons bien les villages avec leurs maisons trop blanches. Même les toits sont blancs. Franchement, teindre les tuiles en blanc, c'est une bizarre idée, mais il faut l'avouer c'est très seyant à Minorque. Je délire un instant en imaginant le mec qui rénove le blanc de ses tuiles, debout sur le toit en brandissant un pistolet à peinture...
Allô Saint Météo... Le Mistral de Provence et Lion fait rien que nous embêter. Nous revoilà avec une promesse de Nord Est violent dès demain. C'est fatal, nous n'avons pas le choix. Retour aux abris. Mahon, ça nous paraît bien comme choix. C'est devenu familier, un peu comme chez nous. Et puis c'est la capitale. Avec un peu de chance nous y trouverons l'hélice idoine et plus sûre pour le hors-bord.
Jeudi, 16 août 2007.
Nouveau départ en douceur et à la voile. Je n'ai pas eu le temps de tester les cireuses tamponneuses. J'aurais bien aimé faire un p'tit tour de ce manège là. Si je peux, je reviendrai à En Castell rien que pour ça. Nous avons été très sérieux hier. Nous avons profité de la sérénité de notre mouillage pour gratter la coque (sous-marine) de LDM qui promène la mousse de Martigues depuis trois semaines à travers la méditerranée. Moi, je cramponnais l'annexe contre le bateau et Laurent à plat ventre dans le fond du canot, avec le balai brosse récurait sous l'eau. Rude boulot, mais quelle révolution dans notre allure. Aujourd'hui au départ, petit vent de NE (il arrive comme promis), on affiche huit à dix noeuds à l'anémomètre, vitesse moyenne plus de six... Les falaises se déroulent sous nos yeux, plus haut les étendues désertiques du bord de mer. De la solitude, du calme et de la volupté. la mer commence à se bosseler mais nous fendons la houle avec enthousiasme. Un excellent moment de navigation comme je les aime. Pas pressée d'arriver à Mahon.
Paragraphe culturel, clin d'oeil pour José et tous les accros de la mayo... J'ai lu dans un livre que parmi les différentes guerres entre Français et Anglais pour s'approprier Minorque, Richelieu en 1756 ayant été vainqueur fit servir à Paris un banquet pour fêter ça. Son chef cuisinier fraîchement débarqué de Minorque accommoda pour ce festin une spécialité minorquine, savoir-faire importé de Mahon, "la mahonesa", genre d'aïoli locale, qui devint notre mayonnaise.